samedi 5 juillet 2014

Miséréré (Bernard Clavel)

Le royaume du nord, troisième tome

Troisième tome, avec toujours cet écrivain fabuleux et fantastique qui sait nous plonger dans les paysages du grand nord en nous faisant aimer tout ce qui s'y trouve, de la terre aux arbres, les rivières, le vent, la nature, les animaux et les hommes. Ici, c'est l'endroit gelé et froid, dur et cruel, mais une terre qui rend les hommes vrais.
Et nous voila face au troisième volume de cette saga, la suite directe des aventures, les mêmes lieux, certains personnages qui reviennent, et toujours cette même terre d'un nord canadien. Mais, un nouveau changement intervient. Voila que débarquent de nouveaux colons ...


Résumé en trois mots : Village, Curé et Communauté

Cette fois-ci, le roman se déroulera vraiment autour de St-George d'Harricana, autour duquel se greffent progressivement des nouveaux lieux, investis de colons qui viennent chercher ici le pain que la crise de 1929 leur a retiré. L'Etat cède des parcelles et envoie les pauvres cultiver. Et ceux-ci foncent en remplissant les trains de leurs misères. Certains arrivent, s'installent. Et construisent pour demeurer.

Ce livre se concentre donc autour de la construction des nouveaux villages, des communautés qui vont se former aux alentours de ce qui se transforme progressivement en ville, mais c'est également un livre sur les rapports humains qui se développent progressivement dans la société qui se recrée dans le nord. Et surtout l'histoire d'un personnage, Cyrille Labrèche, brave travailleur au grand cœur mais qui est aussi un peu trop têtu. Bien que n'étant pas le héros à proprement parler, il sera le fil conducteur de toute l'histoire.
Ce qui continue de me plaire dans cette saga, c'est les croisements qui arrivent successivement entre les livres, les personnages revenant mais de façon différentes, le temps ayant passé à chaque fois. Mais tout l'intérêt est aussi de suivre l'historique de cette terre qui bouge, progresse, évolue, se transforme. Tout en restant fondamentalement la même. C'est une terre sauvage et difficile, qui sait se montrer hostile.

Une histoire qui change encore une fois de ton avec les précédentes et annonce des grands changements dans la suite de la saga. Le royaume du nord s'étoffe, et les nouveaux arrivants vont devoir, eux-aussi, conquérir ce sol dur et froid.

Bernard Clavel n'a pas son pareil pour nous dépeindre des situations qui nous plongent dans une ambiance de façon si puissante. On vit avec ces braves colons du nord, on sent que ça sera dur et que la fin ne sera jamais aussi heureuse qu'elle l'est dans un conte, car la vie est cruelle, mais elle contient tout de même de belles choses. Je crois que c'est le résumé de ce livre, beau et cruel. Un troisième tome toujours aussi prenant et qui nous plonge immédiatement dans le quatrième.

(Chronique n°203)

jeudi 3 juillet 2014

L'or de la terrre (Bernard Clavel)



Deuxième tome de la saga, et je retourne avec un plaisir immense dans cette contrée gelée du nord de l'Amérique, dans le Québec froid et dur, celui qui tue l'hiver. C'est aussi le nord encore vierge, qu'on ne connait que très peu et qui recèle bien des choses en son sein. Et puis c'est la plume de Barjavel, celle qui nous donne envie de lire d'un bout à l'autre sans que l'on ne puisse deviner ce qu'il y aura derrière chaque page. Prenez un ticket, embarquez-vous jusqu'à la mine sur l'île, celle qui rend donne, mais qui peut tout aussi bien prendre.


Résumé en trois mots : Or, Mine et Richesse

Comme cela semble parti, je pense que l'ensemble de la saga sera constituée de tragédies. Enfin ... des tragédies à la Clavel, un auteur qui vous enrobe tout ça tellement finement que vous ne vous ne considérez plus ça comme de la tragédie. Comment en parler exactement ....

Clavel a un style d'écriture complètement prenant, qui vous envoute en peu de temps, vous accrochant aux personnages quand bien même ceux-ci ne sont pas du tout héroïque. Et qui ne vous donne pas envie de lâcher, mettant en place tout les pions d'une tragédie qui va se dérouler petit à petit. Mais, en même temps, cette tragédie n'est que le déroulement de la vie, celle qui prend et donne sans pitié et sans regarder. C'est là peut-être que réside le paradoxe de ses livres. Il nous compte les malheurs, mais sans qu'on ne puisse dire que c'est tragique. La phrase "C'est la vie" n'a jamais pris autant de sens qu'ici, où la vie s'écoule, commence, continue, s'arrête au fil des pages.

Clavel nous compte la quête de l'or dans le sol froid du Québec, dans une mine qui va rapporter, et les hommes qui accomplirent cette quête avec acharnement et opiniâtreté jusqu'au bout. Des gens qui vont aussi changer, pris dans la fièvre de l'or, mais pas de la façon dont on s'y attendrait. Et le roman nous entraine toujours en avant, sans s'arrêter un seul instant. Le temps marche, les choses avancent, et Clavel nous conte tout ça.

C'est d'ailleurs sidérant, mais Clavel partage ce trait avec Neil Gaiman, d'avoir une écriture qui semble être celle d'un conteur, comme s'il venait nous sussurrer à l'oreille les mots qu'il a tapé. C'est d'autant plus impressionnant que lorsque je le lis, j'entends vraiment un personnage me parler dans l'oreille et me raconter tout cela.

Un livre tout aussi bon que le premier, qui nous entraine dans ce nord froid et rude, mais aussi généreux, quand on sait rester prudent. Un livre qui se lit parfaitement bien, qu'on dévore presque et qui donne envie de se plonger dans la suite, de redécouvrir le St-Laurent et les berges de l'Harricanna. C'est une saga qui m'entraine déjà, et dont j'ai envie de connaitre la suite. Que de beauté, que de malheur, dans une fresque historique malheureusement très proche de la vie.

(Chronique n°202)

mardi 1 juillet 2014

Harricana (Bernard Clavel)


Nous voici en route pour une nouvelle saga, avec le Royaume du Nord de Bernard Clavel, un auteur français (ça faisait longtemps) et avec lequel je retourne dans ce grand nord qu'affectionne tant Jack London. Mais du côté de la Belle Province, dans le Québec où s'installent les premiers colons, sur les rives de la rivière Harricana. C'est là que va se dérouler toute cette saga, où seule la nature fait acte de présence immuable, où l'homme n'est que de passage, parfois plus brièvement qu'il ne s'y attendait, et toujours profondément humain (à savoir stupide, ignorant, cruel, dur, tendre, affectueux, amoureux, travailleur ...). Une contrée sauvage et belle, pour un livre qui s'en sort comment au final ?


Résumé en trois mots : Colons, Magasin et Forêt

Le livre s'ouvre avec cette famille de colons qui partent s'installer sur les bords de la rivière Harricana, alors même que le train commence à arriver et que les trappeurs et autres coureurs des bois reculent de plus en plus face au progrès, et continuera au fil des saisons à nous faire vivre ce simple quotidien.
Disons-le tout de suite : j'ai adoré. Bernard Clavel a une plume en or, c'est un conteur hors-pair, un vrai Jack London français, dans le style et les descriptions. Il alterne narration et description, nous entrainant dans cette terre sauvage, presque vierge et surtout hautement dangereuse, qui fait et défait les vies. Une terre à laquelle il faut s'accrocher pour espérer survivre.
En fait, ce qui fait toute la beauté du livre, c'est la simplicité et l'élégance du style. Assez dépouillé, sauf quand il parle des paysages, Bernard Clavel nous entraine immédiatement dans son univers et je n'ai pas décroché de toute ma lecture. C'est tellement plaisant à lire !
A cela s'ajoute l'histoire, et je n'ai pas été surpris du style (j'avais déjà lu Maudits Sauvages, roman clôturant cette saga), qui est très réaliste, avec tout ce que cette vie peut comporter comme bon et mauvais côté. Les coureurs des bois m'ont clairement fait penser aux personnages de London, et la famille ressemble à n'importe quelle famille de colons qui serait arrivé dans ce siècle. Mais tous ensemble vivent une vie dure, peu généreuse et pourtant remplie. Les choses s'enchainent avec un naturel évident, et jusqu'à la fin j'étais avec eux, dans ces bois froid, dans cette terre du nord, inhospitalière mais attirante. C'était un superbe voyage, encore une fois dans ces terres nord-américaines, entre Ottawa et la baie de St-James.

Une saga qui commence comme ça (et qui se clôture également d'une manière sublime), j'en redemanderai tout les jours. Quelle beauté dans les écrits de Clavel, qui nous conte si bien ces récits. J'ai été charmé par sa plume et j'ai dévoré le roman d'une traite. Bernard Clavel est vraiment un écrivain extraordinaire, car en plus de tout cela je n'ai que peu mentionné le fond qui mérite des éloges. Un tel écrivain, c'est de l'or en barre, et je le range à côté de mes précieux Jack London pour ne rien perdre de tout ce nord froid et attirant. J'attaque la suite sans attendre.

(Chronique n°201)