vendredi 16 janvier 2015

Blade Runner (Philippe K. Dick)

S'attaquer à ce livre, c'est un peu atteindre la quintessence de Philip K. Dick. Toucher le coeur du problème, le fond de l'âme, le centre de la pensée. C'est le roman le plus connu de l'auteur (avec, il me semble Ubik et Le maitre du haut-château), de par son adaptation légendaire au cinéma (Harisson Ford dans un film de Ridley Scott, le bonheur), son adaptation en comics, sa réputation filmographie et sa réputation papier. Le titre est légendaire : Do android dream of electric sheep ?, titre qui changea dans l'adaptation cinématographique, remplacé par le désormais légendaire Blade Runner, au point que toutes les rééditions françaises l'ont intégré pour premier titre. Un livre qui a donné son nom à une maison d'édition française ! (les Moutons électriques, qui publient de bien belles choses d'ailleurs).
Bref, tout est en place pour que le roman impressionne de prime abord, mais également pour qu'on en attende beaucoup, ce qui amène souvent à être déçu de la lecture. Ici, point de tout cela. La baffe dans la gueule fut magistrale, et je peux vous dire, après plus de six mois, que je la ressent encore sur ma joue. Elle s'est bien marquée, nom de Dieu !


Résumé en trois mots : AnimauxAndroïdes et Empathie

Par quoi commencer ? Je dois avant tout, je pense, souligner un point concernant l'oeuvre cinématographique. Il faut bien le dire, quand j'ai commencé ma lecture, le film et toute son histoire étaient parfaitement présent à ma mémoire, ce qui me causait une appréhension quant à la surprise qui pourrait être éventée. Mais en fait ... Non. L'histoire du film est radicalement différente de celle du livre, même si au final la base est la même. Les détours sont entièrement différents, les questionnements et les angles d'approche sont incroyablement distants, tout est autre. A tel point que je tire encore plus mon chapeau au film pour le développement totalement original qu'il a proposé par rapport au postulat de départ proposé par le livre. Même les répliquants changent de comportement, ce qui est tout de même fort. En bref, si vous n'avez jamais voulu le lire par crainte de vous ennuyer après avoir vu le film, ne vous arrêtez pas à ça. Les deux oeuvres sont suffisamment différentes pour justifier une lecture complète de cet ouvrage-ci.

Maintenant que ce point est éclaircie, passons au livre uniquement. Et là ... Je ne sais toujours pas par quoi commencer. Ce livre regorge de tellement de choses à dire, que j'en suis presque incapable de vous donner le début d'une idée. C'est un foisonnement d'idées et de réflexions qui nous est proposé, avec bien évidemment la science-fiction par dessus, sans parler de cette fameuse limite entre l'homme et la machine (thème récurrent dans son oeuvre sans jamais lasser. C'est fort de café !), des problématiques environnementales (bien que juste évoquées) et des thématiques autour des animaux, de la richesse et de sa représentation, des débats sur la moralité du travail (qui consiste tout de même à tuer des gens), ...
C'est également une foule d'idées qui sont parfaites (et bien souvent qui n'ont pas été reprises dans le film, faute de pouvoir vraiment l'exploiter), tel que les boites à empathie (et tout ce qui tourne autour ensuite) et la question de l'humanité qui vient s'y greffer, ou les animaux électronique et l'attachement de l'humain à ceux-ci.

C'est également une histoire qui est greffé par dessus tout ça, et qui se paye le luxe de ne pas être trop simplette, même si elle ne révolutionne pas le polar. Mais cela dit, quand on voit la densité du bouquin, je pense qu'on peut se payer le luxe d'alléger l'histoire. Et ce n'est pas désagréable non plus d'avoir un peu de légèreté dans l'ensemble.
Car c'est lourd, très lourd. Une ambiance noire, des personnages sombres, des thématiques pesantes, des manifestations réflexions lourdes ... Tout est plutôt noir ici, mais ce n'est pas comme si l'auteur ne nous avait pas habitué à ça.


Un grand roman, c'est sur, qui mêle des thèmes en tout genre dans une réflexion extraordinaire et qui se paye également le luxe d'une histoire, de personnages et de développements très bons. L'ensemble est parfait, un grand roman qu'on déguste comme un bon vin, et qui est à mon avis dans les immanquables de la lecture, ne serait-ce que pour tout ce qu'il amène comme questionnement lorsque l'on referme le livre. Un livre de cet envergure, c'est rare et c'est d'autant plus plaisant. Ne passez jamais à côté de ça. Lisez-le, et vous comprendrez.

(Chronique n°219)

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