mercredi 17 juin 2015

Angels in America (Tony Kushner)

Avant de commencer sa lecture, ce livre avait déjà un passé pour moi. Ca a commencé quand un professeur m’en a parlé. Puis lorsque je me suis retrouvé à jouer une scène du premier acte. Puis lorsqu’on me parla de la série télé (plusieurs fois). Ensuite lorsque l’une de mes amies l’a acheté pour le lire et rejouer la scène. Enfin lorsque je l’ai moi-même acheté pour le lire. Plusieurs mois avant sa lecture, j’avais déjà quelque chose qui m’attirais vers ce livre, un petit je-ne-sais-quoi. Un truc à découvrir dedans. Et enfin je l’ai lu.



Résumé en trois mots : Gays, Amérique et Amour

Cette pièce est incroyable, et je serais bien en peine de tenter de vous la résumer, de vous la décrire, ou même d’essayer de vous expliquer ce qu’il y aurait à en comprendre. Trop de choses peuvent être dites dessus. J’en ai surement laissé échapper plus de la moitié, et pourtant je vais essayer d’en parler. Mais je sais déjà que je relirais cette pièce pour essayer d’en tirer encore plus.

C’est une pièce sur les amours, de plusieurs personnes qui se connaissent ou se croisent dans New-York, à la fin de l’année 1985 et au début de l’année 1986. Une Amérique qui n’est palus innocente, tout comme les personnages qui y vivent, entre Reagan, juristes sans honneur et SIDA. Avec, par dessus le tout, des Anges. Qui viennent chercher le Prophète, et qui expliquent la vérité  : Dieu a déserté.


Cette pièce pourrait être l’exemple type du genre que je déteste. Avec une flopée de thèmes qui ne me concernent pas ou que je ne suis pas à même de comprendre, et de très nombreuses allusions religieuses que je pourrais trouver inintéressante. Mais c’est exactement le contraire qui est arrivé. Car l’auteur sait jongler entre tout ces thèmes pour qu’on s’attache à ces personnages perdus, à ces souffrances pour tous et à ces questionnements existentiels permanents. Et les croyances vont bon train en tout sens. En dieu, en un parti politique, en l’amour ou en l’autre, tout le monde croit dans quelque chose et tente de s’y accrocher, alors que les illusions se perdent toutes. Comme une Amérique qui arrête de s’abuser.

Cette pièce est émouvante, vraiment belle, et contient en elle beaucoup de réflexions. C’est une peinture acide de l’homme, de la femme et de la société, particulièrement celle des USA, mais ce n’est pas pour autant que l’espoir n’est pas permis. Rien n’es définitif, et tout va évoluer, en bien ou en mal, selon ce qu’on aura préparé avant. Et à  ce niveau là, la pièce se conclue d’une très belle façon.

J’ai vraiment adoré ma lecture, émouvante et prenante (malgré sa taille la pièce se lit très vite), avec de si beaux passages, entre rêve et visions, tout en amenant des réflexions et des questionnements plus qu’intéressant. Le tout enrobé d’un style magnifique (la traduction est d’ailleurs très belle, bravo au traducteur !) qui envoute dès les premières scènes.


Une pièce toute en beauté et qui éclate à la gueule sans qu’on ne voie rien venir. Entre beauté et douleur, c’est un portrait des personnages magnifiques, qu’on aime suivre dans leurs souffrances, leurs vies et leurs morts. Jusqu’au bout, je n’ai pas pu lâcher, et je suis maintenant ravi de cette lecture que j’attendais avec beaucoup d’impatience. De tels morceaux de littérature, ça doit se lire, se dévorer sans attendre. Et je serais ravi de pouvoir découvrir à présent la série qui en a découlée. Pour peu que vous soyez facilement touché par une pièce, lisez-là, elle en vaut la peine.

(Chronique n°284)

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