Bon, nous avons abordé plusieurs livres différents, mais avec pour l'instant tous un point commun : je les ai bien aimé. Maintenant, voyons un livre que je n'ai pas beaucoup aimé. En fait, plus qu'un livre, c'est une trilogie (je vous rassure, ce ne sera pas la seule). Donc je vais enfin essayer d'appliquer ma politique. Voyons si je ne vais pas trop le descendre. Enfin, en même temps je lis rarement des critiques élogieuses sur ce sujet.
Donc, voyons ensemble un roman de fantasy tout ce qu'il n'y a pas de meilleur : Orcs de Stan Nicholls.
Résumé en trois mots : Orcs, Quête et batailles
Orcs, c'est une trilogie de Fantasy dans un autre monde, avec ses créatures extraordinaires, ses codes et ses scènes clichés. Mais avant tout, voyons l'auteur.
Stan Nicholls est un auteur britannique qui est né en 1949. Cette trilogie Orcs est son œuvre la plus connue, mais pas la seule, ayant écrit beaucoup d'autres choses en fantasy. Il est d'ailleurs, semble-t-il, doué d'un égo particulièrement démesuré suite à cette série. Je ne vais pas trop en dire sur l'auteur, au risque de devenir médisant, mais j'avoue qu'il est assez particulier.
Donc nous avons un roman qui propose de prendre comme point de vue principal les méchants des aventures de Fantasy classique : les orcs. Bon, pour l'instant il faut dire que la démarche n'est pas neuve, l'idée de donner du charisme au méchant est une idée qui date d'il y a un moment tout de même (relisez les vampires de Anne Rice qui en propose une autre approche en 76) lorsqu'il écrit sa trilogie, fin des années 90 et début des années 2000. Mais bon, il propose par là une idée qui peut être très intéressante bien exploitée.
Et bien .... Elle ne l'est pas. Comprenez bien mon propos : dans la fantasy, quelques classiques sont instaurés comme codes. Par exemple, les elfes tirent à l'arc, les hommes se battent surtout à l'épée et les nains à la hache. Ils vivent dans les montagnes, les elfes dans la forêt. Les dragons sont des créatures énormes et très vieilles, et crachent du feu. Ce sont là des codes généraux qu'utilisent la majeure partie des auteurs sauf dans quelques cas (notamment les parodies). Lorsqu'un auteur se propose donc de faire des orcs les personnages principaux, on est en droit d'avoir des gros guerriers, un peu bourrin, mangeant de la viande et violent, sauvages, etc ... Ce qui n'empêche d'ailleurs pas d'en faire des personnages très agréables.
Mais là, Stan Nicholls va nous pondre des orcs romantique. Oui, vous lisez bien, des orcs romantiques. Des orcs qui s'interrogent sur le sens du monde et de leurs actions, sur la futilité de leurs gestes etc .... Je ne sais pas pour vous, mais Conan le Barbare qui réfléchirait à la question du bien et du mal ça ne passe pas du tout. Mais bon, admettons. Supposons que l'auteur veuille faire quelque chose de plus profond.
Déjà, prenons l'histoire. Une compagnie d'orcs, nommée Les Renards, est aux ordres d'une créature puissante, sorte de sorcière, nommée Jennesta, qui règne sur une grande partie des terres. Oui, il y a plusieurs grands dirigeants, des humains convertis à une religion monothéistes, les Unis, et d'autres polythéistes (les Multis). Dans tout ça, les orcs servent la maitresse qui est particulièrement méchante et ne fait que les utiliser. Lors d'une mission, échouant en se faisant piquer ce qu'ils devaient ramener, ils décident de devenir paria et de s'enfuir. Jusqu'à là c'est bon.
On note déjà qu'il y a beaucoup de clichés (et en le lisant c'est encore pire), puisque absolument tout est téléphoné, pire qu'un blockbuster américain. On sent venir à des kilomètres les actions, le conflit Multi/Unis est une tentative bien maladroite d'afficher son point de vue sur la religion (en clair les Unis sont des méchants pas beau du début à la fin, aucune question sur leur foi et leur conversion). Mais en plus, l'histoire va proposer quelque chose d'incroyablement cliché : les héros immortels.
Soyons bien d'accord : je ne cours pas forcément après les récit du genre Game Of Throne qui tue un personnage principal par livres (même si cela est sacrément plus prenant et intéressant) mais quand les héros passent environ 1/3 des livres à se battre dans des mêlées à 1 contre 10, quand ils font des chevauchées désespérés qui réussissent tout le temps, qu'on à trois morts (ou dans ces eaux là) au final, alors qu'il se font poursuivre par absolument tout le monde dans l'univers crée, c'est franchement lassant. A la limite, pour le héros, je ne dis pas, mais absolument tout ceux qui font partie des Renards semblent partir avec neuf vies.
Ensuite, je dois dire que Stan Nicholls à fait le choix d'un monde crée de toute pièce. C'est honorable de ne pas reprendre un monde tout fait, et de faire le gros travail de création. Je suis d'accord, mais là je me demande si c'était vraiment nécessaire. Le monde n'a absolument rien d'original. Mais vraiment rien. C'est juste plat : Unis = méchant (forcément), la maitresse du début est une magicienne aux super pouvoirs qui les recherche tout au long mais en le suivant .... avec son armée (alors qu'un bon sort à distance et on n'en entends plus parler). Ensuite, les humains sont les méchants. Soit, c'est un parti pris. Mais là, c'est pitoyable. Le profil de l'humain : intégriste religieux principalement. Je veux bien qu'on ai ses idées, mais affirmée avec autant de force (d'autant qu'il les rend également très con), c'est juste lassant.
En fait, je crois que le gros problème du récit, c'est que Stan Nicholls veut absolument enfoncer ses idées et pour cela va chausser des souliers ferrés. Et quand on veut me forcer, j'ai tendance à résister.
Après, l'histoire se lit. L'enchainement est fluide et logique, mais par contre (encore !) les ficelles utilisées sont d'une grosseur énorme. Il faut trouver cinq artefacts sacrés (que tout le monde connait, mais que personne n'a eu idée de rassembler bien évidemment) qui possèdent un étrange pouvoir qu'il faut découvrir. Devinez qui va le découvrir ? (si vous ne voyez pas, la lecture vous semblera plus intéressante). On ajoute également des idées douteuses (les protagonistes se font des fixes à la drogue tout au long sans qu'il ne soit mentionné que c'est peut-être un peu douteux) et des clichés (le héros à des visions d'un autre monde qui semblerait plus beau et qu'il à l'impression de pouvoir rejoindre). Le final d'ailleurs est trèèèèès cliché également et sans la moindre surprise. Tout est convenu et téléphoné. En plus, la fin clôt le sort des héros, mais aucune indication n'est faite pour le sort du monde. C'est très énervant.
Et en sus, nous avons des gueules classiques de chez classiques : le héros fort, bon, brave, inquiet pour les siens, la fille brave, forte et courageuse (et accessoirement la seule), le vieux sage, l'étranger qui veut se faire accepter (ici c'est un nain), le héros grande gueule et plutôt casse-pieds (et qui en prends plein la figure tout au long du récit) mais avec un grand cœur au final (indice : il se dispute tout le temps avec celui qui veut se faire accepter mais est quand même son ami). Bref, absolument rien de neuf sous le soleil. Vraiment rien.
Du coup, que dire de la trilogie Orcs ? Elle est dans un schéma type de la fantasy, usant et abusant des codes, voulant faire des innovations mais qui ratent largement leurs buts. L'intrigue est trop linéaire, tout est téléphoné. Lorsque vous avez fini le livre, il n'y a rien à en tirer de vraiment concret, en terme de réflexion ou simplement d'imagination.
Cela dit, le récit est correct en terme d'écriture, fluide et intéressant. Il est parfaitement lisible, et ne perd pas ses lecteurs, ni avec les lieux ni avec les personnages. Un bon équilibre à été trouvé également avec les points de vue, mais absolument pas exploité. L'ensemble est clairement dispensable.
(Chronique n°5)
(Chronique n°5)
J'ajouterais également que l'auteur à prolongé la saga avec une nouvelle trilogie (que je ne lirais sans doute pas) et peut-être encore une autre à venir. Si vous avez aimé le premier axe, ne vous privez pas. De même si vous le trouvez d'occasion, ça peut toujours passer. Mais je pense franchement que c'est une série qui n'est pas à la hauteur de ce qu'on trouve en fantasy. D'ailleurs je ne suis pas très encouragé à suivre l'auteur.