samedi 15 novembre 2014

La guerre des fleurs (Tad Williams)

Je me suis penché sur ce roman alors qu'il était nommé comme un des meilleurs de fantasy sur le site de Elkabin. Un petit tour en boutique, un achat rapide, et puis le voilà dans les étagères avec tout le reste, mais heureusement, un stage et je l'emmène, histoire d'avoir un pavé à lire (tout de même plus de 800 pages), que ça me tienne un peu plus longtemps. Ah, la belle illusion que voilà ! Comme si un livre ne pouvait pas être lu tellement vite qu'on ne s'en rende pas vraiment compte.


Résumé en trois mots : Autre monde, Guerre et Fées


Une histoire qui m'a surprise sur un point : elle met un temps fou à décoller, à rentrer dans le sujet (en fait, le résumé au dos vous donne environ 300 ou 400 pages du livre), sans que je ne le remarque. C'est à un moment que je me suis rendu compte qu'on arrivait à la moitié du livre et que l'histoire commençait à prendre le virage qu'on sentait dès le début. Le seul hic, à mon avis, c'était qu'il y allait avoir un problème pour la fin. Et je ne me suis pas trompé.
Ce livre est vraiment génial, car il arrive à nous raconter une histoire qui prend tout son temps pour être développée. Elle se met en place lentement, les personnages se développent petit à petit et pourtant tout semble aller à vitesse normale. Et puis, progressivement c'est l'accélération jusqu'au crescendo final. Avec tout le monde qui se retrouve, évidemment.
Le seul hic, c'est que la fin n'est pas à la hauteur du reste, et je trouve ça vraiment dommage. En gros, l'histoire prend le temps de poser des bases très intéressantes, mais se conclut trop vite et trop facilement, bien loin de ce qu'on attendrait d'une saga de cette ampleur. Classique et sans grandes surprises, avec un Happy End un peu trop artificiel, ce qui est dommage au vu du reste. Et, le problème qui me semble le plus important, c'est que la fin vient trop rapidement. L'auteur a un véritable talent pour nous entrainer dans les centaines de pages sans qu'on y prenne garde, je pense qu'il aurait du continuer un peu et nous faire quelques pages en plus.
Mais ne contestons pas ce livre, qui reste excellent, il faut bien le dire. Les différents personnages notamment sont excellents, à commencer par le héros, mais aussi tout ceux qui l'entourent, et surtout Trognon d'Pomme, qui est comme son prénom ! Et il faut bien avouer que l'histoire, quoique sans originalité énorme, est très bien menée d'un bout à l'autre et surprendra quelques fois par des détails simples mais bien trouvés. Alors il est de bon ton de le lire, non ?


Ce livre est, dans mon jargon, un bon petit livre qui se lit avec plaisir, et qui manque de peu de passer dans la sélection des meilleurs. De la fantasy sympathique et bienvenue, avec des personnages intéressants, mais aussi avec des idées bienvenues et souvent présentes, des situations bien sympathiques et surtout un style d'ensemble qui se dévore sans qu'on n'en laisse passer une miette. Pour un livre de fantasy, c'est rare de laisser passer autant de pages avant de commencer l'histoire. Et ça fait plaisir. C'est le genre de livre qu'on lit par plaisir, qui fait plaisir, et dont on se souvient avec plaisir. A peu de choses près, je lui aurait accordé une place dans le haut du pavé. Presque, mais lecture hautement et chaudement conseillée tout de même !

(Chronique n°211)

jeudi 13 novembre 2014

Millenium (Stieg Larsson)

A l'occasion d'un retour dans ma terre natale, je tombe sur les trois tomes de cette saga que j'avais lu voila un bon moment, et que j'avais ensuite prêté sans que je ne puisse me rappeler à qui. Et voila que celui-ci revient dans mes mains, me rappelant leur bon souvenir et me donnant également l'occasion de les relire, chose que je me suis permis de faire rapidement, peut-être un peu trop en diagonale, mais avec toujours le même plaisir et la même intensité. C'est pourquoi je me suis laissé aller à en pondre une petite chronique sur ce blog, puisque je ne pouvais tout de même pas passer à côté d'un des rares polars que j'ai lu récemment et qui ne m'a pas laissé de marbre lorsque je l'ai refermé. Sans compter que cela me permettra enfin d'ajouter la catégorie des auteurs suédois à la liste déjà longues des nationalités présentes dans la roulotte !


Résumé en trois mots : Femmes, Violence et Enquête

Je ne vais pas trop m'étendre sur l'histoire de ce livre, puisque vous avez du en entendre parler à moins d'avoir passé les dernières années dans une grotte au fin fond du désert, entre la sortie des livres avec force de publicité (méritée pour une fois) et ensuite la sortie des films. Bref, ce n'est pas ce que nous appellerons un livre peu connu.
Maintenant, qu'en est-il réellement après lecture ? Et bien, pour une fois, il faut l'avouer, la médiatisation avait du bon, puisque c'est ni plus ni moins qu'une petite pépite qui nous a été livré par cet auteur.
Comme je l'ai déjà souvent souligné, le genre du polar n'est vraiment pas mon préféré, et j'ai souvent laissé tomber un livre de ce genre pour me replonger dans ce que j'appelle des vrais genres de littérature. Mais de temps en temps, l'un d'eux arrive à me retenir suffisamment longtemps pour que je puisse le finir, et ce fut le cas de cette série, qui est pourtant massive, avec ses trois tomes plutôt épais (pour un format de poche). Qui plus est, la série m'a tenue en haleine jusqu'au bout, et je peux clamer haut et fort que je l'ai beaucoup aimée ! Comme quoi, il ne faut jamais désespérer, on peut toujours trouver chaussure à son pied.

Ce qui m'a plu plus que tout dans cette trilogie, c'est que l'auteur commence le premier comme un classique de polar, avec un premier tome d'enquête qui tourne presque au thriller. Mais les deux suivants enchainent sur les personnages plus que sur l'enquête et finissent par conclure la trilogie juste comme il faut, sans happy end tranché, avec des hauts et des bas, des bons et des mauvais côtés. Mais avec une fin, et c'est le plus important.
Cette série sait également offrir des vrais personnages, et ça fait du bien. Les héros sont extraordinaires, avec tout leurs bons et leurs mauvais côtés, mais toujours attachant. Ils aiment et souffrent, ils vivent et se battent, ce sont là des vrais héros, mais des héros ô combien humain. Et ça, ça fait rudement plaisir à lire, de temps en temps.
Enfin, il y a le sujet de toute la saga, et là c'est la cerise sur le gâteau. Profitant de son roman et de ses personnages, Stieg Larson en profite pour dresser un portrait peu flatteur de la Suède mais parle surtout de la violence faite au femme. C'est une magnifique idée, mais qui peut vite tourner en eau de boudin. Et là, je ne peux que reconnaitre tout le talent de l'auteur qui nous a gratifiée d'une morale parfaite, montrant sans détour toute cette violence faite aux femmes dans un monde brutal et sans pitié, mais également toute la force de ces femmes qui se battent pour ne pas être broyées impitoyablement. C'est, à travers ce roman, la lutte des opprimées contre un système obsolète, oppresseur et machiste.
Le roman sait jouer avec la noirceur et la violence, donnant un ton résolument sombre à l'ensemble. La vie n'est pas facile, mais ce n'est que le reflet d'un monde où des choses bien plus terribles se passent. Ce roman à également le mérite de nous intéresser à des problématiques politiques plutôt extérieur, celles entre la Suède et les pays communistes, tout ce qui nous touche un peu moins, nous autres français peu tournés vers l'est. Et il faut tirer le chapeau aux traducteurs, qui ont également réussi le pari de laisser le roman extrêmement lisible, d'un bout à l'autre.

Ce que je peux ajouter à cette trilogie, c'est le simple conseil : lisez-la. Je conseille rarement des polars et j'en lis à peine plus, mais c'est ceux de ce genre que je vous recommande. Une telle série mérite qu'on s'y attarde, autant pour sa forme parfaitement maitrisé que pour son fond qui ne peut que interpeler. C'est à la fois violent et nécessaire, mais on ne ressort pas indemne d'une telle lecture. Les personnages et leurs situations nous prennent à la gorge, et lorsqu'on en ressort c'est rempli de réflexion. Une de ces série dont je me détache à regret, tant je voudrais pouvoir continuer à voir ces personnages vivre, évoluer. Mais toute les bonnes choses ont une fin et celle-ci est au niveau du reste. Une page se tourne, et pourtant Millenium continue de nous habiter ensuite. La marque des grands romans.

(Chronique n°210)

mardi 11 novembre 2014

Sorceleur (Anrzej Sapkowski)

Chronique un peu décalée que je poste finalement après l'autre, mais je n'ai pas énormément de temps en ce moment et je préfère mettre ce que j'ai sous la main en ligne. Je me dépêche donc d'écrire des chroniques, et je reviens aussi vite que je le peux.
Ce livre est sorti voila un moment et s'inscrit en réalité avant La saga du Sorceleur, puisqu'il regroupe les deux premiers tomes écrits par l'auteur, L'épée de la Providence et Le dernier voeu, recueils de nouvelles qui introduisent tout l'univers de la saga, ainsi que les principaux personnages, tout en mettant en place une partie de l'échiquier politique qui se développera plus tard.
Alors, qu'en est-il au final, de ce tome introductif qui permet de découvrir un univers et des personnages hauts en couleur ?


Résumé en trois mots : Contes, Fantasy et Violence

Curieusement, j'ai trouvé ce tome introductif meilleur que la saga qui le suit. En effet, contrairement à ce qui apparait nettement dans La saga du sorceleur, ce tome arrive à garder une cohérence d'un bout à l'autre, sans jamais se perdre complètement. Le principe des nouvelles permet à la fois de garder une histoire entière en peu de pages et de développer un petit aspect du monde, que ce soit entre les humains, dans les villes, entre le Sorceleur et les autres, avec les créatures fantastiques ou bien même l'introduction de certaines cours et des intrigues qui y sont mêlées. Ces historiettes tissent progressivement des liens entre elles et construisent les bases sur lesquelles s'appuiera la saga.
Ce qui est d'un énorme intérêt également, c'est que les histoires qui sont présentes ici allient encore plus efficacement un humour sympathique avec des références à des contes. Bon nombre d'histoires sont en fait des détournements de contes très connus (la belle et la bête ou Blanche-Neige notamment) mais avec des moments plus tragiques et de la violence plus marquée. Le monde présenté reste toujours sombre jusque dans ses recoins.
Le style d'écriture est toujours aussi plaisant, et c'est agréable de picorer ces petites nouvelles au fur et à mesure, alliant découverte du personnage avec découverte de l'univers, humour et référence sympathiques. L'ensemble se tient jusqu'au bout et fournit un final qui ouvre largement la porte à la saga et aiguise notre appétit.


Un tome introductif de qualité, qui nous fait une proposition plus qu'alléchante, faisant qu'au final on a plus qu'envie de plonger dans le reste de la saga. Alliant humour et noirceur, ces nouvelles nous plongent dans un univers médiéval fantasy qui nous attire et nous intéresse. En matière d'introduction à une saga, c'est un must-have, qui donne envie de continuer, même si c'est regrettable que la suite ne sois pas à la même hauteur.

(Chronique n°209)

samedi 8 novembre 2014

La saga du sorceleur (Anrzej Sapkowski)

Une bien belle et longue saga, sur laquelle j'aurais lu diverses choses pas forcément flatteuses. Mais il faut bien reconnaitre que ce n'est pas une saga habituelle. Déjà par les couvertures (la réédition en poche m'aurait tuée), mais aussi par le contenu, sans parler du manque de réédition en français. Et le jeu vidéo qui en fut tiré et qui est bien plus connu (et mieux noté, curieux fait). Mais je me suis penchée vers elle après avoir lu les premières nouvelles, et je n'avais plus qu'une envie : plonger à nouveau dans cet univers et arriver à voir la suite des aventures de ces personnages hauts en couleur et incroyablement attachants.


Résumé en trois mots : Magie, Prophétie et Guerre

Je dois bien dire, au final de ma lecture, que j'en ressort avec une sensation de déception. Mais si la déception est là, c'est que j'en attendais beaucoup, et le début pronostiquait tellement mieux pour la fin ...

En essayant d'expliquer les choses de façons précises, je dois d'abord relever un détail qui a toute son importance : Sapkowski écrit très bien, le style est incroyablement plaisant, entre la noirceur du monde et les situations rarement roses, mais avec aussi un humour qui se manifeste de temps en temps par de petites touches, et c'est toujours agréable. Et c'est prenant, c'est ça qui fait plaisir. On veut connaitre la suite, bien que cela nous semble parfois un peu artificiel dans le fond.

Car oui, il faut bien l'avouer, il y a des choses un peu trop artificielle dans le fond de certains livres, et je dirais principalement au-delà du troisième tome. Les deux premiers mettent en place l'ensemble et apportent d'excellents éléments, mais la suite n'est pas à la hauteur et plusieurs fois je me suis désolé de l'avancement.
Ce qui est vraiment dommage, c'est que l'auteur a posé une situation vraiment excellente, notamment politiquement, avec tout ces conflits, intrigues, mélant politique, espions, magiciens, pouvoirs et complots. Mais voila, c'est sympathique, sauf quand on résout tout brutalement à la fin avec des moyens assez peu digne de l'ensemble. Le dernier tome donne l'impression de vouloir tout conclure beaucoup trop rapidement. Et c'est vraiment, vraiment dommage.
En parlant de ces problèmes scénaristiques, je dois bien avouer que c'est aussi problématique autour du reste : la saga du sorceleur, peut-être, mais celui-ci est un personnage assez effacé par rapport à Cixi, qui est la figure vraiment centrale. Et d'ailleurs, pourquoi avoir retiré Yennefer des trois quarts de l'histoire ? C'était un excellent personnage, mais qui ne sert pratiquement à rien dans tout les tomes. En fait elle n'est même pas là plus de la moitié du temps.
Autre souci, niveau scénaristique : l'ajout de certains personnages. Je ne suis pas contre l'introduction de nouvelles têtes, toujours intéressantes par ailleurs. Mais là, la plupart du temps c'est en un bloc et les personnages m'ont semblé un peu trop artificiels dans leur façon d'être, même si ça s'améliore beaucoup par la suite.

Par contre, et pour finir sur une note positive, le reste possède beaucoup de bonnes idées. J'ai adoré, à titre d'exemple, la bande des Rats ou la façon dont la guerre impacte sur la vie générale des gens, bien qu'on ne voit presque jamais des batailles (il y en a, si mes souvenirs sont bons, une seule dans les cinq tomes). C'est des luttes entre petites gens lorsque les grands se tapent dessus. Et c'est aussi un monde très sombre et qui contient tout son lot d'horreur et de noirceur (notamment violence gratuite). Un monde mêlant bien fantasy et moyen-âge, noirceur et pique d'humour, sur fond de guerre et d'interrogations. Une belle histoire, mais qui se déroule avec trop d'accroc pour qu'on puisse l'apprécier à sa pleine valeur.

Au final, je suis très mitigé et j'hésite à conseiller la lecture de cette série. Déjà, parce que si vous voulez vous la procurer vous aller payer très cher ou avoir des couvertures dégueulasse. Mais en plus, l'histoire est très inégale, à la fois plaisante sur le monde et décevante sur le fond. C'est une saga qui aurait mérité une histoire plus travaillée, et je n'ai pas retrouvé tout le plaisir que j'avais eu en lisant le premier tome. C'est vraiment dommage, parce que le monde est intéressant et que j'aimais beaucoup de choses dedans. Alors, dois-je la déconseiller pour autant ? Non, évidemment, je ne peux pas. C'est une saga qui à de quoi plaire, et qui présente du potentiel. Si vous êtes intéressé par ce genre de choses, n'hésitez pas à la lire quand elle vous tombe sous la main. Mais dans l'optique d'une superbe saga de fantasy, il faudra repasser.

(Chronique n°208)

mercredi 5 novembre 2014

La nuit de la Lune Bleue (Simon R. Green)

Un des sept livres que j'emmenais avec moi dans mon périple en stage de théâtre. Et puis bon, j'aime de plus en plus ces rééditions, alors je me suis permis d'en emmener un de plus que ce que j'aurais du. Après tout, dans une valise ça ne pèse pas lourd. C'est ainsi que je me suis retrouvé à le lire très vite, bien trop vite (surtout au regard de ce qu'il fallait faire autour). C'est le deuxième livre de cet auteur, et je pense que je me pencherais à nouveau vers lui lorsque je le recroiserai, car c'est vraiment un auteur sympathique.


Résumé en trois mots : Fantasy, Prince et Humour

Alors attention, bien que je mette humour, il ne s'agit pas là d'un roman humoristique, mais d'un roman de fantasy à tendances humoristiques, bien que celles-ci s'étiolent progressivement. Le fond reste, d'un bout à l'autre, résolument attaché au style de fantasy avec beaucoup de choses classiques, mais également des écarts très intéressants.
Je dois avouer, j'ai eu gros faible pour les personnages, très bien campés pour la plupart, à la fois complexe et en même temps répondants aux images qu'on attend d'un personnage de fantasy « classique », surtout niveau des princes. Et surtout, la princesse ! Celle qui a un méchant crochet du gauche et qui n'hésite pas à le mettre dans toute face ne lui revenant pas. Et puis ces gobelins trouillards qu'on croise plusieurs fois dans le livre … Des têtes vraiment sympathiques et qui font plaisir à voir.
L'histoire m'a un peu plus déçu, notamment sur la fin où le ton devenait très sérieux et tombait dans plusieurs clichés grossiers (comme le méchant et les traitres), mais elle sait se maintenir et offrir un final, bien que ce soit presque trop facile par certains côtés. C'est dommage car il y avait un potentiel qui pouvait encore se développer à mon avis, surtout du côté de la princesse. Mais quelle bonne idée de ces armes diaboliques, et surtout de leur fin ! Bref, le roman est truffé de très bonnes idées même si au final il m'a semblé que la fin faisait un peu trop facile. C'est vraiment dommage, même si cela n'empêche en rien la lecture de se faire fluide et de rester intéressante jusqu'au bout.

Au final, c'est ce que j'appellerais un bon livre à lire, distrayant et bien souvent humoristique, quoiqu'au final avec une trame très classique. Mais les personnages sont sympathiques, l'humour fait mouche lorsqu'il est présent, et l'ensemble est très plaisant à lire. Pour un lecteur occasionnel de fantasy, ce livre est un très bon choix, simple et facile, plaisant et drôle. Pour un lecteur assidu, il peut s'agir d'une lecture sympathique entre diverses lectures plus complexe et plus prenantes. Bref, un petit moment de détente, une petite parenthèse entre les grosses lectures.

(Chronique n°207)

lundi 3 novembre 2014

Les mémoires de Zeus (Maurice Druon)

J'avoue, sans honte et sans pudeur, que c'est le nom de Maurice Druon qui m'a fait dresser l'oeil en premier. Avouons que ce n'est pas ce qu'on s'attendrait à trouver dans la collection des livres Bragelonne (spécialité : la fantasy). Mais ensuite, le titre apportait un mystère que j'eus envie de résoudre. Les mémoires de Zeus ? Quelle drôle d'idée de la part de cet auteur dont je connaissais surtout la saga « Les rois maudits » (comme la plupart des gens d'ailleurs). Puis, lecture du résumé, où je comprend que l'histoire parle de Zeus à la première personne. Une autobiographie du roi des dieux grecs … Ça, c'était la seule chose qu'il aurait fallu pour me lancer dans la lecture immédiate de ce livre. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé, peu ou prou. Car oui, la mythologie, c'est un de mes grands dadas …


Résumé en trois mots : Autobiographie, Dieux et Mythologie

Ce livre est vraiment l'autobiographie de Zeus, écrite par Maurice Druon telle qu'elle le serait si le roi des dieux venait à se réveiller en 1967 (la première édition du livre est vieille) et qu'il voulait raconter sa vie pour tout mortel de ces années là. Le livre commencera donc par toute la création de l'univers par la famille de Zeus, la création de la terre, de la vie, des animaux, de tout ce qui existe.
Disons le tout net, ce livre est très bien écrit. Je reconnais à Maurice Druon la qualité de sa plume (n'oublions pas qu'il fut membre de l'académie française), qui sait marier à merveille le beau langage et la verve humoristique, qui fait du récit une histoire plaisante et agréable à lire. En plus de tout le reste. D'ailleurs le découpage en chapitres courts avec les titres annonçant le contenu m'a beaucoup plu, ça fait bien à lire.
Pour ce qui est du contenu, car il faut bien en parler, c'est tout simplement génial. Maurice Druon nous fait un tableau complet de la vie de Zeus, depuis bien avant sa naissance jusqu'au moment où il sombra dans un lourd sommeil sans jamais omettre d'histoire, mélangeant toutes celles qui concernent Zeus présente dans la mythologie grecque. Et lorsqu'on les assemble, le tableau est très intéressant. Ce qui m'a notamment fait plaisir, c'est que Zeus ne fait pas que raconter mais commente également tout les évènements à sa façon, défendant souvent le point de vue inverse de celui que l'on aurait tendance à connaître. C'est une relecture très intéressante des histoires divines, donnant des dimensions supplémentaires à ceux-ci, tout en conférant à l'ensemble une grande cohérence dans l'optique. Lorsqu'on examine tout comme cela en un bloc, il faut remarquer l'ingéniosité du Panthéon grecque qui était bien plus riche et bien plus dense que les simples images que l'on a conservé (à ce niveau la lecture de la vie d'Hercule est passionnante). Maurice Druon nous fait un tour d'horizon bien plus complexe que ce à quoi je m'attendais. Il sait marier également les histoires divines et l'histoire des hommes, nous rappelant de temps à autre à quelle époque historique se situent les faits.


Un livre qui m'a énormément plu, de par son côté mythologique, mais qui m'a également séduit pour bien d'autres qualités, concernant tout autant le fond que la forme. La vie de Zeus vue dans son ensemble est une excellente idée et Maurice Druon a su en tirer tout le nectar, nous offrant un livre digne de l'amboise qu'il contient, avec autant de sérieux que d'humour et plein de petits réflexions sur la façon de concevoir les dieux grecs, tout autant que la façon de comprendre l'histoire divine, qui est finalement aussi riche et aussi complexe qu'aurait pu l'être la vie d'une personne réelle. Alors, pourquoi se priver d'une autobiographie de cette qualité ? Un livre que je recommande chaudement, il m'a passionné et il devrait bien vous plaire !

(Chronique n°206)