mardi 26 mars 2013

Le cycle de Lyonesse (Jack Vance)



Il y a quelque chose que j'aime bien dans les livres, c'est l'ingéniosité dont on sait faire preuve pour donner des noms à un genre particulier. C'est déjà compliqué dans les simplifications générales, alors quand on aborde les sous-genre, c'est encore pire. Là, cette série est qualifiée de "Light fantasy". Je suppose que c'est fait par opposition à la "Dark fantasy", mais quand même, c'est un truc de dingue comme sous-genre. Surtout qu'en fin de compte le genre ne veux pas dire grand chose.
Sinon je dirais également que cette série que je vais me faire un plaisir de chroniquer, je viens de la finir, c'est donc un avis à chaud que je ferais, mais que je suis particulièrement remonté contre l'auteur. Surtout pour la fin. Je veux dire par là la toute fin, genre les cinq dernières pages du dernier livre de la trilogie quoi. C'est particulièrement énervant quand une saga se finit comme ça. Mais je détaillerais.
En attendant je vous propose d'aller explorer une série qui fleure bon la vieille fantasy à papa, bien loin d'une série tel Ayesha de Ange, ou encore Le trône de fer de G. R. R. Martin. C'est encore la bonne vieille fantasy à la papa, mais c'est toujours aussi bon. Donc voici, messieurs et mesdames, le Cycle de Lyonesse qui vous est présenté !


Résumé en trois mots : Fantasy, Princesses et Magie

Ici, c'est typiquement le genre de fantasy que je qualifierais de "fantasy à papa". Comprenez par là que c'est le genre de fantasy qui est un peu ancien, dans un style vieillot, que le poids des ans se fait sentir (la série à été écrite entre 1983 et 1989, mais trente ans en fantasy c'est long), mais qu'on le lit toujours avec autant de plaisir. Comme dit, elle n'est pas si vieille que ça, mais le style sent résolument le vieux et l'ancien, sans que ce ne soit une tare. Mais c'est amusant quand on le lit.

L'auteur est un américain, Jack Vance, qui est spécialisé dans les romans de fantasy, et je vais prendre un grand plaisir à suivre cet auteur qui semble avoir plusieurs autres productions dans le même acabit et que j'ai vu recommandé par des lecteurs. La liste des lectures prochaine s'allonge de plusieurs pieds .... (à croire que je ne pourrais jamais tout lire .... Je me refuse à cette idée).
L'histoire va se projeter dans les Isles Anciennes, une sorte d'Atlantide médiévale. La façon dont le propos est traité est remarquablement ingénieux, puisqu'il ne fait pas vraiment de la fantasy médiévale, mais qu'en même temps il ne se plante pas farouchement dans un monde totalement imaginaire. C'est un peu entre les deux, dans la réalité historique (arrangée pour l'occasion) mais en même temps en marge de celle que nous connaissons. J'ai trouvé l'astuce particulièrement bien trouvée, et qui permet de largement se lâcher niveau inventivité tout en restant ancrée dans le réel. Elle permet de donner des bonnes bases, même si vous n'aurez une carte des îles que dans le volume 3. Oui, dans le dernier seulement. Merci l'édition !





Chacun des tomes nous fera donc voyager, avec ce qu'il faut comme péripéties sur les routes, sur la mer, dans les palais avec quelques petits soucis (mais pas vraiment d'intrigue comme on peut en trouver dans Ayesha) . Et bien évidemment, nous aurons aussi des batailles, des montagnes à franchir, des créatures féeriques (telles des ogres, des fées, des lutins, des trolls et toute cette agréable compagnie). Le tout assaisonné de magiciens qui se querellent, qui s'affrontent dans des duels camouflés (ils ne peuvent pas se permettre de se faire ouvertement face à face). L'ensemble étant savamment dosé pour ne pas paraitre ennuyeux et nous faisant voyager entre les différentes parties du continent.

Pourquoi dis-je donc que c'est une série de fantasy "à la papa" ? Et bien, de nombreux exemples viennent étayer cela. Comprenez bien que ce n'est pas un genre particulier dans lequel je range ce livre, c'est juste une impression dégagée par l'ensemble. Déjà, c'est manichéen. Le gentil se voit à des kilomètres, le méchant de même, on voit tout de suite qui va s'en sortir et qui ne vas pas y arriver, les fins heureuses seront de mises, on est dans des caricatures un peu. Ensuite, tout se fait dans les hautes sphères ou presque. Ce sont des princes, des princesses, des rois, des héritiers, des nantis ou des magiciens qui composent la trame. En clair, que des personnages qui sont issus de la haute, les autres n'ayant que très peu de voix au chapitre et apparaissant de manière beaucoup plus ponctuelle. Dans l'ensemble ils ne sont que des seconds rôles souvent très effacés dans la trame complète de l'histoire.
Mais ça marche ! Bien que ce soit assez prévisible pour plusieurs cas, que les personnages soit simples et que l'ensemble ne soit pas un summum de réflexion sur les personnages, ça marche ! Et très bien d'ailleurs. On s'attache aux personnages, on les suit avec un intérêt croissant, ils ne faiblissent jamais et ça nous plait. Au final, on peut se dire que c'était prévisible, mais on voulait quand même le suivre.

Ensuite, j'ai trouvé que les idées sont très bonnes, notamment autour des créatures féeriques et de leur rencontres avec les humains. J'aime beaucoup les forts de fées et toutes les règles et coutumes à respecter avec elles. Les autres, trolls et ogres notamment, sont intéressant aussi, et l'ensemble fait penser à ces vieux contes de Grimm ou de Perrault. C'est toujours un plaisir à lire et retomber dans cette imaginaire enfantin. Par exemple les fées qui offrent tout ce qu'il faut pour passer les épreuves, c'est classique et c'est très facile pour faire avancer les héros, mais ça marche ! On est avec, on se réjouie de ces bons coups et on continue à lire. Dans le genre, je crois que c'est une réussite dans toute sa splendeur.

Par contre, j'ai trouvé des défauts. Je dois bien le dire, il y en a plusieurs. D'abord, parfois certains termes choquent. Notamment dans le premier tome, lorsqu'il parle de serviette en coton. Je ne sais pas si c'est une erreur de traduction, mais ça m'a bloqué à la lecture, puisque le coton n'était pas encore arrivé à cette époque. Et franchement, j'ai eu un gros blocage. Heureusement que la suite ne m'a pas choqué comme ça, mais je vous garantis que sur le coup ça marque. Surtout que pour le reste, c'est très bon, c'est d'autant plus un point noir.
Ensuite, une autre chose qui m'a clairement déplu, c'est l'absence de repère spatiaux tant qu'on n'a pas clairement la carte. On est dans le flou complet au niveau des endroits, des routes, des forêts et tout le patacaisse. J'ai mis un temps fou à comprendre que le Troicinet est une île au sud du Lyonesse. En fait, j'avais absolument rien compris à la géographie de base et je croyais qu'il parlait de la France et du Royaume-Uni en utilisant d'autres noms. En clair, c'est pas sympa de ne pas avoir mis de carte avant le troisième volume (c'est le genre de détails qui tue quand même).
Et enfin, le dernier gros point noir, c'est l'échelle temporelle. Je n'ai rien compris. Mais alors rien du tout. J'ai suivi, mais les personnages, je n'ai pas capté du tout leur vieillissement. Le temps s'étire entre les tomes (je crois qu'il se passe 3 ans entre les deux premiers et 7 ans entre les deux autres), mais les personnages semblent subir un vieillissement aléatoire. L'un est plus vieux après un séjour chez les fées, mais il semble au final du même âge que l'autre qui est restée dans le temps normal (alors qu'ils doivent avoir 8/9 ans de différences). Le personnages d'Aillas semble être également un peu jeune tout le temps, Casmir pareil, et surtout je me demande s'il n'y a pas de la pédophilie quand Aillas fait un enfant à sa nouvelle compagne qui était une enfant dans le tome 2. En clair, j'ai eu du mal à comprendre l'âge respectif des personnages. C'est très confus. Mais si on passe allègrement outre et qu'on s'invente l'âge qu'on veut, ça passe quand même.

En fait, le livre est très classique dans sa trame et dans ses personnages, pas originaux pour deux sous, mais qui est tout de même prenant, regorge d'inventivité pour les créatures féeriques et dans l'ensemble très bon quand même. C'est du classique, je pense que c'est le terme le plus approprié, mais du bon classique, qui vieillit bien et qu'on peut encore lire de nos jours sans problème. Le roman souffre d'une échelle temporelle très confuse (encore qu'il faudra que je le relise) et d'une narration linéaire, mais c'est tout le temps prenant et la suite se fait désirer. Lorsqu'on a fini un livre, le suivant nous attend en faisant de l’œil et on se jette dessus sans trop attendre. La marque s'il le faut d'un livre qui mérite d'être lu. Je pense franchement que c'est un bon cru de fantasy, qui permet de passer le week-end tranquillement sans se prendre la tête, et qui est au final simple et efficace. Un cru dont j'en redemanderais volontiers, et je vais bien consulter la suite des œuvres de l'auteur.

(Chronique n°32)

Deuxième billet pour ce challenge !

1 commentaire:

  1. je n'ai pas encore lu cet auteur mais on en dit le plus grand bien, je me perds vite moi aussi si on ne mets pas de cartes sous le nez

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