samedi 10 janvier 2015

Amarok (Bernard Clavel)



Quatrième tome, nous repartons cette fois-ci sur les routes glacées du grand nord, jusqu'au glaces de l'hiver, celles qui recouvrent jusqu'au grand océan ... Bernard Clavel continue sa traversée du temps et de l'espace aux alentours de la rivière Harricana, là où la nature est belle, et l'homme sauvage.


Résumé en trois mots : Traineaux, Chiens et Poursuite

L'histoire nous permet de retrouver des personnages du premier tome et du deuxième, avec Raoul, le coureur des bois, mais aussi Timax, le fils d'un personnage du deuxième tome. A cause d'une bagarre et d'un coup de poing, les voila obligés de partir dans le froid, en traineau, fuyant la police militaire qui les traque. Et Raoul, âgé de 65 ans, prend avec lui Amarok, le chien qui restait de son attelage. Un chien d'une fidélité hors norme.

Ce livre nous fait voyager bien plus au nord, puisque la course qui se déroule va monter jusqu'au grand océan glacial arctique, vers lequel fuient les protagonistes. C'est une plongée dans la fameuse nature sauvage, belle et puissante, dans l'hiver également, dans le froid du nord qui gèle la peau mais pas les cœurs.
Bernard Clavel nous conte ici une fuite face à l'autorité, car ces hommes perdus dans le Nord étaient loin de tout, mais parfois le gouvernement lointain se rappelle à eux. Et là, les problèmes commencent. C'est également le problème de la guerre, lointaine mais présente, qui mobilise les jeunes gens.
Mais ce roman, c'est avant tout Raoul, l'homme coureur des bois, celui qui représente l'ancien monde, lorsque l'homme courait et trappait dans les bois, celui qui n'utilisait pas le téléphone et pour qui le temps était relatif. C'est l'homme qui aime les bêtes, qui les aime au-delà des hommes. Mais c'est aussi un homme qui est attaché aux autres, qui aime sincèrement ce jeune garçon poursuivi par la police et qui cherche refuge auprès de lui, dernier représentant des hommes insoumis dans ces lieux.

Le roman nous fait la part belle aux personnages héroïques, mais humain. C'est là une qualité que Clavel ne perd jamais de vue, tout le monde est avant tout humain dans son oeuvre. Nul n'est parfait, nul n'est grand. Tous ont la même taille, la notre, celles des hommes.
Tout au long de l'histoire, cependant, l'animal sera là, avec Amarok. Le loup, en inuit, le chien de Raoul, celui qui l'accompagnera coute que coute dans son périple, jusqu'au bout du bout, à la mer arctique. Là où les glaces se forment l'hiver. Et là où finira la course effrénée de Raoul, et de Timax. Le roman marque un tournant dans la saga, puisque les premiers nous présentaient à chaque fois différents personnages qui arrivaient dans le nord et tentaient d'y vivre. Ici, le roman ne fait que reprendre les personnages existant déjà et montre le déclin de ce royaume du nord. Le temps de la construction est finie, le monde à changée de face et les personnages vont devoir s'y faire, ou se faire engloutir dans le temps. Raoul, lui, va tenter de résister. Et c'est beau.

Ce roman indique le tournant dans la saga du nord. On entrevoit maintenant la fin, qui va se dessiner, et elle ne semble pas vouloir être heureuse. L'histoire d'un homme et de son chien pourrait être banale, comme elle l'a déjà été présenté des milliers de fois, mais elle est ici insérée dans un écrin qui la rehausse. Le paysage, les personnages, la fuite de ces deux êtres perdus, le sentiment du monde qui change, la façon dont tout conduit à une fin peu heureuse, tout contribue à faire de ce roman un suspense qu'on ne lâche pas jusqu'à la dernière ligne, avide de savoir ce qu'il adviendra de nos protagonistes, mais également de voir encore ce nord, ce grand nord, froid et beau. Je ne pourrais me lasser de cette sensation de traverser les forêts du grand nord, dans cette traque impitoyable. Un tournant dans la saga, un beau roman. A lire, comme tout le reste. Pourquoi attendez-vous encore ?

(Chronique n°216)

1 commentaire:

  1. je suis très déçue par la fin : Raoul n'aurait pas dû se suicider égoïstement par amour pour son chien pour ne pas le laisser seul malheureux et pire encore car il y avait des risques qu'il se laisse mourir aussi !

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