Là, nous allons aborder un sujet que j'affectionne particulièrement, une petite BD que je trouve superbe et qui en plus traite d'un sujet que j'aime beaucoup. En effet, vous savez peut-être que je suis une personne aimant particulièrement l'île de Cuba et son histoire si particulière dans le siècle. Mon attrait pour l'île est venue avec ma découverte de la BD Le tueur qui est assez monumentale et qui en plus nous apporte un point de vue assez nouveau sur l'île de Cuba, en dehors des cadres habituels. Je me suis donc renseigné un peu plus, et il faut avouer que l'île de Cuba à connu une histoire très particulière qui est encore liée actuellement à son dirigeant principal de ces dernières années : Fidel Castro (et son frère qui est actuellement en poste). C'est une histoire bien spécifique, très curieuse mais intéressante, et surtout à l'encontre de nombreux clichés sur un pays dirigé par des dictateurs (je pense par là à son taux d'alphabétisation, sa situation au niveau de la santé exceptionnel ou le fait qu'il s'agit d'un pays ayant le moins violé les droits de l'homme selon Amnesty international ...). Et cette histoire, je l'ai un peu plus découverte avec la lecture de cette BD-ci. C'est pourquoi je vous en propose aujourd'hui la chronique, en espérant vous donner envie de la lire un jour.
Résumé en trois mots : Cuba, Castro et Révolution
Donc, commençons par les choses simples : connaissez-vous l'histoire cubaine et la façon dont le pays à évolué durant le vingtième siècle ? Non ? Alors il est temps de vous renseigner sur ce pays, très proche de l'Amérique (ce qui d'ailleurs entraina de nombreux soucis ...) et qui connait encore actuellement un blocus complet qui l'asphyxie littéralement. Et qui pourtant continue à vivre après toutes ces années. C'est quelque peu sidérant la force qu'il possède.
Pour faire simple, l'auteur est un allemand, ce qui en soit est assez peu courant dans le monde de la BD (la tradition de la bande-dessinée n'est pas du tout forte dans ce pays, bien qu'il ponde régulièrement des chefs-d’œuvre). C'est pourquoi nous avons eu l'édition en 2012 alors que le livre date de 2010. Mais ne nous plaignons pas, l'édition française à le droit à une très belle couverture en plus, ce qui est déjà pas mal. Et Casterman fait souvent du bon boulot sur ses ouvrages, la collection Ecritures ne faisant pas défaut. Je le souligne surtout parce que d'autres font du boulot de merde (j'ai relu les Rubriques-à-brac et je dois dire que les pages qui se décollent c'est chiant). D'ailleurs en parlant de l'édition, je précise que l'album contient un carnet de croquis en fin d'ouvrage, réalisé par Reinhard Kleist durant son séjour.
Pour des petites précisions, l'auteur n'est pas spécialement connu, ayant surtout fait des ouvrages biographiques (la vie de Johnny Cash notamment) et un livre intitulé Le boxeur qu'il me reste à lire. Cet allemand va, en 2008, partir pour quatre semaines à Cuba après des envies liées notamment aux discussions qu'il avait eu avec les personnes ayant été à Cuba. Il se fait donc un plaisir d'aller vérifier par lui même les dires.
C'est donc à la suite du voyage qu'il s'est décidé à faire cet ouvrage, à mi-chemin entre la biographie et le roman historique. Je vais vous expliquer pourquoi tout de suite.
En fait, l'ouvrage part sur la vie d'un homme n'ayant pas existé, Karl Mertsen, journaliste-photographe allemand (et double fictif de l'auteur dirait-on ...), qui raconte sa vie à Cuba, depuis son arrivée en 1958. En fait il ne quittera plus jamais le sol cubain, fixé pour toujours à cette nouvelle patrie qu'il a appris à découvrir.
Le récit se présente donc comme le point de vue de cet allemand sur toute la révolution cubaine et ses suites. C'est assez amusant, car en fait la Révolution, grande héroïne du récit, est tout simplement incarnée par un seul et unique homme : Castro. C'est assez amusant, mais il est a lui seul le pilier, le soutien de tout l'ouvrage. Une gueule du siècle, parfaitement !
Le récit est découpé en trois grandes parties, chacune faisant état d'un moment particulier de la révolution cubaine : le premier explique son départ et son combat, le second présente la victoire et l'installation, la troisième les déceptions et les résultats de la révolution. Et en prime nous avons le droit à une magnifique postface qui est constituée par une "interview" de Castro à l'heure actuelle, malade et fatigué, mettant un point d'orgue à tout le récit.
En fait, je l'ai déjà dit, mais le récit présente surtout l'histoire de la Révolution cubaine et plus généralement de Cuba. Mais cette histoire est totalement indissociable de Castro, figure qui incarne les 50 dernières années de la vie cubaine. Un homme au charisme terrible, il faut bien l'avouer. Le livre présente d'ailleurs sa vie depuis le début -c'est-à-dire son enfance dans une plantation- mais durant plusieurs périodes se concentre uniquement sur la vie des petits habitants de Cuba. Et c'est là une des grande force du récit, alternant les points de vues des diverses personnes, aussi bien les grands que les petites gens. Ce qui d'ailleurs permet de se rendre compte de la complexité du système cubain : ce n'est pas un modèle de démocratie, mais personne n'y meurt plus de faim (tout le monde ayant peu a manger, mais chaque jour). Doit-on blâmer cette politique ? Certains disent oui, d'autres non ...
Et puis Castro. Un homme qui fascine, c'est certain. Éduqué, brillant, éloquent, cultivé, amoureux, passionnée, dévoué à sa cause (la Révolution) et à son pays jusqu'au bout, c'est un homme très complexe sur lequel on ne sait trop que penser. Je le trouve très fascinant. Sa vie est mouvementé dans tout les sens, et pourtant je l'admire pour tenir encore sa ligne directrice, quoi qu'il advienne. Acharné ou obstiné, selon les points de vue, il reste dans son optique au but noble : combattre la pauvreté, ne plus voir des gens délaissé, aider les déshérités. Mais ce système parfait ne convient pas à tout le monde, et Castro connait des déconfitures ...
Bien évidemment, nous verrons également le Che dans l'ouvrage, mais aussi Raoul Castro (le frère de Fidel) qui est d'une importance que je n'aurais pas du tout soupçonné au premier abord. Un autre héros qui est resté dans l'ombre de Fidel et du Che. D'ailleurs nous aurons droit à plusieurs autres gueules dans le récits, toutes aussi intéressantes.
Dans tout ça, la narration est superbement bien faite. On ne se perd jamais malgré les voyages dans le temps et l'espace, les personnages sont charismatiques, on est captivé par la mise en forme du récit. Et plus que tout, on est impatient de voir comment tout se finira. C'est d'ailleurs assez triste comme fin, et l'auteur laisse bien voir qu'il est peiné de voir cette révolution échouer comme tant d'autres. C'est une façon subtile de mettre en scène, mais on est pris avec. J'ai trouvé le tout superbe, et c'est avec un intérêt certain que j'ai suivi toute la lecture. Je ne pensais pas au début, mais il est vraiment beau.
En conclusion, que penser de l'ouvrage ? C'est une belle chronique de l'histoire de Cuba et de son leader Fidel Castro. Certes, l'ouvrage est clairement orienté vers un point de vue, mais je dirais que personne n'est vraiment neutre en parlant de Cuba. Aujourd'hui encore, les débats font rage, et cet ouvrage essaye de ne pas se poser clairement dans un camp ou dans l'autre. La révolte Cubaine à eu ses bons et ses mauvais côtés, mais elle n'est pas simple à appréhender, et Cuba actuel est encore complexe, comme tout pays. Le manichéen, ça n'existe pas dans le monde, et l'ouvrage nous le rappelle d'une belle façon. S'instruire et se distraire, c'est toujours passionnant, et l'ouvrage ici nous le fait sentir d'une belle façon. A lire, je le recommande très fortement.
(Chronique n°22)
Pour faire simple, l'auteur est un allemand, ce qui en soit est assez peu courant dans le monde de la BD (la tradition de la bande-dessinée n'est pas du tout forte dans ce pays, bien qu'il ponde régulièrement des chefs-d’œuvre). C'est pourquoi nous avons eu l'édition en 2012 alors que le livre date de 2010. Mais ne nous plaignons pas, l'édition française à le droit à une très belle couverture en plus, ce qui est déjà pas mal. Et Casterman fait souvent du bon boulot sur ses ouvrages, la collection Ecritures ne faisant pas défaut. Je le souligne surtout parce que d'autres font du boulot de merde (j'ai relu les Rubriques-à-brac et je dois dire que les pages qui se décollent c'est chiant). D'ailleurs en parlant de l'édition, je précise que l'album contient un carnet de croquis en fin d'ouvrage, réalisé par Reinhard Kleist durant son séjour.
Pour des petites précisions, l'auteur n'est pas spécialement connu, ayant surtout fait des ouvrages biographiques (la vie de Johnny Cash notamment) et un livre intitulé Le boxeur qu'il me reste à lire. Cet allemand va, en 2008, partir pour quatre semaines à Cuba après des envies liées notamment aux discussions qu'il avait eu avec les personnes ayant été à Cuba. Il se fait donc un plaisir d'aller vérifier par lui même les dires.
C'est donc à la suite du voyage qu'il s'est décidé à faire cet ouvrage, à mi-chemin entre la biographie et le roman historique. Je vais vous expliquer pourquoi tout de suite.
En fait, l'ouvrage part sur la vie d'un homme n'ayant pas existé, Karl Mertsen, journaliste-photographe allemand (et double fictif de l'auteur dirait-on ...), qui raconte sa vie à Cuba, depuis son arrivée en 1958. En fait il ne quittera plus jamais le sol cubain, fixé pour toujours à cette nouvelle patrie qu'il a appris à découvrir.
Le récit se présente donc comme le point de vue de cet allemand sur toute la révolution cubaine et ses suites. C'est assez amusant, car en fait la Révolution, grande héroïne du récit, est tout simplement incarnée par un seul et unique homme : Castro. C'est assez amusant, mais il est a lui seul le pilier, le soutien de tout l'ouvrage. Une gueule du siècle, parfaitement !
Le récit est découpé en trois grandes parties, chacune faisant état d'un moment particulier de la révolution cubaine : le premier explique son départ et son combat, le second présente la victoire et l'installation, la troisième les déceptions et les résultats de la révolution. Et en prime nous avons le droit à une magnifique postface qui est constituée par une "interview" de Castro à l'heure actuelle, malade et fatigué, mettant un point d'orgue à tout le récit.
En fait, je l'ai déjà dit, mais le récit présente surtout l'histoire de la Révolution cubaine et plus généralement de Cuba. Mais cette histoire est totalement indissociable de Castro, figure qui incarne les 50 dernières années de la vie cubaine. Un homme au charisme terrible, il faut bien l'avouer. Le livre présente d'ailleurs sa vie depuis le début -c'est-à-dire son enfance dans une plantation- mais durant plusieurs périodes se concentre uniquement sur la vie des petits habitants de Cuba. Et c'est là une des grande force du récit, alternant les points de vues des diverses personnes, aussi bien les grands que les petites gens. Ce qui d'ailleurs permet de se rendre compte de la complexité du système cubain : ce n'est pas un modèle de démocratie, mais personne n'y meurt plus de faim (tout le monde ayant peu a manger, mais chaque jour). Doit-on blâmer cette politique ? Certains disent oui, d'autres non ...
Et puis Castro. Un homme qui fascine, c'est certain. Éduqué, brillant, éloquent, cultivé, amoureux, passionnée, dévoué à sa cause (la Révolution) et à son pays jusqu'au bout, c'est un homme très complexe sur lequel on ne sait trop que penser. Je le trouve très fascinant. Sa vie est mouvementé dans tout les sens, et pourtant je l'admire pour tenir encore sa ligne directrice, quoi qu'il advienne. Acharné ou obstiné, selon les points de vue, il reste dans son optique au but noble : combattre la pauvreté, ne plus voir des gens délaissé, aider les déshérités. Mais ce système parfait ne convient pas à tout le monde, et Castro connait des déconfitures ...
Bien évidemment, nous verrons également le Che dans l'ouvrage, mais aussi Raoul Castro (le frère de Fidel) qui est d'une importance que je n'aurais pas du tout soupçonné au premier abord. Un autre héros qui est resté dans l'ombre de Fidel et du Che. D'ailleurs nous aurons droit à plusieurs autres gueules dans le récits, toutes aussi intéressantes.
Dans tout ça, la narration est superbement bien faite. On ne se perd jamais malgré les voyages dans le temps et l'espace, les personnages sont charismatiques, on est captivé par la mise en forme du récit. Et plus que tout, on est impatient de voir comment tout se finira. C'est d'ailleurs assez triste comme fin, et l'auteur laisse bien voir qu'il est peiné de voir cette révolution échouer comme tant d'autres. C'est une façon subtile de mettre en scène, mais on est pris avec. J'ai trouvé le tout superbe, et c'est avec un intérêt certain que j'ai suivi toute la lecture. Je ne pensais pas au début, mais il est vraiment beau.
En conclusion, que penser de l'ouvrage ? C'est une belle chronique de l'histoire de Cuba et de son leader Fidel Castro. Certes, l'ouvrage est clairement orienté vers un point de vue, mais je dirais que personne n'est vraiment neutre en parlant de Cuba. Aujourd'hui encore, les débats font rage, et cet ouvrage essaye de ne pas se poser clairement dans un camp ou dans l'autre. La révolte Cubaine à eu ses bons et ses mauvais côtés, mais elle n'est pas simple à appréhender, et Cuba actuel est encore complexe, comme tout pays. Le manichéen, ça n'existe pas dans le monde, et l'ouvrage nous le rappelle d'une belle façon. S'instruire et se distraire, c'est toujours passionnant, et l'ouvrage ici nous le fait sentir d'une belle façon. A lire, je le recommande très fortement.
(Chronique n°22)
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