jeudi 13 novembre 2014

Millenium (Stieg Larsson)

A l'occasion d'un retour dans ma terre natale, je tombe sur les trois tomes de cette saga que j'avais lu voila un bon moment, et que j'avais ensuite prêté sans que je ne puisse me rappeler à qui. Et voila que celui-ci revient dans mes mains, me rappelant leur bon souvenir et me donnant également l'occasion de les relire, chose que je me suis permis de faire rapidement, peut-être un peu trop en diagonale, mais avec toujours le même plaisir et la même intensité. C'est pourquoi je me suis laissé aller à en pondre une petite chronique sur ce blog, puisque je ne pouvais tout de même pas passer à côté d'un des rares polars que j'ai lu récemment et qui ne m'a pas laissé de marbre lorsque je l'ai refermé. Sans compter que cela me permettra enfin d'ajouter la catégorie des auteurs suédois à la liste déjà longues des nationalités présentes dans la roulotte !


Résumé en trois mots : Femmes, Violence et Enquête

Je ne vais pas trop m'étendre sur l'histoire de ce livre, puisque vous avez du en entendre parler à moins d'avoir passé les dernières années dans une grotte au fin fond du désert, entre la sortie des livres avec force de publicité (méritée pour une fois) et ensuite la sortie des films. Bref, ce n'est pas ce que nous appellerons un livre peu connu.
Maintenant, qu'en est-il réellement après lecture ? Et bien, pour une fois, il faut l'avouer, la médiatisation avait du bon, puisque c'est ni plus ni moins qu'une petite pépite qui nous a été livré par cet auteur.
Comme je l'ai déjà souvent souligné, le genre du polar n'est vraiment pas mon préféré, et j'ai souvent laissé tomber un livre de ce genre pour me replonger dans ce que j'appelle des vrais genres de littérature. Mais de temps en temps, l'un d'eux arrive à me retenir suffisamment longtemps pour que je puisse le finir, et ce fut le cas de cette série, qui est pourtant massive, avec ses trois tomes plutôt épais (pour un format de poche). Qui plus est, la série m'a tenue en haleine jusqu'au bout, et je peux clamer haut et fort que je l'ai beaucoup aimée ! Comme quoi, il ne faut jamais désespérer, on peut toujours trouver chaussure à son pied.

Ce qui m'a plu plus que tout dans cette trilogie, c'est que l'auteur commence le premier comme un classique de polar, avec un premier tome d'enquête qui tourne presque au thriller. Mais les deux suivants enchainent sur les personnages plus que sur l'enquête et finissent par conclure la trilogie juste comme il faut, sans happy end tranché, avec des hauts et des bas, des bons et des mauvais côtés. Mais avec une fin, et c'est le plus important.
Cette série sait également offrir des vrais personnages, et ça fait du bien. Les héros sont extraordinaires, avec tout leurs bons et leurs mauvais côtés, mais toujours attachant. Ils aiment et souffrent, ils vivent et se battent, ce sont là des vrais héros, mais des héros ô combien humain. Et ça, ça fait rudement plaisir à lire, de temps en temps.
Enfin, il y a le sujet de toute la saga, et là c'est la cerise sur le gâteau. Profitant de son roman et de ses personnages, Stieg Larson en profite pour dresser un portrait peu flatteur de la Suède mais parle surtout de la violence faite au femme. C'est une magnifique idée, mais qui peut vite tourner en eau de boudin. Et là, je ne peux que reconnaitre tout le talent de l'auteur qui nous a gratifiée d'une morale parfaite, montrant sans détour toute cette violence faite aux femmes dans un monde brutal et sans pitié, mais également toute la force de ces femmes qui se battent pour ne pas être broyées impitoyablement. C'est, à travers ce roman, la lutte des opprimées contre un système obsolète, oppresseur et machiste.
Le roman sait jouer avec la noirceur et la violence, donnant un ton résolument sombre à l'ensemble. La vie n'est pas facile, mais ce n'est que le reflet d'un monde où des choses bien plus terribles se passent. Ce roman à également le mérite de nous intéresser à des problématiques politiques plutôt extérieur, celles entre la Suède et les pays communistes, tout ce qui nous touche un peu moins, nous autres français peu tournés vers l'est. Et il faut tirer le chapeau aux traducteurs, qui ont également réussi le pari de laisser le roman extrêmement lisible, d'un bout à l'autre.

Ce que je peux ajouter à cette trilogie, c'est le simple conseil : lisez-la. Je conseille rarement des polars et j'en lis à peine plus, mais c'est ceux de ce genre que je vous recommande. Une telle série mérite qu'on s'y attarde, autant pour sa forme parfaitement maitrisé que pour son fond qui ne peut que interpeler. C'est à la fois violent et nécessaire, mais on ne ressort pas indemne d'une telle lecture. Les personnages et leurs situations nous prennent à la gorge, et lorsqu'on en ressort c'est rempli de réflexion. Une de ces série dont je me détache à regret, tant je voudrais pouvoir continuer à voir ces personnages vivre, évoluer. Mais toute les bonnes choses ont une fin et celle-ci est au niveau du reste. Une page se tourne, et pourtant Millenium continue de nous habiter ensuite. La marque des grands romans.

(Chronique n°210)

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