mardi 28 mai 2013

L'institution (Binet)


J'ai dernièrement prêté plusieurs BD à des amies, et j'ai remué le tas qui traine dans la chambre, tombant sur plein de volumes que j'avais délaissés et qui méritaient bien une petite chronique dans la roulotte. Alors commençons avec un petit ouvrage d'humour (en ce moment c'est le temps idéal pour rire) mais qui en même temps peut avoir des côtés touchant, et qu'on lit avec un grand plaisir et le sourire au lèvres en pensant que cette BD, c'est le début d'un des grands dessinateurs de la bande-dessinée française : Binet, et son Institution.




Binet, c'est le genre d'auteur qu'on connait sans le savoir. En effet, c'est le génial inventeur de la famille de beauf crétin et gros typique, caricature de la France profonde (et profondément stupide) : les Bidochons. Si vous ne connaissez que de nom, je vous invite à lire cette BD qui est juste excellente tant elle représente la stupidité et la connerie d'un couple à l'état pure. C'est presque incroyable aussi quand on croise des Bidochons dans la vraie vie, ce qui arrive d'ailleurs plus souvent qu'on ne le pense (et je vise surtout les vacances là dedans). Enfin bref, cet auteur qui a participé pendant très longtemps (et participe encore il me semble) à Hara-Kiri, est un véritable caricaturiste, croquant avec mordant la société et ce qui l'entoure.

Mais Binet s'est aussi penché sur sa propre vie, et revient sur ses années de jeunesse avec cet album, dans lequel il parle de l'école dans laquelle il fut envoyé par ses parents. Un institut religieux dirigé par des abbés, dans lequel les enfants vivent toute la semaine, et dans lequel ils reçoivent un enseignement moral, religieux, et également scolaire. Et bien évidemment, tout n'est pas rose dans ce genre de maisons.
Binet à découpé l'ensemble du livre en petit chapitre, quasiment tous drôle (je crois qu'il y en a un ou deux dans lequel on ne peut pas vraiment rire, le propos étant plus émouvant et sérieux). Et quand je dis drôle, c'est vraiment drôle. On se marre, de Binet, de ses camarades, de ses profs, des situations, et même des autres institut, dans lesquels on a aussi des personnages hauts en couleur.

Pour le dessin, je ne dirais pas grand chose, sachant que Binet à un trait bien particulier, qui est au choix, on aime ou on aime pas. Personnellement je pense qu'il est bon, permettant largement de comprendre ce que l'auteur veut transmettre, et les personnages sont très reconnaissable, quoique les gamins aient un peu les même têtes si on ne remarque pas les détails. Cela dit, ce n'est vraiment pas très intéressant de les différencier, tous sont des gamins qui aiment rigoler, s'amuser, et qui aiment aussi emmerder les profs, mais savent leurs faire plaisir, ont leur petits tracas.
Binet fait d'ailleurs le tour des tracas des enfants, de l'amour jusqu'au spectacle de fin d'année, avec des profs qui peuvent être sympa malgré qu'ils soient des curés, des profs qui sont justes mauvais et d'autres bon. Et le tout est servi par un humour qui est juste des plus délectable, Binet faisant mouche à chaque coup. On ne peut que admirer cette profusion de gags, qui vont vous faire marrer jusqu'au bout. Le tout suivant l'année, avec des souvenirs épars qui vont se mettre bout à bout, jusqu'à la fin de l'année. L'ensemble est caustique à souhait, et on comprend que Binet n'aime pas beaucoup la gente catholique.


En résumé, cette BD est un excellent exemple de BD humoristique, caustique à souhait et prenant comme base le passé de Binet, avec une excellente représentation de l'univers de ces instituts religieux de l'après-guerre. Le tout est très bien mis en scène, avec plusieurs passages peu glorieux pour un Binet se mettant en scène. Ce n'est pas une histoire construite et complète, mais des souvenirs épars de ce qu'on conserve de sa vie d'enfant. Et celle-ci fut assez remplie, vraiment incroyablement drôle. Binet sait croquer les gens, et dans le genre je pense que c'est une des BD qu'il faut lire.

(Chronique n°49)

dimanche 26 mai 2013

Soie (Alessandro Baricco)

Il y a des livres, leurs lectures relève d'un incroyable concours de circonstances. Je dois dire que celui-ci est un exemple type du genre. Je dois avouer que je n'en avais jamais entendu parler avec le challenge "Roman culte", et qu'il ne m'évoquait absolument rien. Cependant le titre semblait sympathique, et je me suis dit "pourquoi pas ?". En regardant un peu sur le net, je me suis rendu compte que ce livre était très court et en plus vendu en occasion à des prix défiants toutes concurrence via le site Amazon. J'ai sauté dessus sans trop me poser de questions. Après tout, n'est-ce pas un roman que l'on qualifie de culte
 Je l'ai acheté et ajouté à ma table de chevet. Sur la grosse pile qui ne cesse jamais d'enfler, tel un tonneau des Danaïdes inversé. Ma mère me l'avait emprunté pour le lire rapidement et m'avait dit qu'il n'était pas extraordinaire. Je l'ai réservé du coup en lisant tranquillement d'autres choses. Finalement, je viens de finir aujourd'hui Dracula de Bram Stocker, avec un petit gout d'amertume en bouche par rapport à ce qui était si souvent vantée. Du coup, je me suis rabattu la-dessus, me disant qu'au pire il serait de toute façon court. Une demi-heure plus tard je l'avais fini et je m'installais à ma chaise de bureau pour faire cette chronique. Je suppose qu'en voyant la colonne de droite vous avez déjà compris. Mais je le fais tout de même.


Résumé en trois mots : Japon, Voyage et Amour

Je dois bien dire une chose, c'est que pour bien lire un texte il faut se mettre en condition. Et lorsqu'on est en train de lire il faut avoir le choix de la bonne musique. A force je commence à connaitre certaines pistes : pour de la science-fiction, Vangelis passera sans souci. La fantasy avec Marillion, le fantastique avec Pink Floyd, Mike Oldfield quand on ne sait pas trop quoi mettre d'autres, et pour l'horreur, les bandes originales sont le mieux ! Le classique se coule partout, c'est selon ce qu'on lit. Éviter les chansons en langues qu'on comprend. Et surtout, privilégier un timbre de voix en adéquation avec le propos.
Si je vous dis ça, c'est parce que je pense franchement que Sarah Brightman passe parfaitement avec ce livre, sans doute un des éléments qui m'a fait aimer le livre aussi fortement. En tout cas le mariage est plus que délicieux.

Ce livre est assez impressionnant à lire. Je ne savais pas le moins du monde à quoi m'attendre en ouvrant les 140 pages de ce que j'appelle un "livre minuscule". Et puis je me suis plongé dedans, avec ces 65 chapitres qui découpent le récit et l'accélèrent encore un peu plus. On progresse très vite dans le récit et la narration accélère encore ce propos. L'ensemble est lu à une vitesse incroyable, et pourtant le voyage va sembler lent et tranquille, à l'opposé de ce que donnera le même usage dans un Running Man de Stephen King. La forme est assez proche, mais le fond non.

Ce roman à une sonorité particulière. Je sais que cela parait totalement absurde de parler de fond sonore lorsqu'on lit, mais dans ce genre de récit on se rend compte qu'il existe. Et c'est très personnel. Chez un Stephen King, c'est l'auteur qui nous raconte tout avec sa voix off. Il commente, dissèque, expose tout sans concession. Gaiman aussi à une voix off, mais interne au récit, la voix d'une personne qui suit le personnage principal, pas l'auteur tout puissant. Il fait plus de mystères. Dans un Bernard Werber, le ton est carré, posé par les personnages et leur points de vues.
Ce que je veux dire, c'est que selon la voix, le lecteur "entend" plus ou moins de choses. Dans un Werber, les personnages parlent tout le temps, dans leur tête ou en vrai. C'est bruyant. Un Stephen King sait être calme, mais du silence qui précède la tempête. Dans un Gaiman, la voix off semble être un narrateur lisant un texte, comme la voix off d'une radio.
Dans Soie, la voix off est tue. C'est silencieux, c'est calme. Les gens parlent peu. C'est dû à plusieurs choses : la mise en forme, sans un seul guillemet ou ligne blanche entre les dialogues, les nombreux retours à la ligne, la mise en place des termes ... Chacun de ces éléments participe dans le tout à la mise en place d'une ambiance. Et je pense que cette ambiance est primordiale dans un livre. L'auteur à su parfaitement faire dans ce roman-ci.

La narration est externe mais suit un personnage. Hervé Joncour, un homme qui va chercher durant quatre voyages des vers à soie au Japon, les seuls à ne pas être contaminés par des maladies, et qui permettent de faire tourner les soieries de Lavilledieu. Quatre voyages durant lesquels il découvrira plusieurs choses.
Je ne peux pas vraiment en dire plus, il faut lire car ce roman est avant tout une façon d'écrire, une écriture qui nous prend et ne nous lâche que lorsque le livre est fini. Je ne l'aurais posé avant la fin pour rien au monde (pas même ma vessie). Le ton nous entraine sans que l'on puisse arrêter ne serait-ce qu'un seul instant. Lorsqu’on a fini, on pose doucement le livre et alors seulement on reprend pied avec la réalité. Enfin, reprendre pied ... On reste dans l'univers du livre, dans ce monde qui nous a entrainé et ensorcelé. Ce n'est pas seulement prenant, c'est beau. Beau comme un rêve dont on se rappelle.

Beaucoup de choses ne sont pas dites dans le livre, et je crois que c'est un atout majeur. La libre place à l'imagination, à la rêverie, à notre propre cerveau. L'auteur n'impose rien, ne dit rien clairement. A nous de deviner, à comprendre ce que l'auteur souhaite dire, à ce que le personnage pense et ressent. Rien ne sera très clair, mais on comprend toujours intérieurement, et c'est le plus important. Sans qu'on puisse le réexpliquer, il suffira de le faire lire à quelqu'un d'autre pour qu'il comprenne. C'est ce que ce livre à d'unique, il est difficile d'expliquer ce qui est bien dedans. Il faut le lire pour comprendre.

Ce que j'aurais retenu de ce livre, c'est qu'il est beau. Fabuleusement beau. J'ai vraiment adoré, plongé dedans avec délice, je suis resté en apnée durant tout le voyage qui nous fait valdinguer complètement, et puis on ressort, trempé, essoufflé, mais heureux de ce qu'on a vu. C'est sublime comme voyage et j'en redemanderais.
Si le récit semble un peu court, je dirais qu'il est juste parfait, gardant toute sa force. Rien ne vient troubler l'histoire, le récit gardant juste l'excellent. Et la construction est parfaite, usant de répétitions fréquemment, donnant un même mouvement à l'ensemble. C'est presque une mélopée qui nous berce doucement tandis que le voyage continue. Je pense qu'en train, ce récit doit être extrèmement bon.


Pour résume avant que je n'étale pendant deux heures mes impressions sur ce livre, je dirais simplement que j'ai adoré. Je pense que vous l'avez bien compris en lisant le paragraphe précédent, mais je suis vraiment tombé sous le charme de ce livre qui m'était complètement inconnu il y a si peu de temps encore. Une histoire simple et belle, touchante, qui nous ensorcelle et m'a fait vibrer pendant toute la lecture, j'en redemande. Le rythme, la construction, la narration, tout y est (et je salue bien bas la traduction qui a du se donner un mal de chien pour traduire l'ensemble du livre). Bref, tout est parfait dans ce roman je crois. Du début à la fin, j'ai adoré. Il va rentrer en ligne direct dans ma bibliothèque d'immanquable.
Et je finirais simplement par un grand MERCI à Métaphore et à son challenge, sans lequel je n'aurais sans doute jamais lu ce livre.

(Chronique n°48)


Encore une participation. La quatrième

samedi 25 mai 2013

Lœvenbruck, partie 2 : Gallica (Henri Lœvenbruck)


Lœvenbruck, partie 2/2

Deuxième partie sur Lœvenbruck, et dernière également, puisque je n'ai pas lu les autres ouvrages de l'auteur et qu'il n'a pas fait grand chose de plus dans son monde de fantasy si je ne m'abuse. Mais bon, deux trilogies c'est déjà pas mal, je dois bien l'avouer, et quand on les paye aussi peu chère, ça vaut le coup de les prendre (vérifiez sur le net, on en trouve encore). Pour le coup, voyons donc cette suite à la Moira du même auteur, et tout de suite, c'est Gallica !


Ils ne se sont pas trop foulés pour le
coup. Exactement le même dessin et
une autre couleur


Le roman est donc la suite de Moira mais de façon très subtile, puisqu'il ne se déroule pas sur le même continent, pas avec les mêmes protagonistes. En fait la façon de faire est très bien, mais je ne vous la dévoilerai pas, ce serait vous spoiler un tiers du livre (ou plus). En tout cas, le livre est très dépaysant.

Il se déroule dans le royaume de Gallica, qu'on identifie vite comme la France médiévale, en guerre avec le royaume qui symbolise l'Angleterre (lequel royaume est implanté un peu partout en France, notamment dans le sud-ouest). C'est dans ce royaume que nous retrouvons notre héros, Bohem (je ne sais pas pourquoi, mais avec ce nom j'avais l'image d'un gitan en tête), qui a fait une action étant plus jeune. Lors d'une célébration, alors qu'on brulait un bucher avec dessus un loup enfermé dans un sac, il est monté dans les flammes, a saisi le loup et l'a relâché dans la nature, s’écroulant, complètement brulé. Depuis il  porte des cicatrices (en même temps, se jeter dans le feu ...) et est mal vu par sa communauté. Car ici le loup est l'ennemi, on le chasse. Et en fait on chasse toute les Brumes, ces animaux fantastiques qui peuplent les contrées. On les chasse, car l'Eglise les considère comme mauvaises, et tout le monde lui obéit aveuglément. Mais Bohem, dont le père chasse les Brumes, se pose plein de questions. Qui donc à déclaré que les Brumes sont mauvaises ? Ne peuvent-elles pas être également des créatures bonnes ? Poussé par les questions, Bohem va faire sa route après le massacre de son village par des cavaliers. Il recherche des réponses, et trouvera toute sorte de choses.

Le récit souffre ici encore du défaut que j'imputais à la Moira. A savoir, le récit est linéaire. Il n'est pas plat, mais linéaire. Très peu de bonnes surprises ponctuent le roman, et le tout semble à nouveau très téléphoné. Je dois dire que certains détails m'ont fait franchement tiquer. Mais en revanche, il est mois prévisible que son petit frère de Moira. L'auteur à gagné en maturité en écrivant, et arrive à installer plus de suspense, une intrigue qui va évoluer et quelques bonnes idées à nouveau (notamment le Sauvage). Des petites surprises ponctuent le parcours, et dans l'ensemble il y a tout de même un effort qui est fait dans certains personnages (les deux rois par exemples sont bien campés et aucun des deux ne rattrape l'autre). Après certaines gueules restent bien présente, notamment le héros qui est d'une droiture morale et d'un courage digne de n'importe quel film américain. Je le répète, ça ne dérange pas dans la lecture, qui reste fluide, mais au final on a la sensation d'avoir un livre qui aurait pu aller un peu plus loin sur plusieurs points. Là je dois dire que c'est juste sympathique et que l'ensemble fait plutôt fantasy pour ado que récit mature. Je sais que c'est le public visé, mais je suis d'avis qu'on peut faire des récits pour ado mature et un poil plus développé.
Autre point par contre : on perd le côté des loups, et on gagne un point de vue un peu plus politique. Le tout est plus orienté aussi contre l’Église, combat qu'on sentait déjà dans la première trilogie, mais qui est ici poussé assez loin quand même (et en représentant les membres de l’Église comme particulièrement attardés ou méchants). C'est d'ailleurs un peu barbant d'avoir une sorte de "secte du mal" en toile de fond, le récit perd un peu en crédibilité je trouve.

Côté avantage, comme dit, c'est que le récit est tout de même meilleur, avec une construction plus rigoureuse et des idées bienvenues (comme l'implication des femmes, même si c'est assez faible). Des personnages plus profond apparaissent, et plusieurs idées sont développés qui mériteraient d'avoir un traitement plus dense. Le récit reste très lisible et prenant, il se laisse lire jusqu'au bout sans difficulté, mais dans l'ensemble il ne reste pas un immanquable lorsqu'on a refermé l'ouvrage. Et c'est vraiment le gros reproche que je fais à cet ouvrage.

Enfin, dernier point qui concerne la fin. Là encore, on a du bon et du mauvais. En clair, la fin est une porte ouverte pour encore une autre trilogie sans aucun souci, puisque à peu de choses près elle se fini comme la première trilogie ! Pas d'aperçu de la situation ensuite, de ce qu'il en ressort. Le livre s'arrête juste lorsque l'action fini, et j'ai trouvé l'ensemble décevant du coup, car en fait j'ai l'impression que l'auteur ne se soucie pas de son monde après les gros évènements.


En conclusion, on retrouve dans cette trilogie ce qui me dérangeait déjà dans l'autre, tout en conservant et embellissant ses qualités. La série reste bien dans l'ensemble, lisible et même prenante, mais très (trop) simple, d'une écriture qui s'est améliorée, avec des personnages un peu trop basique et une intrigue qui évolue, certes, mais sans jamais surprendre vraiment le lecteur. Il manque encore quelque chose à ce roman pour que je le classe dans la catégorie des vraiment "bon". Là, je me contenterais d'un simple, "oui, c'est pas mal", sans aller au-delà. L'intérêt c'est justement qu'il s'agit de la suite d'une autre série et qu'on y apprend enfin ce qui se passe à la fin de l'autre. Du coup, la lecture est conseillé si vous avez déjà lu la Moira, et si vous n'avez lu aucun des deux, je pense que ça peut être intéressant à lire ou à faire lire à un jeune ado. Mais après, pour les un peu plus vieux, il vaut mieux passer à d'autres récits. Que je lirais peut-être un jour, quand j'aurais du temps libre.

(Chronique n°47)

vendredi 24 mai 2013

Lœvenbruck, partie 2 : La Moïra (Henri Lœvenbruck)

Lœvenbruck, partie 1/2

Nous allons encore aborder un roman de Bragelonne, qui fait toujours d'aussi bonne réedition, et un roman qui fut assez populaire à sa sortie. C'est également un livre que vous pouvez trouver en intégrale, pratique pour éviter de patienter entre les tomes, et qui comporte seulement 780 pages (environ). J'aime beaucoup cette réedition, ça fait assez classe dans la bibliothèque (oui, j'aime bien quand c'est classe dans la bibliothèque). Encore une fois, cette collection et réedition à l'avantage indéniable d'être agréable à lire, avec un texte écrit assez gros. Et puis la couverture douce, le papier de bonne qualité .... Sans rire, Bragelonne fait vraiment de l'excellent boulot dans leurs éditions, c'est tout sauf du foutage de gueule. Pour 10 €, on ne peut pas rêver mieux dans le genre.
En fait, si je dis ça, c'est que absolument tout les romans qu'ils rééditent sont un plaisir total à lire. C'est vraiment génial d'avoir une bonne qualité de livre en main, c'est toujours un plaisir à lire, même lorsque le roman n'est pas de bonne qualité ! On le finit, on le garde parce qu'il est superbe dans notre bibliothèque (en plus les réeditions sont monochromes et de couleur varié, ça fait chouette). Du coup j'avoue que je vais sans doute me pencher sur les prochains et prendre les 10 tomes sortis, quitte à avoir des moins bons (enfin ... Moins bons ....).
Bref, j'aborde donc encore un roman Bragelonne, Messieurs, Mesdames et autres sexes, voici pour vous La Moïra de Henri Loevenbruck !


Résumé en trois mots : Loups, Magie et Jeune fille

Donc voici une belle petite trilogie qui fut publié chez Bragelonne entre 2001 et 2002, ce qui en fait une trilogie vraiment récente, mais qui n'est pas pour autant mauvaise. Pour la petite aparté entre nous, je dois dire que j'avais eu le plaisir de lire les deux premiers tomes étant plus jeune, et je n'ai pas trouvé la suite, ce qui fait que je suis resté pendant plus de huit ans (oui, ça datait vraiment) sans savoir comment se finissait la série ! De quoi rendre énervé toute personne normalement constituée (je ne le suis pas, fort heureusement pour mon entourage). Lorsque j'ai eu en main la réedition, j'ai été surpris en lisant de constater que c'était ce livre que j'avais tenu dans mes mains voila bien des années. Et en fait, je me suis fait un peu chier étant donné que j'ai une mémoire juste prodigieuse, et j'avais tout le déroulement en tête ce qui fait que finalement j'ai dû attendre la fin du roman pour être vraiment surpris. Comme quoi, la mémoire c'est formidable. Bon, j'exagère un peu, mais j'ai eu un plaisir à relire le roman et me remettre en tête les situations que je ne me rappelais plus (mais dans les grandes lignes je le savais encore).
Par contre j'ai une autre série pour laquelle je n'ai lu que le tome un et deux et que j'attends toujours pour lire le tome 3. C'est Le vent de feu de William Nicholson (pas Stan Nicholls, pas lui !), et si quelqu'un aurais la gentillesse de me prêter la série, je serais comblé. Surtout parce que je me rappelle extrêmement bien les premiers tomes (mais vraiment !) alors que je l'ai lu une seule et unique fois (merde quoi, alors que pour les cours c'est Tintin !). Plus de huit ans que je retiens ce truc sans savoir la fin ! J'aimerai bien le finir (pour enfin le chroniquer aussi).

Bon, avant que j'étale ma vie dans tout les coins, continuons sur l'auteur. Donc Henri Loevenbruck est un  auteur français (Cocorico ! Comme beaucoup d'auteur de Bragelonne en fait). Il est né en France (à Paris) en 79, connait Renaud apparemment et l'apprécie bien (au point de chanter sur un de ses albums), et a publié son album en 2001 donc, seulement trois ans après son premier roman (1998). Si je dis ça, c'est que justement le récit est donc d'un auteur qui n'a pas encore beaucoup écrit, mais il a ensuite écrit des thrillers. Vu ce qu'il a déjà fait, je pense que ça devrait être plutôt pas mal (dès qu'ils le rééditent, j'y fonce).


Bon, voila le récit : une jeune fille, Aléa (le nom est sympathique et facile à retenir) trouve dans le désert dehors de sa ville un cadavre. Celui-ci est desséché, mais porte une bague. Alors qu'elle tente de lui enlever, le cadavre lui saisit la main. Elle prend peur et s'enfuit. Et un druide arrive en ville, voulant voir Aléa. Enfin, nous avons le grand mage noir qui recommence à agir. Précisons que Aléa est une orpheline mendiante dans sa ville, spécialisé dans l'arnaque et dans les petits larcins.

Le point de départ de tout cela va donner lieu à tout un périple qui va se poursuivre sur un long trajet et dans tout les coins de la carte. Le personnage d'Aléa va progressivement rencontrer des personnes qui vont l'accompagner, d'autres qui vont se mettre en travers de sa route. Et puis tant d'autre. Elle va passer dans plusieurs lieux, elle va s'enticher d'un cornemuseur, un nain, d'une barde, etc ... Et elle rêve également de loup. Et elle ne sait pas trop pourquoi, mais elle se sent progressivement différente.

En fait la trilogie va évoluer selon une seule trame (ou presque) en suivant la fille et de temps à autre une louve qui va avoir sa propre histoire indépendante (ou presque). Le tout suivant un fil rouge qui se développe petit à petit, avec quelques petits rebondissements et des petites nouveautés qui vont progressivement faire avancer l'intrigue et nous faire comprendre le fond de l'histoire. L'intrigue se fait de manière progressive, mais pas trop non plus.
Dit comme ça, le roman parait plus surprenant qu'il en à l'air. En fait il est assez linéaire dans la construction et très peu de véritables surprises interviennent dedans. C'est le gros défaut que je relève dans le récit : on a très peu de surprises dans l'ensemble du livre. C'est pas folichon au niveau de l'intrigue, et j'avoue que le manichéen n'améliore pas le tout. Les personnages sont très caricaturaux et sans grandes surprises, avec des têtes qui ne vont pas surprendre (le vieux sage, la jeune rebelle, le nain grand cœur et humoristique, la barde qui en sait beaucoup, le guerrier invincible ....) et une situation qui est très simple également : magicien méchant, roi pas gentil, druides gentils mais vieillissants, grand maitre, prophétie du changeur de monde .... On à même le droit à un remake des Amérindiens qui se sont fait expulser de leurs terres. Le problème, c'est que c'est simple comme situation, et ce jusqu'au bout. Il faut avouer que l'introduction des loups dans le monde et le fait de les mêler à la vie humaine (Loevenbruck aime les loups) apporte un bon côté, mais pour le reste c'est vraiment du cliché de fantasy vu et revu. C'est dommage, vu que le récit est prenant et qu'il y avait plusieurs bonnes pistes qu'on aurait pu exploiter plus à fond.

De même, il faut dire que le roman se finit de manière un peu rapide et sans donner trop d'éclaircissement sur les devenir du reste de l'île. C'est regrettable, et je trouve qu'on aurait pu ajouter au moins un petit chapitre sur la façon dont le tout se passe ensuite. Mais l'auteur à voulu s'en tenir là, et c'est son choix. Je le respecte.
Cependant, l'auteur n'en est pas resté là : il a continué l'histoire dans une seconde trilogie, intitulée Gallica (oui, c'est une représentation fantasy de la France) et qui va donner des précisions sur ce qu'il s'est passé exactement dans la suite de La Moïra. C'est également édité chez Bragelonne, alors je vais vous laisser découvrir la prochaine chronique sur le même sujet et ce roman, dès demain !

En clair, cette trilogie n'est absolument pas mauvaise, mais elle est très (trop) classique dans sa forme et dans son fond. Les personnages semblent déjà vu, les situations également et le tout n'offre au final aucune surprise supplémentaire par rapport à ce qui à déjà été proposé. Cependant, le tout se laisse lire par le style d'écriture et par une volonté de connaitre le final, même si il n'est pas vraiment des plus surprenant. Il conclue le récit avec un ton égal au reste, sans plus ni moins. Par contre, certaines petites idées au cœur du roman font mouche, et je dois avouer que l'idée des loups est bien vu, même si il n'est pas exploité d'une bonne façon (ce qui est dû sans doute plus au reste qu'aux passages spécifiquement sur les loups). L'auteur a mis du coeur à l'ouvrage, et on le sent. Dommage cependant qu'il n'ai pas plus exploité toute les pistes et que la fin laisse beaucoup en suspense. Pour commencer la fantasy ou pour les adolescents, il est très bon sans aucun doute. Pour les autres ... C'est un peu dépassé !
Et pour la fin en suspense ... il faut, pour mieux comprendre, lire la suite : Gallica. 

(Chronique n°46)

mardi 21 mai 2013

Le voyeur (Brian Freeman)

La couverture fait typiquement
thriller, vous ne trouvez pas ?
Là nous abordons un genre dont je n'ai pas encore beaucoup parlé et qui pourtant est très connu, si ce n'est pas le plus exploité commercialement actuellement, le polar. Je dis qu'il est le plus exploité, mais je dois dire aussi que ce genre contient une flopée d'auteur connu (je ne dirais pas bon, étant donné que je n'en ai pas lu le quart). Si la reine du genre reste Agatha Christie qui a su sublimer les différentes histoires, allant un peu sous tout les angles et annonçant les premiers polars aux détectives qui n'agissent que très peu (Poirot n'est pas taillé pour les courses poursuites), de très nombreux auteurs ont actuellement la côte, il suffit d'aller dans une librairie pour s'en rendre compte.
Cependant, c'est un genre que je lis très peu. Je dois avouer que je suis assez indifférent aux genres, ne m'intéressant que très peu aux différents crimes avec leurs résolutions, les fameuses fausses pistes, les coupables évidents qui n'en sont pas ... Bref, en fin de compte, je trouve souvent que les intrigues se répètent. Du coup, j'ai du mal à en lire. J'ai seulement dévoré quelques Agatha Christie, un ou deux polars autour, mais dans le genre je préfère beaucoup d'autres styles.
Mais ce livre m'a été recommandé par une personne très sympathique, du coup j'ai décidé de le lire tout de même, l'ayant trouvé d'occasion. C'est donc celui-ci que j'ai décidé de vous chroniquer aujourd'hui : Mesdames et Messieurs, Le voyeur de Brian Freeman.




Ce polar, assez gros tout de même (plus de 500 pages) fait intervenir un héros qui est apparemment récurent chez Brian Freeman (si j'ai bien compris), Jonathan Stride, lieutenant de police. Et l'histoire se concentre autour du meurtre de celle qui fut sa future belle-sœur, Laura Starr, sœur de sa première femme, Cindy Starr. Mais le problème, c'est que Laura Starr fut retrouvée assassinée, le visage écrasé à coup de batte de base-ball, un soir du 4 juillet (fête nationale américaine, hein, pour ceux qui auraient oubliés). Le suspect principal ne fut jamais arrêté, ayant quitté la ville, et l'affaire ne fut jamais résolu. Trente ans plus tard, un voyeur recommence à apparaitre, comme lors de cette année 1977, et une journaliste veut rouvrir l'enquête. Mais beaucoup de choses ont disparus ou changés, les gens ont vieillit, et puis Cindy est morte ... Le lieutenant Stride accepte cependant d'aider la journaliste dans son investigation sans trop de bonne volonté. Il se sent coupable : le soir du 4 juillet, il était avec Cindy pendant que sa sœur se faisait assassiner.

Alors, le synopsis de base est assez sympathique, même si je ne comprend pas cet engouement pour les romans qui déterrent des vieilles histoires afin de faire enfin la lumière sur un meurtre (qui séduit aussi le cinéma). Bon, je ne me lancerais pas dans un débat de fond ou de forme, mais l'idée est quand même intéressante. Que devient-elle dans les mains de l'auteur qui a un style assez bon, direct et efficace (ce qu'il faut donc pour un polar). Le gros avantage, c'est qu'il n'y a pas une multiplicité énorme de personnages, ce qui évite de s'embrouiller dans les noms (ce qui m'arrive souvent dans les Agatha Christie) et qui clarifie aussi la situation. Mais qui réduit aussi la liste des suspects. Cela dit, je dois dire que l'ensemble est bien maintenu, avec un sujet qui est finalement caché très longtemps et qui à de quoi surprendre, il faut l'avouer, les romans en traitant étant rare. Je ne le dévoile pas, pour ne pas spoiler évidemment, mais c'est assez surprenant et j'ai bien aimé cette idée. Ca fait plaisir d'avoir une surprise comme ça. Ensuite, je dois dire que les personnages ne sont pas spécialement attachant, souvent très peu profond. C'est un peu stéréotypé, notamment le héros, mais aussi quelques personnages autour. Là encore, le style d'écriture rattrape assez ça en ne lassant pas.

L'intrigue connait de multiples rebondissements, comme souvent dans un polar, et l'ensemble devient du coup assez prévisible. Et c'est justement ce qui m'a embêté le plus avec ce roman. La surprise manque beaucoup. Un retournement sur deux est visible, et j'ai su la fin 140 pages avant qu'elle n'arrive. Sur le coup, c'est très frustrant de lire en sachant déjà le coupable et en comprenant les motivations tout au long de l'écriture. Du coup, la fin du roman m'a été assez pénible. Je dois dire que le ressenti général en prend tout de même un coup (1/3 des pages en sachant la fin d'un polar, c'est long). C'est le gros défaut que j'impute au roman : il est très prévisible. Et pour un polar, ça la fout mal.

En fin de compte, on retiendra du roman qu'il apporte une bonne idée de sujet, avec une grosse surprise dessus, et une écriture efficace dans le genre. Par contre, il faut aussi noter des ficelles classiques qu'on prévoit à force, des personnage sans grandes surprises et une fin qui se voit arriver de loin si l'on réfléchit un poil (et qu'on est habitué au polar). Du coup, je ne sais pas trop si l'achat est recommandé, puisque vous risquez aussi d'avoir une fin qui vous décevra. Mais pour le reste, c'est plutôt pas mal, efficace sans renouveler le genre. Si vous êtes adeptes des polars et que vous lisez occasionnellement, il peut être un bon choix. Pour les autres, je pense qu'on peut passer outre sans difficulté.

(Chronique n°45)

samedi 18 mai 2013

La planète des singes (Pierre Boulle)


Bon, après une absence assez longue due entre autres aux partiels, aux résultats, au stress qui m'a rendu un peu avachi ensuite, à une recherche intense de boulot, de nouvelles lectures et des prêts massifs de BD un peu partout, je dois avouer que j'ai laissé le blog un peu à l'abandon. Il est donc temps de se ressaisir, et je propose pour cela de faire un petit tour vers une de mes dernières lecture : La planète des singes, roman très connu par ses adaptations en film, et que j'ai dévoré rapidement la semaine dernière.
Je profite aussi de ce petit message pour préciser que je vais rafraichir un peu le blog, entre la liste à lire, ce que je lis, les citations et tout le bazar. Un peu de boulot en perspective. Et peut-être aussi des nouveautés, pourquoi pas ? En attendant, place aux chroniques nouvelles de la roulotte, voici La planète des singes !


Résumé en trois mots : Évolution, Singes et Humanité

Si vous avez vu la planète des singes, vous allez comprendre illico de quoi je vais vous parler. Mais cependant il faut bien retenir que les deux films (celui de 1968 avec Charlton Eston et celui de Tim Burton en 2001, à mon sens un pur navet) ne s'inspirent que de la trame générale du livre et se radicalisent complètement différemment dans le propos et le traitement. Je vais détailler ceci tout de suite. En tout cas, retenez que chacun à sa manière rend hommage au livre, mais de façon très différente. Tim Burton est plus proche d'un aspect du livre, le premier film est proche de beaucoup plus d'aspect du livre.

Le gros point fort de l'histoire, c'est bien évidemment la réflexion poussée sur l'humanité et son rapport aux autres animaux, à la nature, et enfin à elle-même. Notre Ulysse fera face à bien des dilemmes, en voyant notamment ses semblables torturés par la science, utilisés pour des labeurs, chassés, manipulés, humiliés (à ses yeux uniquement). En fait, au fur et à mesure, on prend conscience avec lui de ce qui nous caractérise et nous distingue de l'animal, au fur et à mesure que l'homme semble plus animal. Les questions s'enchainent, sur la légitimité des actes, mais aussi d'une simple pensée. Comment doit-on voir les autres ? Notre héros connait des problèmes de diverses natures, et la façon dont il doit les surmonter est toujours bien pensée. En fait le roman dans l'ensemble est génial d'inventivité et de coup qu'on ne voit pas venir. J'ai été vraiment surpris, et d'un bout à l'autre. Les preuves de l'humanité ne sont pas tout, il faut aussi faire face à l'histoire du monde, à l'hostilité naturelle des singes envers les hommes et à une civilisation installée de puis si longtemps. Alors, que faire ?

Si je parle de la réflexion, il faut souligner que cependant dans le récit, les passages dans l'espace sont moins détaillés et documentés que dans un Isaac Asimov, mais restent très lisible. Le propos est par contre lisible d'un bout à l'autre du roman, et même très prenant, mêlant aussi des amours, des débats, des colères, des questions, le tout sans temps mort et évoluant d'une façon très différente, notamment par rapport aux films. Vous seriez surpris de la tournure des éléments, mais je ne vais pas spoiler donc je vous recommande de le lire pour bien comprendre.

Au final, nous avons donc un ouvrage d'excellente qualité, avec une écriture fluide et prenante, un sujet parfaitement bien traité et une tonne de questions qui jaillissent au final, laissant beaucoup de place à l'interprétation personnelle. Le ton du livre est très critique envers l'humanité par le biais d'un homme chargé de la défendre. C'est dans le genre, il faut bien l'avouer, un livre très bien fait, dans le fond et la forme, avec très peu de temps mort et un nombre de pages très petit par rapport à la densité du livre. Un livre qui est très différent aussi des films qui en ont été tirés, puisque ceux-ci ne concernent à chaque fois qu'un seul aspect du livre. Je dois dire que le tout est vraiment bien mis en scène et mériterais une deuxième relecture. En tout cas, je le recommande, car il est vraiment bon.

(Chronique n°44)
 

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