dimanche 7 juillet 2013

De bons présages (Neil Gaiman & Terry Pratchett)


Eh oui, encore un Gaiman, mais cette fois-ci en duo avec l'auteur qu'il admire et que l'on m'a si souvent conseillé, surtout pour sa fameuse série fleuve Les annales du disque-monde, qui est apparemment une vraie merveille selon ce que j'ai entendu. En tout cas, je me suis plongé dedans pour le nom de Gaiman surtout, après toute mes autres lectures. Et voici le résultat !


Résumé en trois mots : Apocalypse, Humour et Absurde
J'avoue que le spitch de cette histoire est très alléchant, puisqu'il nous propose de vivre l'Apocalypse. Et oui, la vraie fin du monde, avec tout ce que cela peut comporter comme petits désagréments, tels que la hausse de la mortalité, les bouchons sur le périphérique de Londres ou le refroidissement de sa tasse de chocolat chaud. Et oui, car ici nous avons le droit à une apocalypse en beauté. Une apocalypse en humour ! Et oui messieurs dames. Mais je commence par la fin, passons au début. Quel est l'histoire ?

L'histoire commence onze ans avant son début. Lorsque l'on demande à un démon sur la Terre, Rampa, de s'occuper de l'Apocalypse et accessoirement de surveiller l'Antéchrist, qui va naitre bientôt. Car c'est bien l'Antéchrist qui va déclencher tout cela. Il est l'antithèse de Jésus, il est le fils du diable, le mal incarné, celui aux pouvoirs énormes qui va déclencher la bataille finale entre les cieux et l'enfer. Charmant programme, et surtout très vaste. Mais il y a un hic. Rampa ne veut pas tellement que l'Apocalypse arrive, il commence à être attaché à cette planète. Après avoir passé plusieurs siècles dessus à oeuvrer pour le diable, on a ses petites habitudes, vous comprenez ? Et ce n'est pas Aziraphale qui dira le contraire. Aziraphale, c'est un ange bien sympathique qui à le même boulot que Rampa mais pour les cieux : agir pour le seigneur. Et puis, lui aussi il est attaché à cette planète, surtout aux livres, qu'il adore. Il est libraire (sans jamais rien vendre).
Le truc, c'est que Rampa et Aziraphale sont aussi assez proches, puisqu'ils ont un peu la même conditions. Et qu'ils s'entraident, chacun aidant un peu pour le boulot de l'autre (de toute façon le boulot sera fait, alors autant s'aider et diminuer le temps de travail, non ?). Alors les deux ensembles mettent sur pied un plan d'action. Et si on faisait en sorte que l'Apocalypse n'aurait pas lieu ? C'est pas si dur, il suffit d'empêcher l'Antéchrist de tout lancer, onze ans plus tard. A deux, ils devraient y arriver.
Mais il faudra compter aussi sur des bonnes sœurs bavardes, des bébés égarés, des prophéties d'une certaine Agnès, des nouveaux inquisiteurs, des gamins turbulents et un village idyllique.

L'histoire, comme vous le voyez, joue avec les codes du genre, dans un esprit très proche de ce que fait Pratchett habituellement, c'est-à-dire de rire de tout ! Et là, on s'en prend tout le temps, puisque le livre est entièrement humoristique. De quoi bien rigoler. D'ailleurs celui qui à du bien rigoler, c'est le traducteur (qui jette même l'éponge à un moment et nous explique un jeu de mot avec une astérisque. Je pense qu'il a du sincèrement en baver, parce que retranscrire l'humour d'une langue à l'autre n'est pas chose aisée (la poésie non plus remarque ...). En tout cas le pari est sacrément réussi, parce que j'ai tout de même bien rigolé tout au long de l’œuvre (et lorsque le traducteur fait des apartés, c'est aussi très drôle).

Sinon, l'histoire est vraiment sympathique, très bien mise en œuvre, avec de l'ingéniosité, des petites retournements de situations, des idées en vrac et le tout sous un bon couvert d'humour. Le propos est bien recouvert sous le vernis de l'humour, mais il reste néanmoins intelligent et propose une petit réflexion sur l'Apocalypse et la façon de l'appréhender dans le camp du ciel et de l'enfer. Je n'en dis pas plus, pour ne pas vous spoiler, mais c'est toujours appréciable d'avoir un livre humoristique avec un fond un peu sérieux, ou au moins réfléchis.

J'ajouterai également que le style d'écriture est très fluide, et que la lecture est un réel plaisir. Le seul moment où vous allez poser le livre, c'est lorsque vous voulez rire tranquillement d'un gag en particulier et que vous n'arrivez plus trop à tenir le livre droit avec le hoquet qui vous secoue. Mais pour le reste, tout est bon, même les personnages sont bien campés.

Par contre, je dois déplorer un petit détail. C'est que je n'ai pas vraiment accroché. Je ne sais pas exactement pourquoi, peut-être est-ce par rapport aux lectures que j'avais faites juste avant et qui étaient, elles, sérieuses. Peut-être n'était-ce tout simplement pas le moment. Je ne sais pas trop. En tout cas j'ai eu le sentiment de ne pas apprécier le livre à sa juste valeur. Comme si je le lisais en me disant "C'est très bon ! Je pense que j'aimerai, mais pas aujourd'hui". Du coup ma lecture fut un peu pénible, et j'ai avancé doucement, avec l'impression d'accomplir une corvée plutôt qu'une lecture agréable. C'est pourquoi je reste mitigé dessus. En tout cas, même si je trouve le livre bien, je préfère quand Gaiman fait des livres plus sérieux et un peu plus dans le fantastique. Je trouve qu'il instaure une ambiance plus prenante. Je crois que c'est vraiment l'ambiance du récit avec laquelle j'ai eu du mal : une ambiance trop humoristique, bon enfant. Je ne suis pas trop fait pour ce genre dans les livres. En BD, ça passe beaucoup mieux selon moi.


En bref, le fait de ne pas avoir aimé me contrit un peu, bien que je trouve l'ouvrage très bon (vous avez vu l'emploi de verbe rare ?). Il appert que les deux auteurs sont bons, et que l'humour est de même facture, mais je n'ai pas été séduit par le déploiement intensif d'idées et d'humour. J'en suis fort marri, mais je pense vraiment que l'ambiance posée n'est pas celle que j'attendais du récit, et que j'attendais autre chose, ce qui fait que je n'ai pu apprécier l'ouvrage à sa juste valeur.

Ce qui n'enlève donc rien à son prestige, et je vous suggère grandement de le lire, dans le genre des ouvrages fantastique-humour, il doit tenir largement le haut du pavé. Et puis les deux grandes pointures réunies, ça ne se refuse pas. En tout cas, c'est très différent que ce que j'avais déjà lu de l'univers de Gaiman. Ce fut une surprise, mais malheureusement mauvaise. Je crois je vais essayer un autre alors, pour me réconcilier.

(Chronique n°58)

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