Bien, j'ai déjà abordé deux romans de Stephen King sans rentrer dans ses fameux romans tellement connus de l'horreur. Et bien continuons sur la lancée, et allons fouiller du côté d'un domaine où il est particulièrement doué également : les nouvelles. En fait, Stephen King est particulièrement doué pour cet exercice, qu'il a exercé durant de nombreuses années puisqu'il était payé plus facilement qu'avec ses romans (c'était la période avant qu'il ne soit célèbre). Il a fait plusieurs recueils avec (de mémoire : Différentes saisons, Tout est fatal, Minuit 2 et 4 ou encore Brume), ce qui est une excellente chose. L'un des gros avantages des recueils de nouvelles -et qui fait que je les affectionne particulièrement- c'est la capacité à picorer. On pioche une nouvelle, puis une autre, et on repose. On s'en ressert une le mois suivant, puis on lit tout d'affilé. Et en relisant, c'est très sympathique. Maintenant, le désavantage de ce genre d'ouvrage : on trouve à boire et à manger dedans. C'est bon et mauvais mélangé, et malheureusement on ne le sait pas avant d'ouvrir le livre. Une bonne chose par contre, c'est que rarement tout est mauvais. La preuve avec cet ouvrage-ci !
Résumé en trois mots : Nouvelles, Réalisme et Noirceur
Donc ces nouvelles ont toutes une particularité : elles ont été écrite après un livre. L'auteur explique dans une potface qu'il avait l'impression d'avoir encore assez d'essence dans le réservoir pour faire un petit trajet en plus : une nouvelle. Cependant, ces nouvelles sont problématiques : elles ne sont pas assez longues pour un roman, et trop courte pour être une nouvelle a part entière. Du coup, il en a tiré un livre complet plutôt, regroupant pour cela quatre nouvelles. Le tout arrosé bien évidemment des habitudes de Stephen King pour le suspens et l'horreur. Pour parler efficacement de ces nouvelles, je vais les voir dans l'ordre, afin de vous donner un meilleur aperçu. Retenez bien que toutes ces nouvelles ne sont pas forcément fantastiques avant de commencer. D'ailleurs très peu le sont en fait. Mais parlons en en détail.
Le titre, comme vous l'aurez compris, fait références aux quatre saisons et du coup chaque nouvelle représente une saison. D'ailleurs, ce découpage est pas mal.
Espoir, éternel printemps : Rita Hayworth ou la rédemption de Shawshank
Il se peut que cette histoire vous rappelle quelque chose. Non, rien du tout ? Et si je vous dit Morgan Freeman, Tim Robbins, Andy Dufresne, Red, la prison ... Toujours rien ? Mais enfin ! Les Évadés bien sur ! Le film sorti en 1994 et qui est tellement célèbre.
Pourquoi je vous parle de ce film ? Et bien, parce que cette nouvelle est celle dont s'est inspiré le film. Je dois dire que j'ai eu la chance/malchance de lire la nouvelle avant le film (celui que vous connaissez en premier vous spoil l'autre). Du coup j'ai été très agréablement surpris en voyant le film, car pour une fois, l'adaptation est vraiment fidèle au livre. Je vous parle par là d'un suivi fidèle de la trame narrative, d'une mise en image du propos et surtout de rajouts intéressants.
L'histoire donc, est celle d'un employé de banque, nommé Andy Dufresne, qui se retrouve en prison lorsqu'il est accusé du meurtre de sa femme et de son amant. Malheureusement pour lui, il est innocent, et est enfermé pour la vie. En prison, il va rencontrer Red, un homme qui sert de convoyeur à toutes les marchandises qu'on peut trouver en prison. Et ce Red va commenter le passage que fera Dufresne en prison. Un passage mouvementé d'ailleurs.
Cette nouvelle, je dois dire qu'elle est vraiment parfaite pour l'adaptation à l'écran. Il y a une bonne intrigue, un suspens incroyable, une idée très bien développé et plusieurs autres intérêts, notamment sur la vie en milieu carcérale (maintenant, la nouvelle date un peu, mais elle est bien aussi). Le tout étant commenté en voix off par cet homme désabusé qui est en prison à vie également (il a envoyé sa femme s'écraser contre un pilier pour toucher l'assurance) et qui apporte un regard assez pessimiste sur la société. Cependant, le titre donne le ton. Le message d'espoir est présent dans tout le roman et franchement l'histoire est prenante.
En fait, je ne pense pas que ce soit une histoire sublime, immanquable et rivalisant d'ingéniosité, mais elle est très lisible, prenante (une des spécialité de Stephen King) et au final d'une très bonne qualité. Et surtout, contrairement à un polar de Agatha Christie, on peut la relire, vu que tout n'est pas seulement centré sur une enquête. Le fait de savoir la fin ne gâche pas la relecture.
En fait, je ne pense pas que ce soit une histoire sublime, immanquable et rivalisant d'ingéniosité, mais elle est très lisible, prenante (une des spécialité de Stephen King) et au final d'une très bonne qualité. Et surtout, contrairement à un polar de Agatha Christie, on peut la relire, vu que tout n'est pas seulement centré sur une enquête. Le fait de savoir la fin ne gâche pas la relecture.
Été de corruption : Un élève doué
Là, nous atteignons allègrement les sommets en terme de récits. Je vais essayer de ne pas trop m'étendre, mais cette nouvelle là est à mon avis la meilleure de toutes celles du recueil.
L'histoire, c'est celle d'un petit garçon aux États-Unis dans les années 70, qui se rend compte qu'une personne qui vit dans sa ville est un ancien nazi qui à dirigé des camps de concentration. A présent c'est un vieil homme, ruiné et vieux, qui picole et qui fume comme un pompier. Cet homme, le garçon va le rencontrer. Il va lui parler, expliquer qu'il sait, et commencer un jeu de chantage avec ce vieux bonhomme. Pas un chantage d'argent, oh non ! Un chantage d'une autre forme, très sombre pour un enfant si jeune ...
Le récit est ici très réaliste. Pas de vampires, pas magie, pas de trucs qui jaillissent de n'importe quoi. Non, juste un homme vieux qui à fait de vilaines choses, et un enfant jeune qui est un vilain. Car dans ce récit, le pire n'est sans doute pas le vieil homme, mais le jeune Tod. Un monstre, mais un élève doué. Très doué d'ailleurs. Je peux vous dire que ce récit à de quoi vous faire dresser les poils sur la nuque, et en plus il est sacrément glauque mais du début à la fin. Car le récit s'étale sur une longue période. Plusieurs années vont passer. Et surtout, ce qui est sans doute le pire, aucune explication ne sera donnée. Vous n'aurez absolument rien pour comprendre ce qui se passe. Vous êtes simple spectateur, juste regardant les événements découler les uns des autres. Et ce garçon, flippant ! De quoi vous donner des cauchemars. Il n'est absolument pas une incarnation du mal, mais juste une personne qui fait peur. Vraiment peur, surtout que ce petit garçon pourrait être celui que vous croisez dans la rue tout les jours.
Vous aurez compris, cette nouvelle à de quoi faire peur et donner des insomnies. En fait, je pense que Stephen King touche un point particulièrement sensible dans l'âme humaine, celle de la proportion à faire le mal. Dit comme ça, c'est très manichéen, mais en lisant je peux vous garantir que vous aurez une vision très curieuse de l'affaire. D'autant plus sur le vieil homme, qui est très dérangeant, mais en même temps juste un vieil homme faible qui à enterré son passé et voudrait bien ne plus jamais le voir ressortir. Là dessus, la fin est plus qu'éloquente. Mais je n'en dirais pas plus.
A mon sens, cette nouvelle est la plus réussie de l'ensemble, avec une dimension angoissante et oppressante qui domine largement, et plein de noirceur qui ressort. Je ne sais pas trop ce qu'il faut en tirer, mais je vous garanti qu'elle ne laisse pas de marbre.
A mon sens, cette nouvelle est la plus réussie de l'ensemble, avec une dimension angoissante et oppressante qui domine largement, et plein de noirceur qui ressort. Je ne sais pas trop ce qu'il faut en tirer, mais je vous garanti qu'elle ne laisse pas de marbre.
L'automne de l'innocence : le corps
Là par contre, on touche une nouvelle qui est moins intéressante. L'idée de base est vraiment bien, et je la trouve bien exploitée. Le souci vient du fait que je ne suis pas du tout sensible à ces thèmes.
L'histoire va se concentrer sur un gamin, dont le frère est décédé et les parents évanescent depuis, qui à trois excellents amis. Ces trois amis et lui vont organiser une promenade, car un de leur camarade, disparu depuis plusieurs jours, à été retrouvé par des grands près de la voie ferré, mort. Les trois gamins décident alors d'aller voir de leur propres yeux ce cadavre. Ils vont longer les rails et avancer seuls.
Là encore, vous ne trouverez pas la moindre once de fantastique dans tout le récit. Il y a seulement quatre amis très jeunes qui vont devenir adulte, comprendre certaines choses de la vie et grandir considérablement dans une sorte de métaphore du fait de grandir.
Le souci à mes yeux dans le récit, c'est justement l'enfance. C'est un des thème qui me touche le moins. L'innocence de ce monde qu'on vante est déjà faux, et heureusement que Stephen King le représente dans toute sa brutale réalité, mais le thème reste tout de même très lointain pour moi. Etant petit, je voulais surtout devenir adulte, et je n'ai pas vraiment de nostalgie de cette époque. Du coup, la lecture était intéressante, mais ne m'a fait ni chaud ni froid.
Cependant, si elle ne m'a pas touchée, elle reste néanmoins très bonne. Tout est bien fait, et comme dit, le récit est très violent. Entre les enfants eux mêmes, avec leurs relations aux adultes, et surtout dans leurs relations avec les plus grands qu'eux (les grands frères qui sont plus fort). Un monde de violence et de conflit qui sera en dehors le temps d'une marche tranquille le long des rails. Là encore, la fin est vraiment très bien faite, et le tout est superbement mis en scène. C'est dommage, j'aurais vraiment voulu aimer. Mais je n'y ai pas été sensible. Je regrette, mais c'est comme ça.
Un conte d'hiver : La méthode respiratoire
Pour cette dernière nouvelle, nous avons le droit à une histoire à tiroir. Mais si, vous ne voyez pas ? Le principe des Milles et une nuits, l'histoire dans l'histoire ! C'est pourtant évident !
Le personnage principal est un vieil homme, qui va rentrer dans un club particulier dans New-York. Il va voir du monde, trouver plein de salles, et surtout entendre des histoires. Car ce club est un club où des histoires se racontent. D'ailleurs, la cheminée du salon principal est gravé d'une devise : C'est l'histoire, pas celui qui la raconte. Et, vous l'aurez deviné, le récit va nous proposer d'écouter une histoire qui se raconta dans ce club, un soir de Noël. Une histoire dingue, car elle parle d'accouchements et de médecine au début du siècle. Cette fois-ci par contre, nous aurons le droit à un peu de fantastique. Mais seulement un petit peu, comme SK nous à habitué dans bien d'autres romans.
Le récit va d'ailleurs nous emmener dans une vision de la société ancienne, où être enceinte sans être mariée est proscrit, où l'accouchement est prévu avec des règles absurdes. Le personnage racontant cette histoire est un ancien médecin qui a eu une patiente un peu particulière. Je vous laisse découvrir la teneur du récit, qui touche plus au fantastique cette fois-ci, mais celui-ci est encore une fois très bon. Le récit est toujours prenant, révoltant aussi, et la fin digne de SK. Le principe de l'histoire à tiroir est bien mis en scène, et finalement nous ne saurons pas laquelle des deux SK voulait nous raconter en priorité. C'est assez amusant comme petit jeu.
En conclusion, nous avons là quatre excellentes nouvelles, très longues pour des nouvelles mais plus courtes que des petits romans, et d'une qualité remarquable. Chacune est dans un genre particulier mais tout aussi bien, et surtout l'ensemble se lit et relit vite, facilement, et avec envie. L'écriture est toujours aussi prenante, les récits ont une belle force, et tout l'ensemble est vraiment bon. Je pense que les nouvelles de ce recueil sont les meilleures qu'il ait jamais écrites, ce qui nous donne un excellent prétexte pour commencer la lecture sans plus attendre.
(Chronique n°28)
(Chronique n°28)
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