mercredi 25 septembre 2013

Frankenstein (Mary Shelley)


Encore un classique de littérature, le genre que tout le monde connait (ou croit connaitre), c'est bien évidemment Frankenstein, dont les adaptations cinématographiques auront sublimé la créature dans des films d'horreur de série B bien connus (dont la liste serait si longue que j'y perdrais plus de temps qu'a rédiger cette chronique). Place donc au fameux monstre de littérature, à celui qui créa le mythe, voici donc Frankenstein de Mary Shelley !


Résumé en trois mots : Monstre, Créateur et Création

Donc, ce livre connu, archi-connu, lu et relu, ressassé et dont l'extraction de la substantifique moelle fut un travail de longue haleine entreprit depuis des années et sans doute aussi indigeste que cette phrase me rend donc totalement incapable de faire ici le moindre décorticage précis d'un tel monument de la littérature.
Bref, je ne peux ici que vous donner mon avis (encore une fois), sinon je vous encourage à le lire pour vous faire votre propre avis comme cela doit être le cas avec la plupart des livres de ce genre.

L'histoire est connue, mais je préfère la rappeler : Un bateau est pris dans les glaces. A bord, le jeune capitaine remonte de la glace où il dérivait un homme à moitié gelé et obstiné par une idée. Il traque un autre traineau. Cloué au lit, il raconte son histoire : Frankenstein, jeune chercheur suisse, entouré d'une famille aimante, part vivre dans une ville (Genève il me semble) et entreprend des recherches en biologie et médecine. Génie en herbe, il parvient à trouver au final la formule pour créer la vie. Mais son invention le dépasse. Effrayé par la laideur de sa créature, il s'enfuit, la laissant libre d'agir dans le monde. Un monde qui n'en veut pas. Et le créateur à des devoirs envers sa créature. A moins que ce ne soit l'inverse.

Le roman est écrit à la première personne, c'est un narrateur qui écrit à sa sœur dans la première partie, avant de laisser la parole à Frankenstein qui raconte son histoire, dans lequel la créature se retrouvera à la raconter aussi (en terme d'imbrications d'histoire c'est pas mal, surtout quand la créature raconte une autre histoire dans son récit). Il est d'ailleurs assez noir et les morts se succèdent tout au long du récit (en même temps, c'est mérité).
Le ton du récit m'a beaucoup fait penser à Dracula, sur la forme et les tournures de phrases très typées XIX ème, et puis sur certain fond, notamment question amitié, religion, croyances, bonté ... Quand on sait ce qu'a produit le XIX ème comme horreur (je déteste ce siècle), c'est assez ironique, mais le propos n'est pas là (sinon je parlerai encore demain).

Le récit à un fond très intéressant, et qui mérite plusieurs grilles d'analyse (relation entre père et fils, homme et dieu, homme et nature, créateur et son œuvre, artiste et son œuvre ...) qui conduisent à un roman complexe dans la trame, et qui mélange assez habilement les sentiments, puisque nous avons une créature haï sans qu'elle n'ai jamais rien demandé pour cela, un créateur dépassé par son œuvre et qui souhaiterai la retirer, des sentiments de haine de part et d'autres envers son opposé, mais le tout de deux points de vue. Plein de questions se posent : le créateur/la créature est-il/elle redevable à l'autre de quelque chose ? Peut-on contrôler tout ce qu'on crée ? Les métaphores abondent, et les questions soulevées sont pertinentes.

Cependant, il faut tout de même dire que le roman aurait gagné à perdre cet esprit très XIX dans le style d'écriture, et dans la narration également (je vous garantis que la description des femmes à de quoi faire hurler, d'autant plus que c'est une femme qui écrit, et que certains passages sont vraiment barbants). En tout cas, les lecteurs se régaleront d'une histoire qui n'a pas perdu beaucoup de sa force, pour plusieurs raisons, mais qui reste un peu trop ancré deux siècles en arrière et mériterait peut-être un dépoussiérage. Mais je ne crache pas dans la soupe, le roman est bon.


Ce roman, c'est vraiment de la philosophie autour de nombreuses questions et des thèmes qu'on veut y voir. L'auteure à sut bien manier les deux facettes de cette histoire pour en faire sortir tout l'intérêt (ce qu'en fait je n'ai pas retrouvé dans Dracula), et la lecture est très sympathique, assez rapide également, et se fait avec tout de même du suspense (même si je connaissais déjà la fin). En bref, le roman est toujours aussi classique mais se lit encore très bien, et je pense qu'une lecture ne peut pas faire de mal. Rien que pour son statut, et pour les débats qu'il peut succiter.

(Chronique n°70)

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