vendredi 27 février 2015

L'océan au bout du chemin (Neil Gaiman)

J'avoue avoir attendu ce roman avec impatience, pour le plaisir de pouvoir relire à nouveau un livre de Neil Gaiman, alors même que j'ai Anansi Boy qui attend sagement quelque part dans la pile de livre qui hante le pied de mon lit. Mais là je ne pouvais plus attendre, et j'ai laissé momentanément la série que je lisais pour me concentrer là-dessus, le temps de le finir en deux jours. L'alchimie a encore opérée, et c'est exactement ce que j'attendais.


Résumé en trois mots : Enfance, Féerie et Campagne

C'est curieux comme je peux me retrouver en certains livres plus que d'autres. Ou dans certains personnages plus que dans d'autres. Ici, j'avoue que plus d'une fois j'ai ressenti mon enfance (qui n'est pourtant pas si loin) et que je me suis retrouvé plongé encore plus dedans.

Sans même faire de considération personnel, Neil Gaiman est véritablement un génie. Il allie une plume étonnante de facilité avec une aisance de langage. Je félicite la traduction, qui est merveilleuse (ah, que j'aimerai pouvoir le lire en anglais, ça doit être quelque chose !), mais c'est un plaisir de lire ce genre de livre, dans lequel on est entrainé en un rien de temps pour finir par être déposé doucement dans les dernières pages. Le style nous embarque et la voix du narrateur nous berce au gré de l'histoire. Gaiman n'arrive toujours pas à me faire lâcher prise après deux pages. C'est merveilleux.

Après cela, l'histoire n'est pas extraordinaire en soi. Il y a, comme toujours chez Gaiman, des très bonnes idées qui sont disséminées dans l'ensemble, des très bons personnages, une ambiance que j'affectionne tout particulièrement, mêlant la réalité et la fiction, les livres et les univers. C'est également un retour sur l'enfance plus particulièrement, avec un cadre plus champêtre et rural (ce qui n'est pas pour me déplaire). La magie des contes se révèle pleinement dans une atmosphère baignée de sorcellerie et d'histoires pour enfant. Mais tellement efficace sur les adultes aussi.
Pour autant, l'histoire ne sort pas des cadres conventionnels, et j'aurais aimé que Gaiman nous pose pour une fois quelque chose qui sorte complètement de l'ordinaire. Ce n'est pas que je n'apprécie pas ce qu'il écrit, mais je trouve que parfois il pourrait y avoir plus de surprises et de nouveautés. C'est dommage, car avec ça on atteindrait des sommets de littérature, alors que là je suis juste dans le cadre du "j"ai beaucoup aimé mais ...". J'aimerai tant ce petit plus.


Une réussite à nouveau pour Neil Gaiman, mais en restant dans ce qu'il sait déjà faire : poser une ambiance, avoir un style d'écriture quasi-parfait, imaginer des choses incroyables et qui font rêver, mais sans avoir le scénario parfait qu'il faudrait. Ca reste un peu trop classique et j'aurais aimé qu'il explose les cadres habituels. Mais cela reste un excellent livre que j'ai pris grand plaisir à dévorer d'un bout à l'autre sans en laisser une miette. Je vous recommande sa lecture, et si vous êtes fan de Gaiman, ne perdez pas un instant !

(Chronique n°237)

mercredi 25 février 2015

Les tribulations d'un mage en Aurient (Terry Pratchett)

J'avais envie de le lire quand j'ai appris qu'on y renouait avec le personnage de Deuxfleurs, le touriste naïf et curieux du premier tome des Annales du Disque-Monde. J'avais tellement apprécié le personnage que je me suis décidé à court-circuiter le cycle complet de la saga et aller directement au tome 17, qui retrouve encore Rincevent en mauvaise posture (pléonasme). Et bien d'autre encore. Car le monde est petit, encore plus lorsque c'est un disque, alors c'est parfaitement normal de retrouver tout ceux que l'on connait ensemble. Pour notre plus grand plaisir.


Résumé en trois mots : Orient, Révolution et Guerre

Rincevent atterrit ici dans le continent Contrepoids, le grand continent richissime et clôt d'où est venu Deuxfleurs jadis, dans un passé bien lointain. Mais tout n'est pas rose en cette rieuse contrée de l'Aurient, puisqu'un livre court. Un livre d'un certain touriste : "Ce que j'ai fait durant mes vacances", d'un certain Deuxfleurs. Et dans ce livre est évoqué un certain "Grand Maje" qui leur est envoyé. Et Rincevent se retrouve encore une fois dans le pétrin.

Ce roman est agréable à lire, car le cadre dépayse complètement, dans cette parodie plutôt évocatrice de l'Orient que nous connaissons bien. Mais il rapporte à nouveau le personnage de Cohen Le barbare et sa Horde d'argent, prêt à réaliser le casse du siècle. Et effectivement, pour un sacré casse, c'est un sacré casse. Du genre que je n'avais clairement pas vu venir. Et puis nous retrouvons avec plaisir Rincevent qui ne parviendra toujours pas à faire quelque chose de concret de ses dix doigts. Un mage raté, certes, mais raté en tout. Et toujours le pion de la chance, qui joue contre le destin.

J'ai beaucoup aimé cette histoire, à la fois pour tout le comique qui s'en dégage (le simple dialogue des mages face à un canon par exemple) et qui m'a fait pleurer de rire à certains moments, en grande partie avec le charisme de Cohen le Barbare, mais également avec les références à la Chine ancienne, tout en ajoutant le communisme du petit livre rouge qui se greffe par dessus. Un vrai pot-pourri donc, mais qui m'a entrainé jusqu'au bout.

Un roman dépaysant et humoristique, pour une histoire tout à fait sympathique et qui nous fait renouer avec des héros bien connus, pour nous entrainer dans un Orient parodié qui m'a parfaitement convenu. Encore une réussite pour ces annales du Disque-Monde, et j'en suis à ne plus trop savoir comment le conseiller sans redire ce que j'ai déjà dit. Alors lancez-vous si vous n'avez pas encore essayé. Jusqu'à là, toujours bon !

(Chronique n°236)

lundi 23 février 2015

Mécompte de fée (Terry Pratchett)

Je me suis décidé pour se tome de façon complètement aléatoire et sans la moindre idée d'où il se situait dans la saga, et principalement parce que je trouvais l'idée de couverture sympathique. On a déjà vu pire dans le choix d'un livre, non ? Et puis Pratchett restera Pratchett, le Disque-Monde restera le disque monde, et cela ne changera jamais. Les séries immanquables le resteront, et j'ai découvert ici un nouveau volume de celle que j'explore plus avant maintenant.


Résumé en trois mots : Voyage, Magie et Contes de fée

L'histoire reprend le personnage haut en couleur de Esmeralda Ciredutemps, dites Mémé Ciredutemps, sorcière de son Etat, et sa collègue et néanmoins amie Nounou Ogg. Ainis qu'une troisième comparse, Magrat Goussedail, jeune sorcière qui hérite ici d'une baguette de bonne fée. Oui, une vraie baguette comme dans les contes ! Sauf qu'ici ça transforme tout en simple citrouille. Ah oui, nous retrouvons aussi le chat de Nounou Ogg, Gredin, qui tiendra ici un rôle plutôt inattendu. Mais j'en dis déjà beaucoup.

Ce tome est à la fois hilarant, mais également rempli de clin d'oeil et de parodies, intéressant sur les personnages du Disque-Monde et enfin très complet dans son histoire. Ce qui en fait un des meilleurs de ceux que j'ai lu jusqu'à présent, il faut bien le dire ! L'idée de départ m'a semblé juste agréablement sympathique, mais les développements sont extraordinaires. Outre les personnages extrêmement sympathiques des sorcières du Royaume de Logres (qui sont en fait plus craintes pour le bazar qu'elles créent que pour leur pouvoirs), nous avons le droit en première partie à un road trip des plus hilarants et qui se permet de faites plusieurs clins d'oies bien sentis, notamment à Dracula ou au Seigneur des anneaux. Ce long périple est déjà efficace pour nous décoincer les zygomates (voir les fatiguer) mais s'ouvre ensuite une deuxième partie qui m'a renversé littéralement. Arrivé dans une Louisiane où se pratique le vaudou, mélangé à un conte de fée réel où les gens se doivent d'être heureux et de faire partie d'une belle histoire, avec le caractère en acier trempé des sorcières, mais également le chat, un bal et un nain dragueur, autant vous dire que je me suis retrouvé plié de rire bien plus souvent que je ne l'aurais cru.

Ce roman est excellent, tant par son côté humoristique que par les clins d'oeil de l'auteur qui sont disséminés dans l'ensemble du livre, mais également par le ton qui sait redevenir sérieux vers la fin et trouver une façon de rajouter de la gravité dans l'ensemble de l'oeuvre, comme souvent (mais pas trop non plus, on est pas là pour tirer les mouchoirs) et enfin conclure sur l'humour habituel de Pratchett et sortir de là avec un grand sourire sur la face.

Un excellent roman des Annales, avec ce qu'il faut d'humour et de personnages haut en couleurs, de situations absurdes et rocambolesques, de détournements, de parodies et de clins d'oeil. Sans aller dans ce qu'avait pu produire Pratchett en terme de réflexions avec l'humour, nous avons ici un simple roman humoristique qui est largement suffisant pourvu que c'est ce que l'on recherche. Je vais essayer de plonger rapidement dans les autres romans de ce trio de Sorcière et découvrir ce qu'il leur arrive encore, car j'ai vraiment beaucoup apprécié.

(Chronique n°235)

vendredi 20 février 2015

Sourcellerie (Terry Pratchett)

Cinquième tome des Annales du Disque-monde, je progresse maintenant un peu plus dans l'ordre et j'ai bon espoir d'atteindre le tome 20 en lisant progressivement dans l'ordre, et ainsi pouvoir finir un jour la saga. Enfin, vu le prix, c'est pas pour demain la veille. 35 tomes quoi ! Bigre, diantre, fichtre et foutre. Mais bon, faut avouer que c'est si bon ... D'ailleurs, parlons de ce qui nous amène ici, parlons de ce tome, celui qui continue les aventures de Rincevent, mage minable de l'université de l'invisible, et qui possède comme unique preuve de sa magie son chapeau brodé du mot "MAJE". Evidemment, quand ça commence comme ça, on s'attend à quelque chose ensuite.


Résumé en trois mots : Magie, Apocalypse et Voyage

Rincevent est peut-être un mage minable, mais il n'en reste pas moins doué pour se fourrer dans les situations les plus invraisemblable et qui nécessitent son action immédiate sous peine de fin du monde. Rien que ça, messieurs-dames ! Et ici la raison est simple : un sourceleur arrive ! Un sourceleur, c'est un sorcier au carré. Un huitième fils d'un huitième fils d'un huitième fils. Là où le mage ordinaire n'est qu'un huitième fils d'un huitième fils. C'est un condensé de pouvoir, un bloc de magie brute, quelque chose qui est à même de modifier la trame du monde. Et c'est justement ça le problème.

Si j'ai beaucoup aimé l'idée de départ et le développement humoristique qui s'en suit, Rincevent restant l'éternel looser qui n'arrivera jamais à rien. C'en est presque triste parfois, tant il est minable, mais la veine humoristique vient en grande partie de lui, et le Bagage, fidèle compagnon plutôt dangereux (et également très humain pour un meuble) continue a l'assister dans ses péripéties sur tout les continents.
Mais je crois que quelque chose m'a un peu plus dérangé dans ce tome. Une impression vague et diffuse. Généralement je suis très réceptif à l'humour de Terry Pratchett, mais je crois que le sérieux est un poil trop présent dans la fin de ce tome pour que je l'apprécie à sa pleine mesure. Je suis fan de la façon dont Pratchett intègre tout à coup du sérieux et de la réflexion dans son oeuvre alors qu'on ne s'y attend pas, mais là j'ai eu un petit bof en refermant le livre, et j'ai plutôt envie de me tourner vers un autre tome pour m'amuser à nouveau pleinement. Un petit quelque chose en moins ou en plus, mais j'ai légèrement moins aimé ce tome que les autres. Le côté trop héroïque de certaines passages aussi.

Cela dit, c'est toujours très bon et l'ensemble de l'histoire contient des perles d'humour et des façons d'envisager les choses extraordinaires, alors je ne peux que vous recommander de lire ce tome, qui s'inscrit de toute façon dans la droite ligne des Annales du Disque-Monde, qui me semble être une série qu'il faut véritablement avoir lu un jour.

Je ne pense pas qu'on tienne là le meilleur tome (mais après Les petits Dieux et Le père porcher, je dois avouer que c'est difficile) mais qui continue d'une façon humoristique les aventures du mage le plus malchanceux de l'histoire de la fantasy. Beaucoup d'humour et des bonnes idées, il reste juste un détail qui m'a fait ne pas l'apprécier, et je ne parviens pas vraiment à mettre le doigt dessus. C'est bête, mais bon, on fera avec ! Et ça reste très bon à lire, alors ne vous privez pas.

(Chronique n°234)

mercredi 18 février 2015

Mortimer (Terry Pratchett)

Quatrième tome des annales du Disque-Monde, nous progressons dans la découverte de cet univers, et après avoir vu les mages de l'université et les ruelles d'Ankh-Morpork, nous arrivons dans le royaume obscur du personnage le plus implacable du Disque-Monde : La Mort, brave garçon (oui, c'est un homme) qui s'occupe gentiment de tuer tout le monde quand c'est son heure. Et bien sur, c'est l'occasion de découvrir encore plus l'humour du plus grand auteur anglais de Fantasy humoristique. Un grand auteur, qui nous manque un peu tout de même ...


Résumé en trois mots : Enfant, Mort et Amour

Ce livre s'ouvre sur la Mort qui vient chercher un apprenti et prend donc le jeune Mortimer avec lui pour lui enseigner le rude métier qui consiste à prendre la vie aux gens quand celle-ci est finie. Mais évidemment, même si Mortimer va mettre toute sa bonne volonté et chercher à satisfaire son maitre, le chemin pour devenir la Mort n'est pas le plus évident. Et c'est également difficile de deviner les conséquences de ce qu'il peut arriver quand on ne fait pas exactement ce qu'il faut faire ...

Ce livre est plutôt plaisant, même s'il n'est pas mon préféré de ce que j'ai lu jusqu'à présent. Le décalage provoqué par la mort qui s'interroge sur la vie et son sens est toujours jubilatoire, mais l'histoire en tant que tel ne m'a pas convaincu outre mesure. Elle est agréable à lire et tient la route, mais je lui ai trouvé quelques facilités un peu trop ... facile. Surtout vers la fin d'ailleurs. Après, je reconnais aussi que ce tome nous permet de faire un peu plus de découvertes sur le fonctionnement du Disque-Monde et l'organisation de la réalité. C'est également la première fois que nous abordons la famille de la mort, et celle-ci va connaitre bien des changements par la suite.

Bref, un tome dont je ressors satisfait mais pas enthousiaste comme cela arrive parfois. Ce tome reste très bon et nous plonge dans les méandres du Disque-Monde avec délice, tout en abordant pour la première fois un personnage qui ne manque pas de piquant : la Mort. C'est toujours un régal d'inventivité et de rigolade qui nous est présenté, et je ne crache jamais sur ce genre de choses. A lire, tout comme le reste.

(Chronique n°233)

lundi 16 février 2015

L'épée magique (Graham Dunstan Martin)

C'est assez dingue la mémoire. Je me rappelais avoir lu ce livre étant très jeune, au collège, et m'était resté une bonne partie de l'histoire et les illustrations. Par contre impossible de me rappeler le titre exact. Je ne vous dis pas la galère pour le retrouver, surtout que cette série est quasiment inconnu en France. Une seule édition et puis disparu, pas de retours, pas de critiques sur le net ... En somme, je fais ici une première ! Mais je voulais absolument le relire, et c'est maintenant chose faite.


Résumé en trois mots : Quête, Magie et Médiéval

Ce livre, je voulais surtout le lire pour confirmer mes souvenirs et vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une trilogie dont je n'aurais pas lu le tome 3 (ce qui m'est arrivé bien souvent). Mais après une nouvelle lecture, non, je peux vous assurer que ce n'est pas une trilogie, mais bien un diptyque qui se conclue rapidement. Le livre est vraiment très court, écrit en gros et avec illustrations. Bien plus un roman pour adolescent qu'une véritable saga de fantasy, bien qu'il contienne des choses très intéressante.

Déjà, je dois avouer que si l'on connait bien l'imaginaire fantasy et celtique, il faut avouer que l'auteur s'est bien inspiré pour composer sa trame. Des références en tout genre foisonnent dans le roman, et j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver ces différentes touches tout au long de ma lecture. Bien qu'elles ne soient pas extrèmement importante, c'est le genre de détail qui me fait apprécier un livre.
Sinon je dirais que l'histoire en général est dans un grand classique du genre, simplement une quête avec un adolescent, mais dont les principaux écueils sont évités. Du genre le meilleur ami du héros, qui n'apparait pas vraiment ici. Il y a plusieurs figures sympathiques, mais au final ce ne sont que des seconds rôles. Ensuite, les talents du héros, bien mince au final, et qui arrive jusqu'au bout plus par chance que par ses propres moyens, la compagne de l'héroïne, bien plus active que lui, et capable de bien plus que lui, qui n'apparait d'ailleurs que tardivement. Bref, ce sont des classiques mais pas exactement conforme, et ça m'a plu.

En bref, c'est un diptyque d'aventure presque conventionnel et reprenant des classiques du genre mais pas exactement comme j'avais l'habitude de le lire. La description au niveau de la biographie de l'auteur indique : "il a écrit ce livre comme il aurait voulu en lire étant adolescent", et je crois que c'est exactement ce que je pense de ce livre (que j'ai lu étant adolescent !). Un bon roman à lire quand on est jeune, de la fantasy sympathique et pas trop originale, mais qui contient des bonnes idées. Pour cela, je vous recommande de le faire lire aux plus jeunes, si vous tombez dessus un jour, au hasard des occasions. Pas désagréable comme relecture d'ailleurs.

(Chronique n°232)

samedi 14 février 2015

Souvenir (Philip K. Dick)

Je me sens parti pour lire la majeure partie des ouvrages de l'auteur, mais en même temps il me semble être tombé sur un bon filon, alors je serais bête de creuser à côté. Et puis, c'est un bon truc aussi de lire des nouvelles de temps en temps, afin d'avoir le temps de lire un récit complet durant le trajet en bus. Et puis en plus, pour une fois, j'ai vu qu'un des récits était lié au livre Le maitre du haut-château. Bref, fallait que je m'occupe de ce livre le plus vite possible, et en plus c'était lui qui trainait sur la table de nuit. Alors, je l'ai lu très vite !


Résumé en trois mots : Nouvelles, Science-fiction et Réalité

C'est curieux, parce que de la part d'un auteur aussi fou que celui que j'ai découvert, je ne m'attendais pas à une science-fiction qui explore des thèmes plutôt classique dans l'ensemble. Les voyages dans le temps, la distorsion de la réalité (bon, là c'est normal, mais beaucoup moins barré que d'habitude) et autres thèmes de voyages dans l'espace ou de mondes futuristes qui paraissent affreux. Bref, c'est un ensemble de nouvelles qui fleurent bon la science-fiction à l'ancienne, et ça surprend même si ce n'est pas si désagréable que ça.

Dans l'ensemble, les récits ne sont pas du genre inoubliable, même si certains conservent cette atmosphère si dérangeante et propre à l'auteur, et que dans l'ensemble les idées sont très subtiles et amenées de façon convaincante (en tout cas pour moi), et développés d'une belle façon. Chaque nouvelle nous entraine dans quelque chose de déjanté et qui sort complètement de l'ordinaire, avec une fin parfois un poil bancale, mais qui se suffit et ajoute un peu de charme encore à tout l'ensemble.

Sans trop m'étendre, nous avons là une excellente série de nouvelles qui raviront les fans de SF pure et dure, mais qui a aussi le mérite de présenter une facette plus classique de Philip K. Dick, auteur qui sait ne pas être si classique que ça. A lire quand on est fan de l'auteur ou pour découvrir quelques textes et gouter à la saveur de sa plume. C'est une petite mignardise avant les plats principaux.

(Chronique n°231)

jeudi 12 février 2015

L'affaire Charles Dexter Ward (H. P. Lovecraft)

De Lovecraft, j'avais lu peu de choses au regard des immanquables de cet auteur véritablement génial, perclus de défaut (le racisme et la misogynie étant les plus forts sans doutes) mais à la plume incroyablement belle et qui sait tenir en haleine ses lecteurs par des détours de l'histoire et les formes d'horreurs qui s'en échappent. Un vrai maitre du suspense horrifique.


Résumé en trois mots : Enquête, Horreur et Suspense
Il faut bien reconnaitre que Lovecraft n'est pas forcément le meilleur écrivain de suspense que j'ai jamais lu, souvent je devine avant la fin le retournement final (sauf des exceptions notamment au niveau des histoires se passant dans le monde des rêves, cf Les contrées du rêve).  Mais ce qui fait la force de cet auteur, c'est bel et bien tout ce qu'il arrive à mettre derrière ses écrits, la terreur qui en découle, les horreurs sans nom et à peine possible à voir pour l'humain, pourvu de facultés si peu développées. C'est tout le mythe lovecraftien que cette terreur qui nous prend quand on lit, toutes ces créatures, ces choses, tout ce qui s'est passé. Car au final, les livres de Lovecraft dévoilent peu de choses, c'est surtout la façon dont on l'imagine qui joue. Et la puissance de notre imaginaire est terriblement plus complexe que celle d'une simple peur ....

Ce livre est sans doute un des plus aboutis de Lovecraft, principalement parce que l'histoire prend du temps à se mettre en place. On y trouve à nouveau tout les codes Lovecraftien, mais cette fois-ci, même si je devinais bien des choses avant la révélation finale, j'ai eu le plaisir d'être encore surpris par des petites incursions que je ne m'attendais pas à voir. L'auteur prend le temps de poser à nouveau les bases d'une histoire qui semble juste faite pour effrayer mais qui prend aux tripes. C'est tout l'art de la littérature d'horreur, et Lovecraft y parvient merveilleusement bien.

Un excellent livre, que je vous recommande vivement. C'est le point culminant du Mythe de Cthulhu, si l'on peut parler de point culminant d'une telle oeuvre, et c'est là qu'on retrouve tout ce qui fait la force d'une oeuvre d'horreur. Le style de Lovecraft reste égal à lui-même, mais pour peu que l'on arrive à dépasser les tournures anciennes et les phrases anachroniques, on trouve là une excellente nouvelle qui ravira tout les fans de fantastiques et d'horreur. Personnellement j'ai aimé et j'en redemande.

(Chronique n°230)

lundi 9 février 2015

Sa Majesté des mouches (William Golding)

Enfin, enfin, enfin je lis ce livre ! Depuis des années je me disais qu'il fallait que je découvre un immanquable comme lui, et je me suis enfin lancé dans sa lecture, attendu et désirée. C'est un choix que je ne regrette vraiment pas. Ce livre n'est pas cité en tout sens pour rien. Il contient quelque chose en lui de vraiment spécial qui le fait traverser le temps, et je pense qu'il continuera encore longtemps.


Résumé en trois mots : Enfants, Jeux et Violence

Pour faire un résumé simple, c'est simplement l'histoire d'un groupe d'enfants rescapés d'un crash d'avions et qui survivent sur une île, en s'organisant à leur manière. Bien évidemment, tout ne s'arrange pas de la meilleure façon qu'il soit. Et les ennuis que peuvent provoquer les enfants vont très loin, bien plus loin qu'on ne pourrait le penser.

Je n'ai pas lu d'analyse de ce livre, qui le mérite bien pourtant, mais je pense qu'on y trouve une bonne vision de l'homme sauvage, ou au moins de la nature sauvage de l'homme. Car ces enfants sont les hommes affranchis de toutes contraintes sociales, et toute contrainte mentale. Ils font comme bon leurs semble dans la vie de tout les jours. Et les jeux deviennent de plus en plus violent. Le pouvoir est discuté, des problématiques importantes surgissent : prévenir les adultes, sauvegarder l'espace de vie, manger. Et la superstition apparait ...

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce livre, c'est que rien ne sera épargné à ce groupe sous prétextes qu'ils sont des enfants. Au contraire, la cruauté se rajoute encore par-dessus. Rien ne leur est épargné, et à travers eux, c'est l'humanité qui est visée, l'humanité qui peut se conduire comme des enfants et jouer à des jeux de plus en plus violents. C'est la façon d'être la plus sauvage, mais la plus naturelle pour l'homme. C'est jusque dans le comportement du personnage principal, qui est au début un gamin comme tout les autres et fait également preuve de cruauté, tout comme les autres.

En fait c'est assez dur de décrire ce livre ou de donner une impression claire sans trop en dire, mais j'ai vraiment beaucoup aimé et je ne peux que vous conseiller sa lecture. L'image de l'homme y est dépeinte sans scrupule et sans pincettes. C'est un grand classique, mais qui est plaisant à lire et qui n'a rien perdu de son éclat.

(Chronique n°229)

samedi 7 février 2015

Dune (Frank Herbert)

Enfin je lis ce monument de la littérature de science-fiction. Enfin je sais ce que ça veut dire Fremen, distille ou encore Harkonnen. Enfin je peux mettre une histoire sur la fabuleuse bande-originale du groupe Toto, enfin je découvre les noms que j'ai déjà entendu ou évoqué moi-même sans avoir jamais lu. C'est impressionnant comme cette série est devenue culte au fil du temps, investissant différents support (pour ce qui est du cinéma, je vous laisse visionner l'excellente chronique du Fossoyeur de films) et restant dans l'esprit comme une saga imposante qui a proposé un univers unique dans le monde de la science-fiction. Après avoir lu L'étoile et le fouet je percevais un talent assez énorme derrière l'auteur, même si sa littérature me semblait quelque peu inaccessible sur certains points. Je voulais donc m'assurer que Dune était bien ce qu'on me promettait, et que je ne m'étais pas trompé sur l'auteur. C'est maintenant chose faite, j'ai mon propre avis.


Résumé en trois mots : Désert, Politique et Religion

Wouh, je ressors tout juste de ce pavé et je reste soufflé par la tempête de sable qu'elle procure. C'est incroyable comme genre d'oeuvre, à la fois riche et dense, complexe et complète, mais en même temps lisible et prenante. Un véritable chef-d'oeuvre ? Presque, a vraiment peu de choses près.

Premièrement, oui, Frank Herbert est véritablement un génie. Sa façon de façon de faire est magnifique, puisque contrairement à beaucoup de livres qui prennent le temps d'installer les choses et de nous présenter le monde, Frank Herbert nous catapulte dedans sans la moindre indication sur l'organisation sociale et politique de l'univers (oui, parce que tant qu'a faire, autant ne pas se limiter à une seule planète, hein ?) mais sais distiller dans son histoire les informations capitales quand il y en a besoin et ne prend pas son lecteur pour un con en le laissant extraire les informations qu'il faut quand il les lit. Tout n'est pas dit explicitement, mais on comprend vite les relations et les liens envers tout le monde pour peu qu'on fasse l'effort de comprendre. Et ça, j'aime particulièrement. L'auteur laisse au lecteur la marge de manoeuvre nécessaire pour qu'il soit obligé de réfléchir sans que cela plombe le roman. C'est un grand plus, que j'affectionne particulièrement.

Deuxièmement, il faut avouer que l'auteur a su nous pondre une écriture intense. Que ce soit par son style, par le rythme, ou par l'usage qu'il fait de l'ellipse temporelle, l'auteur nous prend toujours au bon moment tout en sachant couper exactement là où il faut pour que le lecteur n'ai pas le temps de s'ennuyer. Le roman comporte bien des moments d'ombres qui sont appréciables, puisqu'on progresse dans l'histoire  de moments forts en moments forts. De plus, l'attention ne baisse jamais à la lecture puisque la réflexion est toujours présente à l'esprit du lecteur. Ce n'est pas la lecture calme et reposante de la soirée, c'est une lecture prenante et intense qui plonge le lecteur dans son univers.

Et l'univers, parlons-en. Car Dune, c'est avant tout un univers qui est riche, intense, développé et complet. Rien qu'au niveau de l'organisation politique, il reste des bouquins à écrire (et les appendices fournis le sont aussi, fournies). Et rien que ça, ça fait plaisir. On sent derrière le bouquin tout une structure qui est en place et qui densifie le monde. Bien des choses sont évoquées sans même qu'on ne les développe ou qu'on en saisisse tout le sens. Mais en lisant, j'ai compris ce qu'il fallait savoir d'elles pour l'histoire. Et au final, ça passe largement mieux que trois tartines de textes pour chaque chose. Ici, c'est simple et efficace. Mais jamais gratuit. On sent tout le travail de création d'un univers derrière, et cette complexité rend le texte puissant, car il est nourri de tout un univers qu'on ne fait qu'effleurer.

Le seul problème restant, à mon avis, est celui de l'histoire et un peu des personnages aussi. C'est le seul "défaut" que je relèverais à l'oeuvre. Car si tout est bon, il faut bien le dire, l'histoire reste un rien classique dans son développement et ne confère pas spécialement de retournements impressionnants. D'autre part, les personnages sont un peu effacés devant toute l'immensité du monde crée, et même si j'ai apprécié le développement final de Paul, qui me donne envie de lire la suite, je ne les ai pas trouvé extraordinaire. L'histoire se tient, contient d'excellentes choses, mais n'est pas exceptionnelle en soi. Et ça ... C'est dommage, mais en même temps, peut-on demander une histoire dense et fouillée dans un livre qui est déjà tellement plein de nouveauté ? Peut-être, et là-dessus je rejoins ce que je pensais sur Neverwhere, que le fait d'avoir un univers aussi vaste, tellement de choses à apporter, ne demande pas de développer une histoire au potentiel infini. Ce serait apporter trop de choses d'un coup, et je me serais sans doute fait noyer dans la masse. Alors que là, j'ai pu plonger avec délice dans un monde et dans un style.

Maintenant, j'attends la suite au tournant, et je pense que l'auteur peut se permettre de développer d'autres choses bien plus complexes dans les prochains tomes, maintenant que l'univers est posé, ou au moins esquissé. Et ça, mes amis, j'ai envie de le voir !

Je ne parle que très peu de toute la partie réflexion qui est accordé au pouvoir, à la religion, à la condition humaine, et à diverses autres choses tels que le climat, l'écologie, la biologie ou encore les relations humaines. C'est déjà assez vaste à traiter, et cet article est bien assez long. Sans même parler de l'ambiance bien particulière qui combine le désert de sable et la science-fiction, mêle les cultures et les époques. On retrouve un peu de tout, c'en est bluffant.

Pour résumer tout ce pavé, je dirais simplement que Dune est un excellent livre, à qui il manque encore un petit poil pour atteindre le summum de l'art littéraire. Mais le livre seul n'est que le prémisse d'une saga. Et c'est peut-être en elle que se trouve tout la force qui "manque" dans ce tome. Mais ce tome à lui tout seul vous invite dans un univers riche et dense, avec une histoire simple mais efficace, dans un style beau et prenant. Un tel livre ne vous lâchera pas du moment que vous faites l'effort de le lire, et ça c'est la marque de fabrique des grands auteurs. Une saga qui démarre du meilleur pied et que je vais essayer de poursuivre aussitôt que possible. Lisez-là, c'est un livre qui mérite qu'on s'y attarde.

(Chronique n°228)

jeudi 5 février 2015

Le maitre du Haut-Château (Philip K. Dick)

Et voila, le dernier livre de Philip K. Dick qui trônait encore sur mon étagère. Maintenant, la razzia est ouverte sur ce qui traine encore et qui traite de science-fiction (bon, j'ai encore deux livres de Asimov en attente, il me semble). Car à ce niveau là, c'est du génie, je le savais avant de lire celui-ci, mais nom de Zeus, que cet auteur est impressionnant. Voila fini maintenant la section "immanquable" de celui qui est considéré comme l'un des trois plus grands auteurs de science-fiction. Que reste-t-il à lire à présent ? Ah oui, tout le reste ... On est pas près d'en voir le bout.


Résumé en trois mots : Uchronie, Japon et Yi-King

Ce livre me semble être le véritable aboutissement de l'oeuvre de Philip K. Dick, et je suis bien heureux de l'avoir lu en dernier au final. Car ce livre contient en lui tout ce qu'il faut pour faire un grand roman, et quand je dis grand roman, c'est vraiment dans le haut du panier qu'il se classe. Rah, ça serait dur de trancher entre lui et Blade Runner comme LE livre immanquable de Philip K. Dick. Bon, disons que les deux sont à égalités. Dans mon coeur mais aussi dans ma tête.

Ce que ce livre apporte de plus par rapport aux autres du même auteur, c'est bel et bien le principe de l'Uchronie, principe si extraordinaire et peu souvent satisfaisant. Ici, le point de départ de la divergence historique est la tentative d'assassinat contre Roosevelt, en supposant que l'auteur de l'attentat ait réussi, que se serait-il passé ? Eh bien, la vie serait radicalement différente sur la côté ouest.

Ce roman a bien des côtés dérangeant, et mériterait une analyse de presque chacun de ses thèmes, tant il y en a. Entre l'idée d'une Amérique sous domination nippone (et qui ne serait pas plus mal), d'un livre qui guide tout le monde, d'une histoire qui suppose que les Alliées ont gagnés la guerre circulant sous le manteau, de nazis encore présent, de la suite de la guerre dans l'Allemagne vainqueur, dans les USA perdants, dans la tête des gens de tout horizons. Et puis l'art, et puis la vie de tout les jours, et puis les grandes interrogations, et puis les modes de vies. Et ce final. Mon dieu, ce final. Quel beauté, quel talent. Car c'est une réflexion superbe : qu'en retirer ? Ce qu'on veut, dirait-on.

En fait il y aurait beaucoup à dire sur cet énième roman réussi de Philip K. Dick, mais je comprends maintenant la raison de son succès et de son mythe. Il y a quelque chose d'incroyable là-dedans. De la matière à réflexion pour des années. On peut écrire des dissertations sur tout les points du livre. C'est beau et épique. Une réussite implacable, lisez-le. Un immanquable de la littérature de science-fiction, et je met Philip K. Dick dans le rang des meilleurs auteurs sans plus réfléchir. Lisez-le, bon dieu !

(Chronique n°227)

lundi 2 février 2015

Au fruits de la passion (Daniel Pennac)

Dernier roman sorti de la saga Malaussène, voici les Fruits de la passion qui clôturent l'ensemble de la série. Sixième et dernier tome, j'aurais mis plus de temps à le lire principalement parce que je ne l'avais pas trouvé avant. Lorsque je l'ai eu en main, il est passé immédiatement par la case achat et je l'ai lu en moins de deux jours ensuite, en l'intercalant dans tout les moments possible de ma journée. Cet auteur m'enchante vraiment, et je suis toujours aussi fan de cette saga. Alors, qu'en est-il de cette conclusion ?

Résumé en trois mots : Mariage, Amour et Enfants

Comme d'habitude, nous avons le même cadre et les mêmes protagonistes (sauf ceux qui meurent dans chaque autre livres), et c'est reparti pour une intrigue d'embrouilles où  notre pauvre Benjamin Malaussène se retrouve au centre sans l'avoir demandé, comme d'habitude ... Enfin, presque, puisque cette fois-ci quelques changements interviennent, et pour une fois ce n'est pas Benjamin qui est le plus visé. En même temps, pour une fois qu'il y a un mariage, et ce n'est même pas le sien !

Pour une fois, j'ai trouvé l'histoire plutôt simple et presque expédiée. Je m'attendais à un peu plus, mais le temps de vraiment voir toutes les personnes auxquelles on était habituée et le temps que les diverses actions se mettent en place, il ne reste plus grand chose du roman. C'est dommage, je pensais que la fin serait un peu plus à la hauteur du reste de la saga. On y trouve encore l'humour de la saga, la fameuse famille qui me plait toujours autant et m'amuse encore énormément, et plusieurs petits détails intéressants, mais dans l'ensemble j'ai eu moins de plaisir à lire ce livre-ci que les autres tomes de la saga. Trop court et un peu trop simple, ce dernier tome est le tome qui me laisse sur ma faim. Dommage.

Sans le déconseiller, je ne juge pas ce tome indispensable à la saga et je ne vous conseille pas ce tome, sauf inconditionnel jusqu'au bout de la saga Malaussène. Un opus qui n'est pas de trop, qui conserve beaucoup de charme, mais qui ne m'a pas retenu plus que ça. Je vais passer facilement à autre chose.

(Chronique n°226)