lundi 4 novembre 2013

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (Harper Lee)

Ce livre aura eu une lecture assez longue, étalée sur près d'une semaine, mais j'ai dévoré la deuxième moitié du roman sans m'en rendre compte en une nuit. Ça fait du bien d'être à nouveau à fond dans un roman, sans se soucier du reste, fatigué mais content de l'avoir fini. Ce roman donc, il se lit très bien. Mais en est-il bon pour autant ?



Résumé en trois mots : Alabama, Racisme et Enfance

En  fait j'ai eu un mal fou à vraiment commencer la lecture de ce roman, pour une raison simple.
Déjà, l'histoire est narrée d'un point de vue original. La narratrice raconte, étant adulte, son enfance. Nous avons donc un double point de vue, d'un côté la narratrice adulte qui analyse de temps à autre, qui se permet des réflexions adultes, et de l'autre la petite fille qu'elle était et qui ne voit qu'avec son regard d'enfant, simple et direct, qui est d'ailleurs souvent faussé. Cette double lecture est constante dans le récit et passe sans qu'on s'en rende vraiment compte. C'est du coup une lecture a deux niveaux mais très fluide.
Cela dit, c'est aussi ce qui m'a handicapée dans ma lecture. Le récit du point de vue de la gamine est concentrée dans la première moitié du roman sur sa vie, sa ville et le déroulement de son enfance. Ce n'est pas inintéressant, mais j'ai un mal fou avec ce genre de récit. Principalement parce que ça ne réveille pas un côté nostalgique en moi et que je trouvais le récit très long. J'ai mis un sacré temps avant d'accrocher vraiment, c'est à dire lorsque le récit intègre ce fameux procès et que enfin la lecture devient plus mature. Avant ça c'est vraiment les petits gamins qui s'amusent durant l'été, faisant ce que font les gamins. C'est pas mauvais, c'est bien raconté, mais moi ça me passe complètement au-dessus de la tête.

Cela dit, cette première partie (environ la moitié du roman) est nécessaire pour plusieurs choses. Elle pose un cadre, le décor de toute la seconde partie. Ce qui m'a semblé long trouvait ensuite une utilisation et un développement dans la seconde partie. Cette deuxième partie est du coup très fluide, et exploite bien les apports de la première partie dans le cadre du procès. La mise en place est bien faite, je reconnais. Cette deuxième partie est beaucoup plus prenante, avec un fil conducteur et beaucoup plus de développement humain à mon avis. Ce n'est plus seulement des enfants jouant, c'est une adulte qui remarque combien ce qu'elle a vu étant enfant était important. Au final elle grandira rapidement lors d'un été très riche en émotion, et cette transition est très marquée.

Cela dit, le style est très bon (et apparemment plus fidèle au style de la VO) et j'ai adoré les personnages. Pas l'héroïne, ni son frère, qui sont justes des enfants sans grand intérêt pour moi. Mais le traitement des autres personnages autour est vraiment très bien fait, notamment Atticus qui est un personnage charismatique, que je rêverais de rencontrer en vrai. Les autres personnages ne sont pas en reste et au fur et à mesure du roman le machiavélisme cède place à des côtés bien plus en nuances, les personnes aigries ou méchantes envers l'héroïne acquièrent de l'épaisseur sans qu'elle ne remarque grand chose (mais l'adulte qui raconte le récit l'a bien compris). Du coup beaucoup de personnes deviennent en demi-teinte.
Enfin j'ajouterai que le roman se conclut avec audace. Une audace qui ne fait pas regretter la lecture puisque la conclusion arrive de façon imprévue et apporte encore un éclairage sur les personnages et j'ai trouvé cette fin très réussie. Elle permet d'éviter le piège de la nostalgie poussée de l'enfance (concept auquel je n'adhère pas et dont je suis très réfractaire) en se finissant sans morale véritable. Juste des personnages encore développés.


En conclusion, je dirais que c'est un très bon récit qui sait mélanger deux genres sans se planter. La première partie m'a semblé longue et je n'y ai que moyennement accroché à cause de ce côté de l'enfance très marqué et qui ne m'intéresse absolument pas, mais le roman se rattrape dans sa seconde partie et exploite à ce moment-là les apports de la première. Du coup je dois reconnaitre que le roman forme un tout cohérent et qu'il est bon. Même très bon, c'est une histoire poignante et intéressante. J'ai été transporté dans la deuxième partie et j'ai trouvé des personnages extraordinaire. En définitive, c'est un bon roman et je lui laisse largement son statut d'excellence, même si j'ai une légère appréhension du début. A lire, très certainement, ne serait-ce que pour comprendre la mentalité des années 30 en Alabama et toutes les luttes qui en découlèrent.

(Chronique n°89)


Douze de fait

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