lundi 1 juin 2015

Un tramway nommé Désir (Tennessee Williams)


J'ai commencé cette pièce parce qu'elle est légendaire, et qu'en six mois j'ai été bassiné pendant des semaines avec ce Tennessee Williams, auteur adulé dans le milieu théâtral, tout comme Shakespeare et Tchekhov, tout deux légendaire dans leurs genres. Alors je me suis jeté à l'eau, j'ai décidé de lire un peu, pour me faire mon propre avis, une pièce de l'auteur. Et quoi de mieux que de commencer par la plus célèbre, la plus jouée et la plus vue ?


Résumé en trois mots : Couple, Amour et Violence

A la lecture de cette pièce, je crois comprendre son succès non démenti depuis des années maintenant. Et je ne sais trop ce qu’il faut en tirer. Car c’est des personnages étranges, des situations dérangeantes, une fin qui dénote et une morale douteuse. Rien n’est simple et évident, tout semble toujours nous échapper. Qui est bon, qui est honnête, qui est vrai dans cette situation qui nous est toujours étrange. Un couple heureux (?) qui voit venir une soeur dérangée (?), ruinée et malheureuse (?), une tension entre les protagonistes (?), des amours contrariés (?), tout est sujet au doute et aux remises en question.

J’ai adoré cette pièce, même si je n’ai fait que la lire, et je rêverais de la voir jouée. Car cette pièce dégage une atmosphère, une ambiance lourde et pesante, chaude et moite comme ces journées d’été dans la Louisiane, là où l’air semble pesant et les moustiques omniprésent. Dans ces quartiers où les hommes travaillent dur et les femmes vivent de peu, dans une ambiance parfois malsaine, où tout peut exploser à chaque instant. C’est une atmosphère de tension, de défi, et rien n’est clair jusqu’au couperet final qui tombera implacablement sur la scène.


Ce trio amoureux est décidément inoubliable. Entre Kowalski, homme brut et brutal, excessif jusqu’à être violent, et sa femme douce et précieuse, fille d’une ancienne lignée noble, et sa soeur, toute en extravagance et en futilités, c’est une drôle de famille qui vit sous le même toit. Car qu’est-ce qui s’est joué au final dans cette tragédie ? De l’amour ? Du désir ? De la haine ? Du ressentiment ? Des choses refoulées ? Je ne sais pas. Je pense que l’interprétation est libre maintenant. Chacun sera juge, lecteur ou metteur en scène. La messe est dite, que chacun garde ce qu’il veut.


Une pièce détonnante, qui m’a fait grande impression. C’est jouissif comme texte, à la fois brut de décoffrage et en même temps parfaitement clair. Mais que de choses derrière ce qui se dit. Une pièce qui en dit bien plus qu’elle ne laisse voir, et je vais la relire, encore une fois, pour trouver ce qu’il faut dedans. Quelque chose en est sorti et m’a heurté. Qu’est-ce que ça m’a plu !


D’autres pièces courtes sont présentes en fin de volumes, mais outre qu’elles n’ont pas le même impact, elles me semblent surtout être des brouillons ou des essais de cette pièce principal, et j’avoue qu’elles sont plus négligeables.


(Chronique n°278)

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