samedi 5 mars 2016

Pyramides (Terry Pratchett)

Et la saga continue ! J'ai atteint maintenant le septième tome de cette saga qui est en passe de devenir la saga la plus longue que je n'ai jamais lu, et il y a de quoi me direz-vous, mais qui est en plus celle où j'accroche suffisamment pour avoir envie de lire tout les autres en même temps. Heureusement, on avance progressivement, un pas après l'autre, pour découvrir encore plus avant les civilisations qui parsèment le disque-monde, tout en découvrant un auteur qui est décidément un génie et qui m'émerveille à chaque lecture par son humour.


Résumé en trois mots : Humour, Egypte et Temps

Ce nouvel opus des annales  nous entraine dans une parodie de l'Egypte ancienne, celle des momies, des pyramides et des pharaons. Celle d'une ribambelle de dieu et des chameaux. Mais comme toujours, Pratchett sait distiller un humour, fin et sans cesse renouvelé au fur et à mesure des tomes.

Ce que j'adore, outre la façon dont Pratchett arrive à tourner tout et n'importe quoi à l'humour, il continue de trouver une façon de glisser une critique ou un reproche envers quelque chose, et ici c'est envers les états englués dans les traditions, tout comme le despotisme religieux d'un peuple. Avec évidemment quelques petites piques envers le système d'administration. Et également envers la condition des femmes dans certains pays, tout comme les obligations royales. Et quelques petites touches de guerre par dessus, pour ne pas déplaire.

Ce tome est vraiment une parodie de l'Egypte antique. Là où je trouve le contenu fabuleux, c'est que pour peu qu'on y connaisse quelque chose, on notera tout les petits détournements qu'a fait Pratchett, en se servant de ce qu'on sait sur cette civilisation antique pour en tirer le suc humoristique. Sans même chercher à s'attarder sur chaque détail (par exemple la fameuse représentation égyptienne des hommes est tournée en dérision en deux phrases). Mais l'ensemble est incroyablement bien fourni au final, avec en sus une superbe fin qui change un peu de ce qu'on a d'habitude. Et j'ai eu un tel coup de coeur pour ces momies .... Les pauvres.

Cependant, je dois être honnête : ce tome est a classer dans le bon-mais-pas-meilleur des annales du Disque-monde. Le choix du sujet est parfait, le traitement excellent, mais je n'ai pas trouvé autant que dans d'autres tomes la finesse d'esprit et l'à-propos de Pratchett autour de petites critiques sociales, comme il m'avait habitué dans tant d'autres bon tomes. Du coup, je n'ai pu me départie d'un léger sentiment de déception. Heureusement, même dans ses moments plus faibles, Pratchett reste au-dessus de la masse.

Un tome excellent, comme toujours, un cran en-dessous de ce que j'avais l'habitude avec Pratchett, mais l'auteur reste un géant de la littérature, mariant les styles avec aisance et pour notre plus grand plaisir. Si j'ai trouvé le tome un cran en-dessous en ce qui concerne le fond et les critiques acides que l'auteur arrive à nous distiller dans les lectures, je reste admiratif devant un tome qui tourne en dérision toute l'Egypte antique que nous connaissons, et avec maestro, comme à son habitude. Un tome de plus a glisser dans la série, pas forcément le meilleur, mais toujours aussi agréable à lire.

(Chronique n°292)

mercredi 2 mars 2016

Dans les forêts de Sibérie (Sylvain Tesson)

C'est en relisant quelques bribes de ce blog que je me suis fait la remarque sur ce livre, que j'étais persuadé d'avoir chroniqué, et que je ne retrouvais pas dans la base. Je répare donc cet oubli, en espérant ne pas faire de doublon avec un autre article, mais cela m'étonnerai beaucoup. J'ai vérifié les différents tags qui devraient y être rattachés, et rien du tout. Donc voici une chronique censément fraiche et neuve sur un livre que j'ai lu voila un moment. Mais dont je retiens encore suffisamment de chose pour pouvoir en faire une chronique actuellement.


Résumé en trois mots : Sibérie, Solitude et Philosophie

Ce livre est le récit d'une expérience tentée par l'auteur, à savoir l'isolement complet pendant plusieurs mois en Sibérie à côté du lac Baïkal, qui constitue la plus grande source d'eau potable en surface de la planète. Le plus grand lac d'eau douce au monde. Ce n'est pas rien, avouez-le.

En tant que tel, j'avoue ne pas avoir apprécié ce livre autant que je l'aurais voulu, étant donné l'auteur et mon avis sur mes précédentes expérience avec lui. Mais je dois le dire, ce livre m'a beaucoup moins plus que les autres, principalement parce que je ne suis pas foncièrement d'accord sur le point de vue adopté par l'auteur. Et que c'est problématique quand l'auteur nous pond un essai mélangé à de l'autobiographie.
Sylvain Tesson n'est pas un mauvais écrivain, mais je ne suis pas d'accord avec une bonne partie de sa pensée, même si je ne rejette pas l'ensemble de son écrit. Ce qui est problématique, c'est la misanthropie latente dans son oeuvre, son dégout de l'homme en général. Ce n'est pas foncièrement mauvais, mais il l'exploite largement trop et ne semble pas vouloir voir autrement. Après, je respecte son avis, qui est différent du mien. Mais je trouvais ça dommage de voir cet avis martelé en permanence, et l'auteur qui ne nous montre quasiment que des choses allant dans son sens. Certes, la fin a tempéré l'ensemble en dévoilant quelques mauvais côté de son objectif, mais je reste tout de même un peu sur ma faim à ce niveau.

Ce que j'ai aussi comme reproche à faire, c'est que l'expérience est gâché par un autre problème selon moi : l'alcool. Sans aller jusqu'à dire que le livre en fait l'apologie, je suis sidéré que l'auteur nous vante une manière de vie dans laquelle il est saoul quasiment tout les jours. Je ne suis pas hostile à l'alcool (mon foie en témoigne) et je ne reproche rien à sa consommation modéré, mais quand on frise l'alcoolisme, je regrette, c'est dommageable. Alors certes, l'auteur ne fait pas que l'exprimer, il l'explique également, mais je n'ai que moyennement apprécié cette façon de voir les choses.

Un livre qui n'est pas fondamentalement mauvais, c'est certain, mais qui ne m'a pas convenu. Il manque quelque chose, ou alors ce n'est simplement pas ma crèmerie. J'aurais voulu pouvoir lire autre chose que ce que j'ai simplement lu, et j'ai regretté que le livre manquait d'ouverture de débat. Certes, certains chapitres m'ont emmené et fait rêver du grand nord, mais principalement je n'ai pas été conquis par l'auteur et son interprétation des choses. Cependant, il m'a suffisamment intéressé pour que je continue de poursuivre ses écrits, mais en sachant que je trierais ce que je découvre. Mon conseil de lecture est mitigé, je ne sais trop que vous dire.

(Chronique n°291)

lundi 29 février 2016

Au guet ! (Terry Pratchett)

L’ami qui m’a prêté les premiers tomes de cette saga me tanne à présent pour que je lise la suite de la saga, et surtout que nous puisions en parler ensemble à longueur de temps. Ce que je serais ravi de faire, adorant déjà cet univers et ces personnages délirants. Je me répète, mais Terry Pratchett est pour moi un génie de la littérature fantasy, et ça c’est quelque chose qui devrait suffire à vous donner envie de lire la saga. Mais si vous hésitez encore, ce tome huit a tout en lui pour vous convaincre de vous plonger encore une fois dans les Annales du Disque-Monde, ne serait-ce que pour avoir une fois dans sa vie l’occasion de lire un livre vraiment hilarant. Et ça, croyez-moi, ça vaut tout l’or du monde.


Résumé en trois mots : Enquête, Dragon et Guet

Ce tome s’ouvre d’une superbe manière, et fait parti de ceux qui m’ont fait le plus rire jusqu’à présent. Sans doute est-ce ce lot de personnages hors du commun qui parsèment le livre, entre la société secrète peuplée d’attardé, le patricien qui reste un personnage haut en couleur et hilarant (mais pourquoi n’aime-t-il pas les mimes ?), ou encore les membres du guet, des gens improbables, réunis par le hasard mais pourtant merveilleusement accordés. Pour nous faire rire, surtout.
Je ne tenterais pas de vous résumer cette histoire, qui tient de l’histoire épique, mais dans laquelle nous ne suivons pas les héros qui triomphent du mal, plutôt les petites gens ordinaires qui vivotent en évitant de mourir le plus souvent possible. Ce qui, à Ankh-Morpork, relève du miracle, il faut l’avouer. Mais en même temps, c’est le guet, chargé de protéger la ville de tout problème, notamment les invocations de dragons intempestives, ou encore les bagarres de nain.

Ce que j’ai apprécié le plus dans ce livre, outre l’hommage magnifique rendu à tout ces seconds rôles qui n’apparaissent à l’écran d’un James Bond ou d’un film d’action que pour mourir dans les secondes qui suivent, c’est l’inventivité sans cesse renouvelée de Pratchett pour ses personnages (et ses histoires aussi d’ailleurs, quand je parle de génie ce n’est pas à la légère). Que ce soit Vidmaire, Carotte ou Chiquard, chacun des personnages de ce livre m’amuse du début à la fin, et j’ai adoré chaque scène, chaque réplique. Tout est tellement hilarant, entre l’humain très grand qui se prend pour un nain, le vieux qui est là depuis dix piges, le gros qui partage son lit avec sa femme (au sens premier, ils dorment dedans à tour de rôle). Et bien évidemment, lorsque tout cela est mis dans une situation gravissime, c’est encore mieux. Je ne parle pas du petit dragon, ni de la bataille finale, ni de la solution qui est apportée, une petite perle d’inventivité et d’humour. Là encore, tout le talent de Pratchett éclate dans ces idées simples mais si bien venues.

Je ne me tarirais pas d’éloge sur ce tome, ni d’arguments pour vous donner envie de le lire. C’est toujours si bon de lire Pratchett, qui est drôle lorsqu’il n’est pas en forme, et hilarant lorsqu’il est au taquet. Ce qui est largement suffisant pour tout personne normalement constituée. Mais encore plus quand on est accro à son style et son humour.


Si vous n’avez pas encore compris qu’il faut vous jeter sur les annales du Disque-monde et dévorer chaque tome en salivant de plaisir et en laissant son rire sortir tout seul, je ne peux pas vous aider plus. Ce tome est un concentré de tout ce que j’aime chez Pratchett, entre le sérieux qu’il arrive toujours à distiller dans chaque oeuvre, tout en ajoutant des personnages sans cesse géniaux et hilarants, c’est du concentré de bonheur. C’est si bon qu’on aimerai pouvoir prolonger son séjour, qui se fera à nouveau dès le prochain tome que j’ai posé bien en vue sur le dessus de la PAL. Car ce genre de saga, c’est à pousser jusqu’au bout tant c’est bon. Que dire de plus. Lisez-là, vous passeriez à côté de quelque chose autrement.

(Chronique n°290)

vendredi 26 février 2016

Une vie à coucher dehors (Sylvain Tesson)

J'ai pris ce livre simplement pour pouvoir le prêter ensuite, ce qui n'est pas exactement la meilleure manière de procéder dans le choix de livre, mais qui est assurément un bon moyen de découvrir des livres qu'on aurait jamais pensé à lire avant. Mais en tant que tel, j'avais déjà dans l'idée de le lire, et il était dans ma PAC (pile à acheter) depuis un long moment. Et entre deux livres, j'ai été ravi de pouvoir redécouvrir un ensemble de nouvelles, ce que je n'ai pas eu l'occasion de lire depuis maintenant un bon mois. C'est donc avec plaisir que j'ai entamé la lecture de mon troisième Sylvain Tesson.


Résumé en trois mots : Misanthrope, Nature et Fatalité

Ce recueil de nouvelles ne dépareille pas dans la bibliographie de l'auteur. On retrouve le Sylvain Tesson qu'on connait déjà, de ses écrits que j'ai pu lire. Entre le dégout d'une bonne part de l'humanité, la part belle aux femmes opprimées (avec toute la noblesse du geste et la justesse du propos), les personnages qui retournent à la nature, le fatalisme qui s'installe dans chaque nouvelle pour que la fin nous surprenne tout en restant sur le ton tragique qui est présent depuis le début. Bref, rien de neuf en soi, mais c'est toujours plaisant à lire et rafraichissant.

Les nouvelles sont globalement très bonnes, soit par la fin surprenante qui vient ponctuer une nouvelle déjà très sympathique, soit l'ambiance, le thème ou le style. Chacune explore un autre coin du globe, c'est en même temps une petite balade à travers le globe, sur les cinq continents. J'ai beaucoup aimé également le ton qui reste entre l'humour grinçant et le sérieux d'un monde rude et violent. Car oui, ce livre n'est pas tendre avec notre monde, bien moins qu'on pourrait le croire. Assurément, nous vivons dans une drôle d'époque, mais c'est surtout un drôle de monde, dans lequel les femmes sont toujours opprimées sur la plupart des continents, dans lequel l'homme est violent avec son prochain, dans lequel la nature est détruite de façon systématique par l'homme, dans lequel la violence est prête à rejaillir à chaque instant. Et c'est exactement ce qui est mis en avant dans ces nouvelles, où tout le monde subit les coups d'une vie pas tendre et ne peut que constater son impuissance face aux éléments. Il y a comme un concept de fatalité derrière tout ça, et bien que je ne sois pas d'accord avec cette idée,  j'ai beaucoup aimé la façon dont Sylvain Tesson la développe.

Un très bon recueil de nouvelles, à la fois diversifié et intéressant, écrit d'un style sans reproches et nous laissant pensif au final, entre dégout d'un monde et réflexion sur la vie. Sylvain Tesson est un auteur que j'apprécie parce qu'il sait mettre en mot ce qui le taraude, sa vision du monde et son dégout de l'humanité, tout en transmettant la majeur partie de ces idées à travers ses textes. Qu'on soit d'accord ou pas avec (et je ne le suis pas beaucoup), on ne peut que admirer son talent à l'exprimer, et découvrir par là-même un auteur qui dit ce qu'il pense sans concession. C'est parfois agréable de lire quelque chose d'engagé, tout en conservant son avis en tête pour ensuite débattre et réfléchir tout son saoul à tête reposée. Mais qu'un livre nous amène à réfléchir, à nous poser des questions voir à nous remettre en cause, c'est tout ce qu'on pourrait exiger de chacune de nos lectures. Celle-ci me l'a procurée, en plus d'un texte très bien écrit, alors pourquoi ne testeriez-vous pas aussi ?

(Chronique n°289)