lundi 12 janvier 2015

L'angélus du soir (Bernard Clavel)



Fin des lectures avec ce cinquième tome (il y a bien un sixième, mais je l'avais lu avant), et la fin pour moi de cette plongée dans le froid mordant du nord, celui qu'affectionnait tant Jack London et que j'ai retrouvé avec tant de plaisirs ici. Un froid qui s'insinue dans les paysages, les magnifiques forêts et les grands espaces encore sauvages, où l'homme ne peut que compter sur sa propre force, morale comme physique. Un pays inhospitalier, qui tient le cœur de ceux qui l'ont habités, et de ceux à qui on le raconte aussi bien que sait le faire Bernard Clavel. Et surtout, une histoire qui sait encore une fois nous montrer toutes les facettes de l'humanité, dans ses bons et ses mauvais côtés.


Résumé en trois mots : Froid, Abandon et Modernité

Ce livre sonne comme la conclusion de la saga. Que reste-t-il pour le sixième tome alors, me direz-vous ? Et bien, l'ouverture tout simplement !
Ce qui me fait dire qu'on assiste à la conclusion, c'est que le livre reprend encore une fois les personnages des premiers tomes, mais nous montre la fin de leurs aventures. C'est à nouveau Cyrille Labreche qui occupe la place centrale de cet ouvrage, mais d'une façon bien différente cette fois-ci. La vieillesse est arrivée. L'âge a usé le personnage, et il n'est pas le seul. Nous retrouvons également la famille du premier tome, tout en constatant les évolutions. Le premier tome nous laissait sur notre imagination, avec sans doute la meilleure vie qu'ils pouvaient avoir. Mais la réalité nous rattrape, elle est bien plus dure qu'on le pense.
Ce qui frappe, dans ce roman particulièrement, c'est que ce n'est plus trop la démonstration de l'homme face à une nature hostile qu'il devra apprivoiser, soumettre, ou comprendre. C'est, cette fois-ci, la vision d'un homme seul face aux hommes, dans un lieu qu'il a appris à connaitre et à aimer. Un homme qui se bat pour sa dignité, pour la seule chose qu'il lui reste. Car le temps à pris tout ...
Ce roman m'a presque fait venir les larmes aux yeux, quand on voit ce pauvre bonhomme se démener sur ses parcelles vides, dans un village fantôme, seul avec ses bêtes qu'il chérit tant. C'est la démence d'un homme privé des autres, mais privé par sa propre volonté. Et, là dedans, se glisse toute la beauté que Clavel arrive à nous transmettre. C'est l'opéra du Nord froid et sauvage, une musique belle et puissante, mais implacable et dure. Jamais cruelle. Jamais bienveillante.
L'histoire aura sa fin, implacable, mais vraie. Et l'on refermera l'ouvrage avec dans le coin des yeux une larme sur ces pauvres personnages, si humain, si proche de nous même, des vrais hommes, qu'on pourrait croire réel. J'ai rarement eu cette sensation d'être si proche des personnages, d'avoir l'impression de vivre avec eux. Le côté rustique, ancien, ne gêne pas. On n'en est que plus proche, sans tout les artifices dont pourrait se parer l'homme moderne pour se croire loin de la nature, loin de la vie, loin de la mort. Ici, tout est dans envoyé directement, c'est au contact que tout se joue. Et tout devient beau et terrible.


Un roman qui conclue en beauté la saga, nous laissant dans l'expectative pour le dernier tome, à la fois désireux de connaitre la fin de cette saga, mais aussi triste de voir la réalité en face. Ce n'est pas une saga qui connaitra un Happy End, et nous, pauvres lecteurs, nous ne pouvons que le constater. C'est une saga d'une grande force, une série qui m'a prise au coeur et m'a laissé rêveur, désireux de connaitre ce grand nord, ce pays du grand froid, mais aussi ces terres magnifiques et désertes, là où la nature est belle et terrible, où l'humain apprend à vivre. Je ne peux pas vous la déconseiller. Ca me ferait trop mal que de vous encourager à passer votre chemin. Non, lisez-le, venez découvrir le Royaume du Nord.

(Chronique n°217)

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