samedi 29 juin 2013

L'homme qui rétrécit (Richard Mathesson)

J'aime bien certains auteurs, qui utilisent des thèmes simple pour développer leurs histoires, et qui en tirent des choses grandioses, avec des réflexions sur un peu tout ce qu'on peut imaginer, mais qui en tirent surtout. Je veux dire par là que lorsqu'on referme le livre, on se pose plus de questions qu'au début de la lecture, on est avec le cerveau qui travaille (ce qui lui est très profitable), et c'est après d'autant plus enrichissant dans des discussions avec des personnes qui l'ont lu également. C'est le genre que j'aime beaucoup, et dans lequel il faut bien reconnaitre que les romans fantastique et de science-fiction sont les plus intelligent. N'en déplaise aux autres. Et c'est dans ce genre de catégorie que je classe le présent ouvrage.


Résumé en trois mots : taille, peur et réflexion


L'auteur, Richard Matheson, nous habitue à quelques petites choses communes dans ses livres, bien que je n'en ai connu que deux, mais c'est très net. Déjà autour de la sexualité du personnage qui est encore une fois présentée sous un angle curieux et que j'ai trouvé assez dérangeant. Mais bon, c'est peut-être dû au contexte de l'écriture. Sinon, le rapport avec sa femme est assez proche de l'idée développée dans Je suis une légende, même si le contexte est très clairement différent. Par contre j'ai retrouvé également l'approche scientifique de la chose, avec des développements qu'on n'attend pas forcément (notamment autour des avantages que l'on peut trouver à être de petite taille).

Le postulat du roman laisse l'idée pour beaucoup de choses, mais ici l'ensemble du récit (ou presque) se déroule dans un cadre intime et explore tout les territoires de l'âme du personnage. En attaquant le physique du personnage, Matheson explore son psychique, allant du handicap que peut représenter le fait d'être petit dans différentes occasions, comme le cas d'une bête de foire, mais également dans ses rapports avec sa fille, et surtout avec sa femme, qu'il ne peut plus aimer avec sa taille, qu'il ne peut pas aider. C'est assez remarquable comme tournure, et l'orientation exclusive sur le personnage nous fait rentrer d'autant plus dans sa peau, avec toutes les émotions qui nous traversent également du coup.

Mais le livre parle aussi de la survie désespérée d'un homme, qui sait qu'il disparaitra un jour de la surface de la Terre en diminuant de taille, et qui lutte encore pour survivre dans sa cave, enfermé, cherchant nourriture et eau tout les jours, dans un monde qui lui est désormais hostile sous toutes ses formes. Les métaphores peuvent être prises un peu comme on le souhaite dans ce livre qui est très différent selon l'interprétation (chacun la sienne en gros). Mais j'ai le sentiment que l'araignée, c'est la peur face à la mort, qui est toujours là, tapie quelque part, et qu'il nous faut tuer pour espérer sortir enfin à la lumière. Enfin, ce n'est que mon avis.

Il faut ajouter en sus à tout ça une lecture très fluide, avec un suspense qui s'installe et des passages de toute beauté également. Les émotions et la tension se mélangent, comme un bon film d'action, et l'ensemble est juste excellemment dosé. Ça se lit et se dévore en un rien de temps, et le livre laisse une excellente impression.


Ce livre confirme à mon sens le caractère excellent de Matheson et son statut de pilier des écrivains fantastique. Sans atteindre encore les plus haut sommets, nous avons le droit à un excellent livre, qui nous fait réfléchir, avec un personnage attachant, qui va nous faire entrainer dans une histoire prenante, mais nous embarque en plus dans une réflexion qui n'est pas du tout dénudée d'intérêt. Le tout se dévore à belle dents, et les niveaux de lectures s'emboitent parfaitement.
Sans dire qu'il soit meilleur ou moins bien que Je suis une légende, il est d'une excellente facture, c'est certain. A mon avis les deux livres sont complémentaires dans leurs genres, et posent pas mal de questions sur la nature même d'un homme, chacun apportant un point de vue et les deux se complétant très bien. Tout le monde peut se poser des questions sur ce sujet, et tout le monde peut trouver ici des éléments de réponse.

(Chronique n°56)

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